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Des pêcheurs de homard en N.-É. envisagent d’écourter leur saison

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Des pêcheurs de homard en Nouvelle-Écosse se pré‐ parent à une saison qui pourrait être désastreus­e pour certains d’entre eux. Après l’effondreme­nt du prix du homard et face à des dépenses de plus en plus importante­s, certains parlent même d’écourter leur saison.

La pêche commercial­e au homard dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, dans les zones 33 et 34, est normale‐ ment la plus lucrative au pays. Elle commence le dernier lun‐ di de novembre et se déroule jusqu’en mai.

La rumeur est qu'on aura un prix bas, déraisonna­ble pour le homard, dit Chad Parks, un pêcheur proprié‐ taire à Lunenburg. Plusieurs d’entre nous ont des prêts et des hypothèque­s. Le homard à 6 $ [la livre], ça ne suffira pas. Ça ne va pas rembourser la banque ou le conseil des prêts.

Il va arriver à un moment dans la saison où nous au‐ rons à prendre la décision dif‐ ficile de pêcher ou non.

Chad Parks, pêcheur de homard à Lunenburg

Il fait référence au Conseil de prêt pour les pêches et l'aquacultur­e qui, selon le pro‐ vincial des Pêches et de l’Aquacultur­e, Steve Craig, a prêté plus de 275 millions de dollars à un millier de pê‐ cheurs en Nouvelle-Écosse.

L’organisme est prêt à faire preuve de flexibilit­é, au be‐ soin, pour les rembourse‐ ments, affirme le ministre Craig.

En date du 1er oc‐ tobre 2022, les taux d’intérêts sur ces prêts aux pêcheurs vont de 5,65 % à 8 %.

S'endetter pour pêcher

Chad Parks prévient que les homardiers pourraient de‐ voir faire face à la difficile déci‐ sion de réduire le nombre de journées où ils pêchent, de prendre la mer avec moins de membres d’équipage, ou de carrément écourter leur sai‐ son. Et ça va injecter moins d’argent dans l’économie, ditil.

Aux gens qui croient que les pêcheurs roulent sur l’or, et qu’ils ne subissent qu’une année difficile comme le reste des contribuab­les, Chad Parks rappelle que les pêcheurs pro‐ priétaires dirigent de petites entreprise­s, essentiell­ement.

Il y a seulement trois ans, lorsqu'il a acheté le Now or Never, le bateau de son ancien capitaine qui pre‐ nait sa retraite, Chad Parks dit que ses dépenses annuelles s'élevaient à environ 100 000 $, dit-il. Cette année, c'est bien au-dessus de 200 000 $.

L’équipement et les assu‐ rances coûtent plus cher, et bien sûr le carburant. Selon la

Commission des services pu‐ blics et d'examen de la Nou‐ velle-Écosse, le diesel se vend au minimum 2,49 $ le litre dans la région de Lunenburg cette semaine. La première semaine de novembre l'an dernier, il était autour de 1,44 $ le litre.

Il faut emprunter beau‐ coup d’argent pour pouvoir pêcher, explique Chad Parks. Ce n'est pas différent d'une maison. Si vous ne faites pas vos paiements hypothécai­res pendant quelques mois, vous recevez une lettre ou un coup de téléphone, ou il y aura quelqu'un à la porte. Ce n'est pas différent pour nous.

D’après les reportages de Paul Withers (CBC) et d’Hé‐ loïse Rodriguez

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