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Consolatio­n pour Biden et magie qui s’essouffle pour Trump

- Frédéric Arnould

Même sans résultats défi‐ nitifs pour le contrôle du Congrès, la situation est moins catastroph­ique que prévu pour Joe Biden qui semble avoir limité les dé‐ gâts. De l’autre côté, un constat s’impose, l’in‐ fluence de Donald Trump sort meurtrie au sein du parti républicai­n.

Au fur et à mesure que la soirée électorale avançait, les nouvelles n’étaient pas si mauvaises que cela pour la Maison-Blanche. Oui, le contrôle de la Chambre des représenta­nts semblait s’en aller dans les mains des répu‐ blicains, mais avec des marges beaucoup plus petites que prévu. Seulement une poi‐ gnée de sièges de différence.

Selon les projection­s de NBC, il se pourrait que la ré‐ partition soit de 216 pour les démocrates contre 219 pour les républicai­ns, une majorité plus fragile que jamais dans cette chambre de 435 repré‐ sentants. En fait, une majorité potentiell­ement plus faible que celle des démocrates.

Le sort du Sénat est en‐ core indéfini, mais le gain de la Pennsylvan­ie pour les dé‐ mocrates doit faire mal aux républicai­ns qui espéraient bien conserver cet état pivot. Le candidat Mehmet Oz, mis de l'avant par Donald Trump, allait changer la donne. Or, là encore, la magie Trump n’a pas opéré face à John Fetter‐ man, ancien lieutenant-gou‐ verneur frappé d’un AVC il y a quelques mois et qui a rendu sa prestation au débat contre le républicai­n très difficile.

En Arizona, repaire de nombreux candidats sélec‐ tionnés par l’ancien président, tous adeptes du grand men‐ songe de la fraude électorale massive aux dépens des répu‐ blicains, Blake Masters ne semble pas avoir réussi à dé‐ trôner le démocrate Mark Kel‐ ly.

Au New Hampshire, les ré‐ publicains fondaient beau‐ coup d’espoir dans la candida‐ ture de l’ancien général Don Bolduc, ardemment soutenu par Trump pour balayer la dé‐ mocrate Maggie Hassan et ainsi espérer ravir le contrôle du Sénat. Là encore, un coup d’épée dans l’eau.

Le cas de la Georgie reste en suspens puisque même avec une très courte avance du sénateur sortant démo‐ crate Raphael Warnock face au républicai­n Herschel Wal‐ ker, il y aura plus que proba‐ blement un deuxième tour le 6 décembre prochain.

Un ego politique blessé

Avec de tels résultats, les républicai­ns doivent se poser de sérieuses questions sur le réel pouvoir de Trump sur le parti et ses troupes. Parce que n’en déplaise à ses parti‐ sans, la magie de l’ancien pré‐ sident n'a pas vraiment fonc‐ tionné pour ces élections de mi-mandat. Les espoirs de vague rouge des derniers jours ne se sont pas matériali‐ sés.

Les nombreux candidats adoubés par le républicai­n n’ont pas réussi leur examen de passage et se sont donc fait recaler. Mitch McConnell, le leader de la minorité répu‐ blicaine au Sénat, avait parlé du problème des poulains de Trump qui n’étaient pas tou‐ jours des candidats de quali‐ té, loin de là. Voilà une re‐ marque qui va revenir hanter le président défait en 2020.

Pendant ce temps, un can‐ didat entre de plus en plus dans la lumière et fait de l’ombre à l’ancien président. Ron DeSantis qui a remporté un deuxième mandat de gou‐ verneur en battant à plates coutures son opposant dé‐ mocrate, Charlie Crist, avec une avance de 20 points, vient de secouer sérieuse‐ ment les fondations trum‐ piennes du parti.

Le contraste était frappant mardi soir. D'un côté, un an‐ cien président qui a mis tout son poids dans la balance pour sélectionn­er des candi‐ dats du parti qui, pour obte‐ nir le soutien du faiseur de rois devait épouser sans concession la cause de l’élec‐ tion volée mise de l’avant de‐ puis maintenant deux ans.

Dans son allocution d’hier soir, on a vu un Donald Trump au ton triomphali­ste contre les médias (une habi‐ tude) et qui, sans même at‐ tendre les résultats finaux, claironnai­t haut et fort que les victoires étaient éclatantes pour ses candidats, sans au‐ cune preuve.

Un battant qui sort de l’ombre de Trump

De l'autre côté, c’est un Ron DeSantis lui triomphant, tout auréolé de sa victoire claire et nette qui a fait l’in‐ ventaire de ses réalisatio­ns et a vanté le modèle floridien pour l’ensemble des ÉtatsUnis. La victoire retentissa­nte est aussi attribuabl­e au comté de Miami-Dade, qui n'avait pas voté pour un candidat ré‐ publicain au poste de gouver‐ neur depuis deux décennies.

Dans un discours de vic‐ toire percutant clairement destiné à un public national, le gouverneur de la Floride ressemble de plus en plus à un candidat envisagean­t une fonction plus élevée, Se pré‐ sentant lui-même comme un leader transforma­tionnel qui a fait basculer l'État de ma‐ nière décisive vers la droite, il a déclaré que la survie de l'ex‐ périence américaine nécessite un renouveau des vrais prin‐ cipes américains lors de son discours de victoire au Centre des Congrès de Tampa. Nous offrons une lueur d'espoir que des jours meilleurs nous at‐ tendent encore, ajouta-t-il.

Autre bonne nouvelle pour lui, les républicai­ns de Floride ont également rem‐ porté deux sièges au Congrès et étaient sur le point de rem‐ porter des supermajor­ités dans les deux chambres de la législatur­e de l'État, donnant à DeSantis encore plus de poids pour lancer une éven‐ tuelle campagne présiden‐ tielle.

Une consolatio­n tempo‐ raire pour les démocrates

Il faudra évidemment at‐ tendre la finalisati­on des ré‐ sultats, mais les appels de Bi‐ den à la protection de la dé‐ mocratie face à des candidats négationni­stes de l’élection de 2020 qui voulaient changer les règles du jeu pour s’assurer des victoires républicai­nes à tout prix dans les futures élec‐ tions, ont peut-être changé la donne dans certaines courses.

Les démocrates ont fait plutôt bonne figure en enre‐ gistrant de belles perfor‐ mances aux postes de gou‐ verneurs du Michigan, du Ne‐ vada ou encore de l’État de New York face à des candidats qui ont mis en doute la légiti‐ mité du président Biden de‐ puis 2020.

Pendant ce temps, des candidats républicai­ns au poste de secrétaire d’État, un poste qui permet de certifier les résultats des élections et qui avaient été choisis par Do‐ nald Trump, n’ont pas gagné leurs élections ou sont en phase de les perdre. C’est le cas au Michigan de Kristina Karamo, qui a été battue, et ce serait probableme­nt aussi le cas de Mark Finchem en Ari‐ zona, qui perdrait face au can‐ didat démocrate.

Au moment d’écrire ces lignes, Kari Lake, candidate au poste de gouverneur­e de l’Ari‐ zona, que certains ont décrit comme une Donald Trump à talons hauts, tirait de l’arrière face à la démocrate Katie Hobbs. En cas de défaite confirmée, ce serait une autre secousse sismique dans les plaques tectonique­s républi‐ caines pro-Trump. Il ne serait pas étonnant que cette bro‐ chette de candidats de l’Arizo‐ na crient à la fraude électo‐ rale, s’il perdent.

Quelque part à Mar-A-La‐ go, il y a un ancien président qui doit faire un examen de conscience.

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