Une première mission à l’étranger pour le maire Marchand
CHRONIQUE - Radio-Canada accompagnera le maire de Québec sur le terrain en France et en Tunisie du 11 au 19 novembre.
La dernière fois que j'ai ac‐ compagné une délégation de la Ville de Québec en mission, c'était en 2013. Le maire Régis Labeaume se rendait au Congrès SportAccord à SaintPétersbourg, en Russie. C'était quelques mois avant les Jeux d'hiver de Sotchi, quelques mois avant l'inva‐ sion de la Crimée par la Rus‐ sie. La Ville de Québec avait tenu le congrès l'année précé‐ dente, le maire de Québec voulait aller boucler la boucle.
SportAccord réunissait, une fois par année, toutes les grandes fédérations sportives de la planète. C'était l'occa‐ sion d'aller faire du démar‐ chage pour attirer à Québec des compétitions de calibre international. La construction de l'amphithéâtre et de l'an‐ neau de glace couvert à Qué‐ bec s'est réalisée dans cette optique.
En Russie, le maire de Qué‐ bec a annulé sa participation à la toute dernière minute en raison d'un mal de dos. Je suis donc partie seule, avec une collègue journaliste, et quelques représentants de la Ville de Québec pour couvrir cet événement. Le défi était de taille, parce que, tout à coup, nous étions un peu lais‐ sés à nous-mêmes, à l'autre bout du monde, dans un pays où les règles sont différentes.
Et pour cause. Alors que je prenais des photos pour illus‐ trer les effectifs de sécurité mis en place pour le passage du président Vladimir Poutine au Centre des congrès, un po‐ licier m'avait interpellée pour que je les supprime sur le champ. L'idée de contester cette décision ne m'a même pas effleuré l'esprit.
Défis
Partir à l'étranger, c'est une chance unique pour un journaliste. Sur le plan profes‐ sionnel, cela permet de mettre en application tout ce qu'on a appris du métier. Sans nos repères habituels, on doit parfois user d'imagi‐ nation et de créativité pour arriver à livrer un reportage ou un texte avant l'heure de tombée.
Lors d'une mission à Pitts‐ burgh en 2012 pour visiter le nouvel amphithéâtre des Penguins, j'avais préparé un reportage sur l'impact de cet ajout dans le quartier. Est-ce que le simple fait de construire une infrastructure pour la Ligue nationale de ho‐ ckey était suffisant pour revi‐ taliser le secteur? C'est ce que promettait à l'époque le maire Labeaume, qui croyait tirer de nouveaux revenus fonciers pour financer le projet de 400 millions de dollars. Le mi‐ racle ne s'est pas produit à Pittsburgh ni à Québec par la suite.
Le compte rendu que j'avais préparé à la suite d'en‐ trevues avec des commer‐ çants et des résidents du quartier n'a jamais pu être li‐ vré à temps. L'envoi de mon reportage de deux minutes par Internet a pris près de deux heures. Trop tard pour le Téléjournal. À la dernière seconde, je m'étais retrouvée en direct avec Bruno Savard pour raconter ma journée. C'était beaucoup de travail et de déception, mais il faut gar‐ der la tête haute et continuer.
Lors de cette visite, les journalistes avaient pu parler au directeur du marketing des
Penguins de Pittsburgh, Rob Goodman. Il avait mis en garde le maire de Québec de tout miser sur une équipe de hockey. Il fallait penser aux autres usages de l'amphi‐ théâtre pour ajouter plus d'événements au calendrier. Un conseil judicieux quand on sait que l'on attend toujours la venue d'une équipe de la Ligue nationale de hockey (LNH).
Le rêve olympique
Les premières missions du maire Labeaume à l'étranger étaient pour redorer l'image de la capitale nationale à l'échelle mondiale. Il voulait redonner un sens aux diffé‐ rents jumelages avec les villes européennes, notamment Bordeaux. Son séjour en 2010 reste gravé dans les mé‐ moires. Le maire avait été sé‐ duit par le carrousel, la grande roue et le miroir d'eau qu'il voulait importer à Québec.
Cela lui avait valu quelques critiques à son retour.
À partir de 2011, les voyages tournaient surtout autour d'une candidature possible de la Ville de Québec aux Jeux olympiques d'hiver. Le maire Labeaume allait tâ‐ ter le pouls des membres du CIO et des fédérations spor‐ tives. Ce sont ces voyages qui ont eu raison de ses aspira‐ tions olympiques.
Après celui de Lausanne en 2016, il a fermé définitive‐ ment la porte. Le jeu de cou‐ lisses que requiert une candi‐ dature le répugnait. Le maire a décidé de miser sur les com‐ pétitions internationales, qui peuvent occuper plusieurs jours dans une année, été comme hiver, plutôt que de dépenser des milliards de dol‐ lars pour un seul événement.
En dévoilant sa politique de relations internationales plus tôt cette semaine, Bruno Marchand a notamment insis‐ té sur l'importance de créer des liens avec le reste du monde. Ce que tous les maires dans l'histoire récente de la Ville ont fait avant lui.
Le maire de Québec comme ambassadeur à l'étranger pour démontrer tout le sérieux du recrute‐ ment de main-d'oeuvre, des projets économiques ou en‐ core des échanges sur le patri‐ moine, la culture et l'aména‐ gement du territoire.
La pandémie a freiné les déplacements dans les der‐ nières années du mandat de Régis Labeaume. Avec l'élec‐ tion de Bruno Marchand, il y a un travail de relations pu‐ bliques à relancer. À l'inverse, la Ville de Québec accueille an‐ nuellement des représentants d'une dizaine de pays.
Même si le maire a promis de rendre des comptes sur les retombées et les coûts du voyage dans les six semaines suivant son retour, il est im‐ portant de s'assurer que la
mission atteint bel et bien ses objectifs. L'administration La‐ beaume rendait souvent la reddition de compte difficile pour les élus de l'opposition et pour les journalistes. Le maire Marchand promet plus de transparence.
Le nouveau directeur du service des relations interna‐ tionales, Sébastien Goupil, a laissé entendre que le maire pourrait être appelé à voya‐ ger jusqu'à trois fois par an‐ née. Le budget de fonctionne‐ ment de ce service est évalué à un million de dollars, ce qui inclut les dépenses lors des missions.
La mission commence sa‐ medi à Paris. Le maire ira en‐ suite au Havre pour parler mobilité, en plus de visiter les installations portuaires. Il fera ensuite un détour par Tunis pour des rencontres diploma‐ tiques avec les maires de l'As‐ sociation internationale des maires francophones, dont il est le vice-président.