Les démocrates cassent la vague rouge espérée par les républicains
Le contrôle du Congrès de‐ meurait incertain après la fermeture de tous les bu‐ reaux de scrutin aux ÉtatsUnis, au terme d'élections de mi-mandat décisives pour la suite de la prési‐ dence de Joe Biden.
Des millions d’Américains se sont rendus aux urnes mardi pour renouveler les 435 sièges de la Chambre des représentants ainsi que le tiers du Sénat, en plus d’élire un grand nombre de hauts fonctionnaires locaux. Plus de 6000 postes étaient en jeu dans les différents États, dont 36 des 50 postes de gouver‐ neur.
Peu après 7 h, mercredi, les démocrates étaient crédi‐ tés de 48 sièges au Sénat, contre 47 pour les républi‐ cains, selon Politico. Ces der‐ niers dépassaient toutefois les démocrates à la Chambre des représentants : on leur donnait 199 sièges contre 172 pour le parti du président Biden.
Si les républicains ont en‐ registré des victoires clés les rapprochant de leur objectif de ravir le contrôle du Congrès, les démocrates ont également revendiqué des gains importants.
Vers 1 h, mercredi matin, le candidat démocrate John Fet‐ terman, fragilisé par un AVC subi en mai, était donné vain‐ queur sur son adversaire ré‐ publicain, le chirurgien Meh‐ met Oz, pour le poste de sé‐ nateur de la Pennsylvanie. Il s'agit d'un gain net pour le Parti démocrate, puisque ce siège était auparavant tenu par le républicain Pat Toomey.
Les républicains ont pour leur part enregistré une vic‐ toire clé en Ohio, où le roman‐ cier J.D. Vance, adoubé par l'ancien président Donald Trump, a été élu au Sénat en l'emportant contre le démo‐ crate Tim Ryan.
Pendant ce temps, les ré‐ sultats demeuraient incer‐ tains en Arizona, au Nevada et en Georgie.
Conformément aux at‐ tentes, les résultats partiels indiquent que le sénateur sor‐ tant Raphael Warnock et son adversaire républicain Her‐ schel Walker sont engagés dans une course serrée dans cet État du sud-est. Le répu‐ blicain récoltait 49,7 % des votes contre les 48,4 % de son adversaire après le dépouille‐ ment de 83 % des bulletins. Si aucun candidat ne parvient à obtenir 50 % des votes au premier tour, un deuxième tour devra avoir lieu le 6 dé‐ cembre.
En Arizona, la candidate démocrate Katie Hobbs jouis‐ sait d'une avance sur la candi‐ date trumpiste Kari Lake, avec environ 50 % des bulletins dé‐ pouillés. Lors d'un discours à ses partisans, cette dernière, qui continue de nier les résul‐ tats de l'élection présidentielle de 2020, a laissé entendre qu'elle pourrait contester les résultats en cas de défaite, qu'elle imputerait à l'incompé‐ tence des responsables élec‐ toraux.
Dans l'attente des résul‐ tats finaux, l'issue de courses sénatoriales ailleurs au pays suggère que la vague rouge prédite par certains pourrait être moins importante que prévu. En témoignent les ré‐ élections décisives du séna‐ teur démocrate du Colorado, Michael Bennett, ainsi que de Maggie Hassan, au New Hampshire.
Plus tôt en soirée, les répu‐ blicains avaient pourtant été confortés par des gains dans le sud du pays, tout particuliè‐ rement en Floride.
Le sénateur Marco Rubio a été réélu au Sénat avec une victoire contre la candidate démocrate Val Demings, pour laquelle Joe Biden était venu faire campagne.
Le gouverneur sortant Ron DeSantis, pressenti comme un rival potentiel de Donald Trump à l'investiture républicaine pour la pro‐ chaine présidentielle, a égale‐ ment été reconduit au pou‐ voir. Plus tôt, mardi, l'ancien président a mis en garde M. DeSantis contre une éven‐ tuelle candidature nationale, déclarant qu'il s'agirait d'une « grande erreur » et menaçant de dévoiler des informations embarrassantes à son égard.
Les résultats préliminaires à la Chambre des représen‐ tants laissent quant à eux présager une courte victoire pour les républicains, quoique d'une ampleur moins impor‐ tante que prévu.
La réélection de la repré‐ sentante démocrate Abigail Spanberger, dans un comté baromètre en Virginie, a re‐ froidi les ardeurs de ceux qui prédisaient une soirée de do‐ mination pour les républi‐ cains.
D'autres résultats à si‐ gnaler
Les démocrates ont effec‐ tué des gains à saveur histo‐ rique dans des États qui leur sont traditionnellement favo‐ rables. Le Maryland a élu son premier gouverneur noir, Wes More, tandis que Maura Hea‐ ley a été élue au Massachu‐ setts, faisant d'elle la pre‐ mière gouverneure ouverte‐ ment lesbienne au pays.
Dans l'État de New York, la gouverneure démocrate Kathy Hochul a été recon‐ duite dans ses fonctions mal‐ gré une campagne éprou‐ vante contre le républicain Lee Zeldin.
En Georgie, le gouverneur sortant Brian Kemp a tenu le coup contre la démocrate Sta‐ cey Abrams, qui s'était déjà in‐ clinée contre le républicain en 2018.
Au Texas, le républicain Greg Abbott a été réélu pour un troisième mandat en tant que gouverneur, devançant le candidat démocrate Beto O'Rourke, autrefois élu à la Chambre des représentants.
En Pennsylvanie, le can‐ didat démocrate Josh Shapiro a été élu au poste de gouver‐ neur aux dépens du républi‐ cain Doug Mastriano, néga‐ tionniste des résultats de l'élection présidentielle de 2020.
La balance du pouvoir en jeu
Le Grand Old Party, qui dé‐ tenait avant ces élections 213 des 435 postes à pourvoir, n'avait besoin que d’un gain net de 5 sièges en début de soirée pour reprendre le contrôle de la Chambre basse du Congrès. Avec plus de 80 % des résultats annoncés, les candidats républicains étaient en avance sur leurs rivaux, avec une récolte de 195 sièges (contre 168 pour les démo‐ crates).
Trente-cinq des 100 sièges au Sénat étaient également en jeu. Les républicains n’ont besoin que d’un siège supplé‐ mentaire pour asseoir leur contrôle sur la Chambre haute du Congrès, actuelle‐ ment divisée 50-50. Le statu quo favorise les démocrates puisque le pouvoir de dépar‐ tager les votes revient à la vice-présidente, Kamala Har‐ ris.
Une victoire républicaine à la Chambre des représentants serait suffisante pour freiner le programme législatif du président démocrate. Si on ajoute à cela une victoire au Sénat, le gouvernement amé‐ ricain serait paralysé entre les priorités d’un président dé‐ mocrate et celles, diamétrale‐ ment opposées, d'un Congrès sous contrôle républicain.
Le contrôle du Sénat don‐ nerait également aux républi‐ cains le pouvoir de bloquer des nominations présiden‐ tielles à des postes de haute importance, par exemple à la Cour suprême.
Forts d’une majorité au Congrès, les républicains pourraient également impor‐ tuner le président en lançant une myriade d’enquêtes pu‐ bliques, que ce soit sur sa ges‐ tion de la pandémie, sur le re‐ trait des troupes américaines d'Afghanistan, ou même sur son fils, Hunter Biden.