Radio-Canada Info

Des ratés pour le Guichet d’accès à la première ligne à Québec

- Raphaël Beaumont-Drouin

Le Guichet d’accès à la pre‐ mière ligne (GAP), ce ser‐ vice qui permet aux per‐ sonnes sans médecin de fa‐ mille d’obtenir un rendezvous médical, connaît des difficulté­s dans la CapitaleNa­tionale. Tous les rendezvous disponible­s au cours des prochaines semaines auraient déjà trouvé pre‐ neur.

Denise Lemieux fait partie des patients orphelins, ceux qui n'ont pas de médecin de famille. La jeune retraitée qui demeure à Québec a fait quatre chutes au cours des derniers mois.

Lorsqu'elle a appelé le GAP en septembre, elle a réussi à obtenir un rendez-vous avec un médecin. Toutefois, les choses se sont corsées lors‐ qu'elle a tenté d'obtenir un nouveau rendez-vous au cours des dernières se‐ maines : impossible d'obtenir une consultati­on.

[La téléphonis­te] parlait peut-être même d'un délai d'un mois. Alors en attendant, c'est ça je vis avec mes bobos, déplore-t-elle.

Des chutes importante­s comme j'ai fait dans les der‐ niers mois, je pense [que] ça demande un suivi.

Denise Lemieux, patiente orpheline

Milliers d'appels

Le GAP géré par le CIUSSS de la Capitale-Nationale reçoit 1000 appels de plus par se‐ maine depuis quinze jours, pour un total de 5800 appels reçus durant cette période. Une centaine d'employés sont affectés au guichet.

Depuis vendredi dernier, les demandes pour voir un médecin qui ne requièrent pas une consultati­on médi‐ cale dans les 72 heures, comme celles par exemple re‐ liées à un renouvelle­ment d’un permis de conduire, une évaluation cognitive, un for‐ mulaire de la CNESST sont in‐ vitées à rappeler plus tard, ex‐ plique Annie Ouellet, porteparol­e du CIUSSS de la Capi‐ tale-Nationale.

Elle précise que depuis le 5 juin, tous les patients orphe‐ lins qui ont fait appel au GAP pour voir un médecin dans les 72 heures ont été en mesure de le faire.

Manque de bras

Mesure phare de la ré‐ forme du réseau public de santé entreprise par le mi‐ nistre Christian Dubé, le GAP doit permettre de désengor‐ ger les urgences.

Les citoyens font leurs de‐ mandes au téléphone et sur internet, et les rendez-vous sont octroyés en ordre de priorité et selon le nombre de médecins disponible­s.

C'est ce dernier élément qui fait défaut selon le Dr Mi‐ chel Lafrenière, médecin de famille et directeur médical de la Cité médicale, une impor‐ tante clinique située à Qué‐ bec.

Car même si sa clinique offre des rendez-vous au GAP, le nombre de bras dispo‐ nibles, lui, n'augmente pas. On est toujours accotés sur le maximum de nos ressources. Il manque de médecins, dit-il.

Il y a une limite à la charge de travail qui peut être répar‐ tie auprès du personnel en place.

Si on offre soixante heures semaines, et y'a un dix heures là-dessus qui est un service particulie­r et on le déplace dans un autre service, ça fait quand même soixante heures semaine, résume-t-il.

Denise Lemieux aimerait que les choses changent.

Si je prends la parole au‐ jourd'hui, c'est pour témoi‐ gner de toutes les personnes qui doivent être comme moi, dénonce-t-elle.

Avec les informatio­ns de Guylaine Bussières

l’équipe de transport au para‐ médical qui travaille aux ur‐ gences de Montfort, ce qui permet à l’équipe de paramé‐ dicaux de retourner dans la communauté et d’être dispo‐ nible pour un prochain appel.

Parmi leurs tâches, les pa‐ ramédicaux qui travaillen­t aux urgences de Montfort peuvent surveiller et soigner jusqu’à quatre patients à la fois, sous la direction médi‐ cale d’un médecin des ur‐ gences.

Le client est au coeur des besoins, les paramédics peuvent déjà commencer à faire quelques interventi­ons comme la prise de sang. Ce qui fait que quand le médecin arrive, il y a déjà des résultats pour commencer à faire des interventi­ons plus rapide‐ ment.

Martine Potvin, vice-prési‐ dente, expérience patient, programmes cliniques et cheffe de la pratique infir‐ mière.

De son côté, le maire d’Ot‐ tawa demande au gouverne‐ ment provincial d’augmenter ses investisse­ments afin d’embaucher un plus de para‐ médics.

J’ai parlé avec M.Ford pour demander plus d’appui. On a ajouté 14 paramédics dans le budget de cette année et la province subvention­ne chaque personne. Mais je pense qu'il est nécessaire d’avoir plus de 35 ou 40 autres paramédics pour aider la situation ici à Ottawa, ex‐

plique le Maire sortant.

Baisse du délai de dé‐ chargement des patients, selon l'Hôpital

L’initiative a remporté un tel succès qu’elle sera mainte‐ nue en place. Car, selon l’Hô‐ pital Montfort, elle a notam‐ ment permis d’améliorer considérab­lement le délai de déchargeme­nt des patients.

Par exemple, au cours d’une journée en septembre, un paramédic a éliminé plus de 30 heures de délai de dé‐ chargement en prenant soin de sept patients pendant son quart de travail, explique l’éta‐ blissement de santé.

Les défis auxquels nous faisons face dans le monde de la santé nous obligent à re‐ penser nos façons de faire et à remettre en question le sta‐ tu quo. L’intégratio­n de para‐ médics au sein de notre équipe d’urgence en est un exemple, déclare la vice-prési‐ dente, expérience patient, programmes cliniques et cheffe de la pratique infir‐ mière, Martine Potvin, par voie de communiqué.

Pour le chef du Service pa‐ ramédic d’Ottawa, Pierre Poi‐ rier, il est important de conti‐ nuer le travail avec les hôpi‐ taux pour réduire les délais de déchargeme­nt et améliorer la réponse aux besoins des communauté­s d’Ottawa.

Un air de déjà vu

M. Poirier explique être en discussion avec l'hopital d'Ot‐ tawa, afin d'étendre le projet pilote. L'objectif, dit-il, est de généralise­r le service dans l'ensemble de région.

Pourtant, un projet simi‐ laire a déjà vu le jour cet été dans l'est ontarien, précise Marc-André Periard, directeur des services d’urgence et chef paramedics des Comtés unis de Prescott et Russell. En si‐ tuation d'urgence, un para‐ médic reste sur place, à l'hôpi‐ tal de Hawkesbury, avec le pa‐ tient, tandis que l’autre re‐ prend la route.

Pour nous ça a eue peu d’impact parce que ça dessert que les paramédics d'Ottawa, mais nous on a fait quelque chose de semblable avec notre hôpital local de Haw‐ kesbury pour essayer d’allé‐ ger les fardeaux qu’on a ici, partage M. Periard.

Avec les informatio­ns de Nafi Alibert et Ismael Sy

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