Les Îles-de-la-Madeleine souhaitent prélever une redevance touristique
Les élus de la Communauté maritime des Îles-de-la-Ma‐ deleine ont déposé mardi soir un projet de règlement qui permettait le prélève‐ ment d’une redevance tou‐ ristique auprès des visi‐ teurs.
Si ce projet de règlement venait à être adopté, chaque personne de 13 ans et plus qui ne réside pas aux Îles de‐ vrait payer 30 $ pour accéder à l'archipel.
La moyenne d’un séjour sur le territoire est de 10 jours. Donc ça représente environ 3 $ par jour si on prend en considération qu’en débarquant aux Îles, on a ac‐ cès à la presque totalité du territoire gratuitement, sans frais de stationnement ou d’entrée pour les plages , a ex‐ pliqué le maire par intérim, Gaétan Richard, lors de la séance du conseil de mardi soir.
Les sommes recueillies se‐ ront versées dans le Fonds de gestion durable du territoire. La Communauté maritime es‐ père, avec cette redevance, récolter 1,5 million de dollars annuellement.
La moitié du Fonds sera versée à la Communauté ma‐ ritime pour financer une par‐ tie du parc régional ainsi que pour contribuer à la facture de la gestion des matières ré‐ siduelles qui augmente avec la fréquentation touristique.
L’autre moitié sera attri‐ buée à la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine pour fi‐ nancer les infrastructures ré‐ créotouristiques municipales.
Qui devra payer la rede‐
L’obligation de payer ou non la redevance repose sur la notion de résidence sur le territoire des Îles.
Toute personne qui peut démontrer, par une preuve d’adresse, qu’elle est résidente de la Communauté maritime des Îles-de-la-Madeleine sera exemptée de la redevance.
Cela inclut les étudiants qui ont une adresse perma‐ nente aux Îles ainsi que les propriétaires de résidences secondaires.
Les croisiéristes internatio‐ naux n’auront pas à payer la redevance. La Communauté maritime juge que leur impact sur le territoire est négligeable puisqu'ils n'y séjournent que quelques heures.
Le prélèvement de la rede‐ vance se ferait auprès des transporteurs aériens et mari‐ times au moment de l’achat d’un billet d’entrée sur l’archi‐ pel.
La Communauté maritime
indique que la perception de la redevance débutera une fois le règlement adopté et considère 2023 comme une année transitoire. Les gens qui auront acheté leur billet avant l’adoption du règle‐ ment n’auront donc pas à payer la redevance en rétro‐ action.
C’est un règlement et tout règlement se modifie dans le futur. On va avoir des discus‐ sions dans les prochaines se‐ maines pour justement le mettre en place , a assuré M. Richard lors du dépôt du projet de règlement mardi soir.
La date d’adoption du rè‐ glement reste encore à être déterminée.
L’industrie touristique mise de côté
Pour sa part, le président du conseil d’administration de l’Association touristique régio‐ nale (ART) des Îles-de-la-Ma‐ deleine, Jacky Poirier, affirme que son organisation n’a pas été consultée pour l’élabora‐ tion de ce projet de règle‐ ment.
Il indique n'avoir eu connaissance du projet que la veille de son dépôt.
On est l’acteur, je dirais, le plus important dans ce projet de loi là et c’est certain qu’on aurait aimé participer, comme dans d’autres dossiers où il y a eu une très belle collabora‐ tion , commente M. Poirier.
En toute franchise, oui c’est dommage de ne pas avoir été consultés, mais on est surtout surpris.
Jacky Poirier, président du conseil d’administration de l’Association touristique régio‐ nale des Îles-de-la-Madeleine
Dans sa vision de dévelop‐ pement durable, l’ART plan‐ chait déjà sur des idées de re‐ devances environnementales destinées aux visiteurs no‐ tamment. M. Poirier dit donc comprendre le projet et être en accord avec le principe, mais plusieurs questions de‐ meurent tout même en sus‐ pens selon lui.
On espère être impliqués et consultés, précise Jacky Poi‐ rier. On espère aussi que la fa‐ çon de faire n’est pas déjà cannée et qu’il y ait une ou‐ verture pour modifier le règle‐ ment au besoin, précise-t-il.
Il indique que le CA de l’As‐ sociation touristique régio‐ nale des Îles se réunira dans les prochaines semaines pour en discuter.
L’ART souhaite également pouvoir avoir accès à une par‐ tie du Fonds pour financer certains projets et organismes qui oeuvrent dans le dévelop‐ pement durable de l’industrie touristique.
Selon Gaétan Richard, le but du règlement n’est sur‐ tout pas de nuire à l’industrie touristique et ne vise pas à di‐ minuer l’achalandage aux Îles.
Il mentionne que cette idée circule depuis un bon mo‐ ment. Ça fait plusieurs années qu'on discute de ce scénario de redevances à diverses oc‐ casions, souligne-t-il, dans le schéma d'aménagement entre autres. Il mentionne qu'il prévoit rencontrer l'ATR prochainement.
On n'est pas là pour faire cavaliers seuls, dit-il, rappe‐ lant que l'ART est un impor‐ tant partenaire. Il se dit convaincu que de beaux pro‐ jets pourront voir le jour grâce à ces fonds, notamment en collaboration avec l'ATR.