La préparation magistrale pour contrer la pénurie d’antidouleurs pour enfants
Pour contrer les effets de la pénurie de médicaments pour enfants contre la dou‐ leur, une pharmacie de Calgary en offre une ver‐ sion maison faite avec les mêmes composantes dans un laboratoire spécialisé.
C'est du vrai travail de la‐ boratoire, dit Mathieu Giroux, gérant de la pharmacie Cam‐ brian, à Calgary. On ne fait pas que mettre des pilules dans un pot.
Il précise que la demande pour les préparations magis‐ trales est vraiment élevée.
Selon Jody Shkrobot, pro‐ fesseur chargé d’enseigne‐ ment à la Faculté de pharma‐ cie et des sciences pharma‐ ceutiques de l’Université de l’Alberta, la préparation magis‐ trale est une bonne solution à court terme.
Il explique cependant que les pharmacies n’ont pas tou‐ jours la capacité de faire ce type de préparation pour les médicaments commercialisés.
Ce n'est certainement pas une solution à long terme [...] mais nous espérons que cela nous permettra de surmonter les difficultés et que les fabri‐ cants pourront rattraper leur retard et fournir ces produits plus rapidement, dit-il.
Il affirme que la fabrication en usine est le seul moyen d’assurer l’approvisionnement dans tout le Canada.
Importation exception‐
Santé Canada tente de trouver des solutions avec les hôpitaux pédiatriques, les as‐ sociations de pharmaciens, les fabricants, les chaînes de vente au détail et les associa‐ tions de l'industrie.
Santé Canada dit notam‐ ment dans un courriel qu'elle a approuvé l'importation ex‐ ceptionnelle d'ibuprofène (vendu sous la marque Advil) des États-Unis et d'acétami‐ nophène (vendu sous la marque Tylenol) d'Australie, pour approvisionner les hôpi‐ taux au Canada . L’importa‐ tion dans les hôpitaux a com‐ mencé la semaine dernière.
Le Collège des pharma‐ ciens de l’Alberta affirme, dans une déclaration par courriel, que certaines phar‐ macies font du réemballage à partir d’un approvisionne‐ ment en vrac afin d’atténuer les perturbations liées à l’ap‐ provisionnement.
Prévenir les pénuries
Jacalyn Duffin, professeure émérite d’histoire médicale à l’Université Queen's, en Onta‐ rio, estime qu'une liste cana‐ dienne des médicaments es‐ sentiels aiderait à prévenir les pénuries.
Selon les spécialistes, une des raisons principales de la pénurie actuelle est que la grippe a refait son apparition après la pandémie, ce qui a suscité une forte demande.
Sam Wong, président de la section pédiatrique de l’Asso‐ ciation médicale de l’Alberta (AMA), précise que, normale‐ ment, les enfants n’ont pas autant besoin de ce type de médicament, mais que la pro‐ pagation de virus au cours de l'été a forcé les pharmaciens à puiser dans leurs réserves. De plus, la recrudescence du nombre d'infections liée à la rentrée scolaire a accentué le problème.
Le modèle économique ac‐ tuel consiste à produire ce dont on a besoin, dit Sam Wong. Si on a une forte de‐ mande, on est à court.
Selon les spécialistes, une autre cause de cette pénurie est que très peu d'usines fa‐ briquent ces médicaments.
S’il y a un problème dans l’usine, il n’y a pas d’autre marge pour protéger le sys‐ tème, déplore Jacalyn Duffin.
La fièvre, pas nécessai‐ rement mauvaise
Les spécialistes rappellent que, à un certain niveau, la fièvre n’est pas nécessaire‐ ment mauvaise.
Il ne faut pas oublier que la fièvre est le signe que le corps lutte contre une infection, peut-on lire dans un commu‐ niqué de Santé Canada.
Selon Mathieu Giroux, si la température est inférieure à 39 degrés Celsius chez les en‐ fants de plus de 3 mois, cela ne devrait pas susciter trop d’inquiétudes.
C’est sûr qu'on veut don‐ ner du confort à l'enfant, mais [la fièvre] n'est pas négative, c’est habituellement bon pour le système immunitaire d’avoir de la fièvre.
Mathieu Giroux, pharma‐ cien et gérant de la pharmacie Cambrian