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Complèteme­nt ivre au volant, il gâche la vie d’une aînée

- Yannick Bergeron

Une femme de 73 ans jusque là autonome et en bonne santé a vu sa vie bouleversé­e après avoir été happée par un conduc‐ teur affichant quatre fois la limite d'alcool permise dans le sang.

Anthony Cloutier Lamarre était derrière le volant, bien qu'il ne possédait pas de per‐ mis de conduire. Il utilisait la voiture de sa mère sans sa permission.

L'homme de 31 ans n'avait plus de permis puisqu'il avait fait le choix de ne pas le récu‐ pérer après avoir été condam‐ né une première fois pour une conduite avec les facultés affaiblies en 2012.

Le résident de Québec a reçu une peine de 15 mois de détention la semaine dernière pour avoir causé des lésions alors qu'il conduisait avec un taux d'alcoolémie presque mortel.

Le 27 mars 2020, sur l'heure du dîner, il a heurté la femme de 73 ans dans le sta‐ tionnement de l'aréna MarcSimone­au à Beauport.

Il a lui-même composé le 911 pour alerter les secours. Alors que les ambulancie­rs ont pris soin de la dame, les policiers ont arrêté Cloutier Lamarre.

Il a alors montré un taux de 0,33 milligramm­e d'alcool dans le sang, dépassant de quatre fois la limite permise de 0,08.

Selon des données dispo‐ nibles sur le site internet de l'organisme Éduc'alcool, un taux d'alcoolémie de plus de 0,300 est considéré comme une intoxicati­on grave.

Un taux d'alcoolémie de plus de 0,400 peut entraîner un coma ou même la mort, selon cette même source.

Graves conséquenc­es

La femme a subi des bles‐ sures psychologi­ques et phy‐ siques importante­s, perdant son autonomie après avoir souffert d'une fracture à la cheville.

La septuagéna­ire a séjour‐ né pendant cinq mois à l'Insti‐ tut de réadaptati­on en défi‐ cience physique de Québec. Pendant tout ce temps, elle a vécu dans la crainte de ne plus pouvoir marcher.

Si la victime a retrouvé l'usage de son pied et de sa cheville, elle demeure crain‐ tive et se déplace uniquement en marchette.

Elle a perdu le bonheur qui l'habitait et elle vit mainte‐ nant en état de tristesse.

Christian Boulet, juge de la Cour du Québec

Sa perte d'autonomie l'a obligée à quitter son loge‐ ment pour s'installer dans une résidence pour per‐ sonnes âgées, qui lui coûte trois fois plus cher.

La victime a eu de la diffi‐ culté à s'adapter à sa nouvelle réalité, vivant avec des pen‐ sées suicidaire­s pendant un mois après avoir déménagé en résidence.

Alcoolique dès 12 ans

Dans le cadre des observa‐ tions sur la peine, Anthony Cloutier Lamarre a confié avoir commencé à boire vers 9 ou 10 ans en présence de son père.

C'est vers l'âge de 12 ans que sa consommati­on d'al‐ cool est devenue plus fré‐ quente, toujours sous la bé‐ nédiction de son père.

Il a suivi une thérapie en 2016 qu'il n'a pas terminée.

L'année suivante, il a vécu un deuil alors que son père est mort d'une surdose d'al‐ cool et de drogues, au terme d'une soirée de consomma‐ tion entre les deux hommes.

Reprise en main

Depuis l'événement du‐ rant lequel il a heurté la sep‐ tuagénaire, Cloutier Lamarre a changé de mode de vie.

Il a réussi une thérapie et s'est repris en main, constate le juge Christian Boulet.

La poursuite réclamait deux ans moins un jour d'em‐ prisonneme­nt contre le chauffard, alors que la dé‐ fense proposait une peine de quatre mois.

Le juge Boulet a finale‐ ment imposé 15 mois de dé‐ tention, mais en lui créditant les quelque 6 mois durant les‐ quelles il a séjourné en théra‐ pie fermée pour traiter sa dé‐ pendance.

En plus de la peine d'em‐ prisonneme­nt, Anthony Clou‐ tier Lamarre se voit interdire de conduire pendant quatre ans.

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