Radio-Canada Info

ICI Première passe au FM à Maniwaki : la grande histoire d’une petite antenne

- Catherine Morasse

Depuis le 31 octobre, les auditeurs de Maniwaki peuvent mieux entendre la radio de Radio-Canada.

ICI Première, de même que son équivalent de CBC, Radio One, ont changé de fré‐ quence : de la bande AM, les deux chaînes sont passées au FM.

Ce changement de fré‐ quence est le fruit du travail d’une équipe qui s’est mon‐ trée créative pour procéder à l’installati­on hors du commun de nouvel équipement de dif‐ fusion. Voici la grande histoire d’une petite antenne.

Une infrastruc­ture vieillissa­nte

Lorsque l’ancien émetteur de Maniwaki est entré en ser‐ vice, je n’étais même pas né, blague le responsabl­e du rem‐ placement, le chargé de projet à l'ingénierie de la transmis‐ sion à CBC/Radio-Canada, Soobir Jeenah.

Selon leurs observatio­ns, l’installati­on avait au moins 60 ans, avec certains équipe‐ ments [encore utilisés] qui da‐ taient des années 60, renché‐ rit le maître technicien Sébas‐ tien Dumont. Son fonctionne‐ ment n’était pas optimal : l’in‐ frastructu­re en général était vraiment désuète, ajoute-t-il, au point où il était devenu presque impossible de trou‐ ver des pièces de remplace‐ ment.

Un choix s'imposait : amé‐ liorer l’infrastruc­ture exis‐ tante, ou la changer pour of‐ frir le son de meilleure qualité que permet le FM? La suite, on la connaît : l’avantage [...], c’est qu’on améliore la couver‐ ture radiofréqu­ence, c'est-àdire la possibilit­é de le rece‐ voir dans la région. Et surtout, on améliore l'expérience audi‐ teur, parce que c’est beau‐ coup plus intéressan­t d’écou‐ ter du FM que du AM, pour‐ suit Sébastien Dumont.

La radio fait équipe avec l’église

L’installati­on de la nouvelle antenne a posé des défis par‐ ticuliers.

Habituelle­ment, les an‐ tennes sont placées sur une tour dans un endroit élevé, comme sur le sommet d’une colline. L’objectif est de maxi‐ miser le rayon géographiq­ue dans lequel les ondes voyagent, qui est déterminé entre autres par la topogra‐ phie du paysage.

Afin de respecter la licence d’Industrie Canada et pour éviter d'interférer avec les autres fréquences, l’antenne de Maniwaki doit projeter ses ondes dans un rayon res‐ treint d’environ six à sept kilo‐ mètres – assez pour couvrir le village lui-même et la commu‐ nauté de Kitigan Zibi. En com‐ paraison, c’est petit : l’antenne de Camp Fortune, qui sera remplacée en 2023, couvre un rayon de 50 à 100 km.

L’équipe a donc trouvé un emplacemen­t ni trop élevé, ni trop bas… sur la cheminée du presbytère de l’église L’As‐ somption-de-Marie.

Le cachet de cet édifice historique n’a pas été mis de côté lorsqu’est venu le temps de déterminer quelle serait la grande tige de métal qui allait le surplomber : ces antenneslà se doivent d’être discrètes quand on les installe dans des milieux urbains pour éviter d’altérer le cachet ou la beau‐ té du paysage – on ne veut pas qu’on voit juste une grosse antenne horrible, illustre Sébastien Dumont.

D’autres changement­s sur le radar

Il ne reste plus beaucoup de zones au Canada où les ra‐ dios de Radio-Canada et de CBC sont en fréquence AM, détaille Soobir Jennah. Nous avons beaucoup, beaucoup de sites de transmissi­on. La conversion AM à FM se fait tranquille­ment, au fil des an‐ nées. [...]

Quelques exceptions de‐ meurent : l'émetteur qui dif‐ fuse ICI Première Toronto, reste à ce jour sur la bande AM, tout comme plusieurs en‐ droits dans les Prairies.

Certes, on y entend peutêtre un peu moins bien le grain des voix des animateurs et des journalist­es, mais avec un émetteur AM, on va cou‐ vrir quatre ou cinq fois ce qu’on va couvrir avec un émetteur FM, en raison de la façon dont les ondes se pro‐ pagent, explique Sébastien Dumont. Et dans les Prairies, comme c’est plat, c’est presque aussi loin que la rue porte: c’est pour ça qu’on garde le AM dans ces en‐ droits-là.

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