Un début précoce pour une saison de grippe « féroce » au Nouveau-Brunswick
La saison de la grippe arrive de manière précoce au Ca‐ nada. Le seuil de positivité au virus de la grippe a déjà atteint 5 % à travers le pays, et il est deux fois plus élevé au Nouveau-Bruns‐ wick.
Le pourcentage de positi‐ vité pour les spécimens avec influenza [ou grippe] ap‐ proche 10 %, ce qui est très élevé et présentement com‐ parable à la COVID-19. On peut pratiquement com‐ prendre que la grippe circule aussi intensément que la CO‐ VID, et que ça ne fera qu'aug‐ menter dans les prochains jours et les prochaines se‐ maines, a indiqué le Dr Gi‐ rouard Girouard, microbiolo‐ giste et infectiologue au Centre hospitalier universi‐ taire Dr-Georges-L.-Dumont, à Moncton, lors d’un entretien, jeudi.
Si la grippe est un phéno‐ mène saisonnier que l’on peut prévoir, elle se pointe néan‐ moins plus tôt cet automne.
C'est effectivement une augmentation très impor‐ tante des cas d'influenza de‐ puis la mi-octobre, ce qui est une saison grippale qui risque de frapper intensément et beaucoup plus précocement qu'à l'habitude, dit le Dr Gi‐ rouard.
Il faut envisager une sai‐ son grippale extrêmement vi‐ rulente, extrêmement forte, féroce, avec beaucoup de cas, et plus précoce qu'à l'habi‐ tude.
Dr Gabriel Girouard, micro‐ biologiste-infectiologue,
Moncton
L’influenza qui circule cette saison est de type H3N2. Le virus H3N2 fait partie du vac‐ cin quadrivalent que l'on ad‐ ministre présentement pour se protéger contre la grippe, indique le Dr Girouard.
Il est gratuit au NouveauBrunswick et efficace de 10 à 14 jours après avoir reçu sa dose. Je pense qu'on a tout à gagner d'aller chercher le vac‐ cin, dit le Dr Girouard.
Le pharmacien proprié‐ taire Dennis Abud dit noter une récente hausse de pres‐ criptions pour des antibio‐ tiques à la pharmacie Jean Coutu qu’il administre à Dieppe, une situation qui peut s’expliquer en partie par la circulation accrue des virus respiratoires.
On voit un peu plus de gens qui viennent chercher du Tylenol pour les enfants, Advil, ajoute-t-il.
L’été dernier, les pharma‐ cies avaient de la difficulté à maintenir des quantités stables de médicaments sans ordonnance d’usage très cou‐ rant, comme l’acétamino‐ phène (Tylenol) ou l’ibupro‐ fène (Advil, Motrin). C’est des choses qu’on manque mal‐ heureusement, en pharmacie, maintenant. L'approvisionne‐ ment n’est pas toujours bien, mentionnait M. Abud, vendre‐ di.
Le virus respiratoire syncy‐ tial (VRS), qui cause une aug‐ mentation des hospitalisa‐ tions chez les enfants, semble fréquent ces jours-ci, selon le pharmacien. Il évoque un triple effet sur les enfants, qui peuvent aussi attraper la CO‐ VID et la grippe.
Le meilleur remède est en‐ core la prévention, insiste Dennis Abud.
Si vous ne vous sentez pas bien, éloignez-vous des autres gens. Allez chercher vos vac‐ cins, dit-il.
En plus de la vaccination, le Dr Gabriel Girouard rappelle les mesures d’hygiène de base, comme le lavage des mains et d’éviter de se tou‐ cher le visage. Les gens qui ont des problèmes graves de santé peuvent rehausser leur protection avec un masque, dit-il.
Un système de santé
Le Dr Girouard ajoute que le système public de santé ne s’est pas remis de la COVID au Nouveau-Brunswick, et que les professionnels de la santé craignent une surcharge de patients à cause des virus res‐ piratoires.
Ce n'est pas seulement la grippe qu'on voit qui circule présentement, c'est d'autres virus respiratoires. Le virus respiratoire syncytial par exemple, qui est très agressif chez les jeunes enfants, men‐ tionne le microbiologiste-in‐ fectiologue.
Le système de santé, il est soumis à un stress perpétuel depuis la COVID, dit-il. Si on rajoute à un système déjà fra‐ gilisé une saison grippale très forte avec, on peut prévoir, plusieurs patients qui vont devoir aller aux urgences ou être hospitalisés, ça pourrait être extrêmement pénible dans les prochaines semaines et les prochains mois.
Une saison de grippe dure typiquement de deux à trois mois et est caractérisée par un début rapide et un ralen‐ tissement qui s’étale sur plu‐ sieurs semaines.
D’après le reportage de Babatundé Lawani