Radio-Canada Info

Quand Anatole frôle Alexandre Martel

- Tanya Beaumont

L’auteur-compositeu­r-in‐ terprète Alexandre Martel compose depuis plusieurs années sous le nom d’Ana‐ tole. Pour ce troisième al‐ bum, son personnage ex‐ centrique se rapproche de lui-même. Pourquoi cet album s’appelle-t-il Alexandre Martel?

L'intention d'origine, c'était juste de faire un album épo‐ nyme, c'est-à-dire de l'appeler Anatole. Puis, à force d'y pen‐ ser, je me suis mis à réfléchir à ce concept, à tout ce qui est derrière ça, une espèce d'in‐ tention de mise à nu, de rap‐ procher le plus possible le personnage de ma propre personne. Même s'il reste une courte distance entre lui et moi, c'est probableme­nt le plus près de ce que je suis dans la vie.

Après avoir eu l'idée de faire l'album éponyme, j'en parlais avec Lou-Adriane [Cas‐ sidy], puis elle dit : Si tu veux être cohérent avec tout ça, tu devrais l'appeler Alexandre Martel, pas Anatole. J'ai pas eu le choix de me rendre à l'évi‐ dence qu'elle avait raison.

Pourquoi cette volonté de mise à nu?

Ça vient d'une espèce d’écoeuranti­te de ce que je faisais avant. Aussi d'un nou‐ veau constat que j'ai fait par rapport à la scène musicale québécoise. Quand j'ai com‐ mencé à faire Anatole, c'était un projet qui était vraiment très exubérant, qui essayait de pousser l'artificial­ité de la représenta­tion scénique en musique le plus loin possible, de mettre en évidence les codes du spectacle rock, puis d'essayer de les contourner ou de les briser.

Depuis ce temps-là, je me suis rendu compte qu'il y a quand même beaucoup de gens qui ont adopté un com‐ portement un peu semblable sur scène, avec beaucoup de costumes, beaucoup de ma‐ quillage, beaucoup de mise en scène et des gens qui vont chanter dans la foule.

On dirait que toutes les cri‐ tiques des spectacles que j'ai vus cet été, quand un spec‐ tacle était vu de façon posi‐ tive par la personne qui faisait un compte-rendu, on disait nécessaire­ment que le chan‐ teur ou la chanteuse était une bête de scène. Comme si c’était un prérequis mainte‐ nant pour que le show soit pertinent, comme si un show qui se voulait pertinent se de‐ vait d'être explosif.

J'ai décidé de faire un 180 degrés et d'aller explorer autre chose parce que ce sont des idées qui ne m'excitaient plus vraiment.

Les chansons n’ont pas de titre, mais plutôt des numéros. Pourquoi?

Ça vient aussi de ce concept-là. Je me suis dit : Si moi j'essaie d'être le moins en représenta­tion possible, et même si je pense que c'est impossible de ne pas porter de masque sur scène où, quand on chante, les chan‐ sons elles-mêmes ne de‐ vraient pas être en représen‐ tation d'elles-mêmes. C'est pour ça qu'il n'y a pas de titre aux chansons.

Les chansons n'ont pas à projeter autre chose que leur propre musique.

Anatole

Au départ, il y a eu les pre‐ mières chansons qui ont été écrites pour un truc qui s'ap‐ pelle Pantoum Boutique, qui est une série de captations live organisée par le Pantoum à Québec. Quand est venu le temps de faire la captation, j'avais pas de titre pour les chansons, les textes n’étaient pas terminés non plus, donc sur le pacing du show, c'était juste écrit Toune 1, Toune 2.

Donc le numéro était dans l'ordre dans lequel on les a jouées dans ce concert-là. Par la suite, quand j'ai décidé de poursuivre dans cette veinelà, les chansons ont été nu‐ mérotées selon l'ordre dans lequel elles ont été enregis‐ trées.

Après, quand est venu le temps d'élaborer l'alignement des pièces du disque, les titres étaient juste des titres. L'im‐ portant, c'était le parcours musical.

Pourquoi avoir choisi une sonorité un peu plus folk, des années 1990?

J'essayais de faire le pont entre avant puis ce que j'es‐ saye de faire maintenant. Quand j'ai décidé de faire cette démarche-là, de construire l'authentici­té, le symbole le plus authentiqu­e de la musique québécoise, ça m'a paru être la guitare à 12 cordes. Je me suis acheté une 12 cordes et je me suis mis à jouer de ça. En même temps, je n'avais pas nécessai‐ rement envie de faire quelque chose plus des années 1970.

On n'avait pas envie de faire référence nécessaire‐ ment à Harmonium, on es‐ sayait d'avoir une approche qui était plus 1990, qui était plus le deuxième âge d'or de ces chanteurs-là, notamment les albums réalisés par Paul Pagé à la fin des années 1980,

début 1990.

Le spectacle sera-t-il né‐ cessaireme­nt moins flam‐ boyant?

Ça va être vraiment très différent de ce que j’ai fait par le passé, justement à cause de la nouvelle direction musicale. Ça ne sera pas un spectacle explosif. Il n’y aura pas de moi qui danse partout, qui saute partout. Ça va être au contraire très posé, très cru, très pur. Très centré autour de la musique et des voix.

Anatole présente son al‐ bum Alexandre Martel sur les planches du Pantoum, le 12 novembre.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada