L’avenir, entre espoirs et désillusions
La reine Huppert brille dans ce film aussi riche qu’émouvant, évoquant un destin de femme boulever‐ sé.
Prof de philo à Paris, Na‐ thalie dirige une petite collec‐ tion dans une maison d’édi‐ tion universitaire, elle a un mari, deux grands enfants, une mère hypocondriaque et un protégé aux idées radi‐ cales.
Un petit monde bien rangé qui s’écroule lorsque, après 25 ans de mariage, son mari lui annonce qu’il fréquente une autre femme…
Comme dans ses films pré‐ cédents, Le père de mes en‐ fants ou Tout est pardonné, la jeune – et formidable – réa‐ lisatrice Mia Hansen-Love far‐ fouille donc à nouveau dans le quotidien de bourgeois bo‐ hèmes, le pimentant à la Cha‐ brol avec ses dialogues cruels, ou du moins lucides, à la Sau‐ tet avec son atmosphère mal‐ gré tout chaleureuse, ou à la Woody Allen avec cet aspect cérébral et névrotique jamais rébarbatif.
Mais mieux que ça, elle réussit aussi à imposer L’ave‐ nir avec une légèreté et une douceur qui fait qu’on le finit dans un état de fascination hypnotique, un peu comme lorsqu’on revient de vacances.
Imposer, car il faut être honnête, les premières mi‐ nutes du film peuvent laisser craindre l’archétype du film français bavard, larmoyant et un peu ringard.
Pourtant, la magie opère, et rapidement, le destin de cette femme est détaillé avec une simplicité et un naturel si grands que le rythme, ponc‐ tué par des ellipses de plu‐ sieurs années, semble se créer tout seul, n’alourdissant ja‐ mais le quotidien de cette vie bouleversée en toute banali‐ té .
Caressant tout de sa ca‐ méra, même les choses les plus graves, parvenant à don‐ ner une ampleur dramatique
folle aux moindres détails en se tenant au plus près de son héroïne avec une empathie et une tendresse jamais artifi‐ cielles, la réalisatrice nous offre aussi avec L’avenir une piqûre de rappel indéniable :
oui, Isabelle Huppert, froide et lumineuse en même temps, tellement puissante et familière qu’elle en devient fascinante, est une des plus grandes actrices en exercice, et se priver de le constater tient de l’hérésie.
L’avenir, à voir sur ICI Tou.tv
La bande-annonce
(source : YouTube)