Pénurie d’analgésiques pour enfants : des parents tentent leur chance aux États-Unis
Danielle Parent est maman d'un petit garçon de trois ans. En octobre seulement, elle s'est ren‐ due quatre fois au Michi‐ gan depuis Windsor où elle habite pour se procurer des médicaments pour en‐ fants, principalement du Tylenol.
J’ai pu ramasser deux bou‐ teilles de Tylenol, une autre bouteille contre le rhume et la toux pour les jeunes enfants de moins de six ans, indiquet-elle.
Dans la région de Windsor, comme ailleurs au pays, plu‐ sieurs médicaments pour en‐ fants comme de l'acétamino‐ phène, de l'ibuprofène ou des antibiotiques comme l'Amoxi‐ cilline sont introuvables de‐ puis plusieurs mois, selon des pharmacies locales.
Le problème est tel, selon Mme Parent, que depuis juillet, elle s'arrange avec un groupe de mamans de la ré‐ gion pour traverser la fron‐ tière à tour de rôle et s'appro‐ visionner en médicaments pour leurs enfants.
Je pense que c’est une grande tragédie qui com‐ mence à arriver, explique la mère de famille.
Elle explique qu'elle et ses amies restent toutefois dis‐ crètes sur leur identité lors‐ qu'elles se présentent aux dif‐ férents comptoirs de pharma‐ cies aux États-Unis.
Je ne pense pas qu’ils savent qu'on est Canadiens. Pour être honnête, je n'aime‐ rais pas le leur dire. Je ne veux pas prendre le risque qu’ils ne nous les vendent pas, confie Mme Parent.
Si la pénurie fait rage au Canada, elle semble toutefois commencer à se faire sentir de l'autre côté de la frontière.
Danielle Parent indique être retournée le 12 no‐ vembre au Michigan pour re‐ faire ses provisions de médi‐ caments, mais cette fois elle est rentrée les mains vides. Elle affirme avoir visité trois pharmacies qui n'avaient aucun flacon de Tylenol.
Je suis assez chanceuse. J’ai encore un petit stock , se féli‐ cite-t-elle.
Rién Mouradian a aussi tenté sa chance récemment dans une pharmacie améri‐ caine, sans succès.
On avait prévu de prendre plusieurs médicaments, mais ils ne nous l’ont pas permis , se lamente-t-elle.
Mme Mouradian explique qu’elle a tout le temps besoin de Tylenol pour soulager ses enfants souvent aux prises avec des symptômes de rhume et de la fièvre.
J'ai trois enfants malades et l'un d'entre eux a des dents de lait qui commencent à pousser. Je dois toujours avoir du Tylenol chez moi.
Rién Mouradian, maman de trois enfants à Windsor
Une situation qui n'est pas près de s'améliorer
Tim Brady, président de l'Association des pharmaciens de l'Ontario, se dit inquiet du manque d’un certain nombre de médicaments alors que la saison de la grippe se précise.
Nous commandons tous les jours, mais il n'y a rien de disponible.
Tim Brady, président de l'Association des pharmaciens de l'Ontario
Il encourage les parents qui ont du mal à trouver des médicaments pour leurs en‐ fants à se confier aux phar‐ maciens en attendant que les choses reviennent à la nor‐ male.
Nous pouvons nous as‐ seoir et vous donner quelques options auxquelles vous n'avez même pas pensé, qui pourraient potentielle‐ ment fonctionner pour vous, assure-t-il.
La prudence est de mise
Aux parents qui seraient tentés par les méthodes natu‐ relles pour soulager les symp‐ tômes de leurs enfants, M. Brady appelle néanmoins à la prudence.
En tant que parent inquiet, assurez-vous que vous es‐ sayez quelque chose qui est connu, sûr, et qui ne va pas nuire à votre enfant , souligne le pharmacien.
Selon lui, un bain froid peut soulager efficacement la fièvre à défaut d’avoir dans l’immédiat un médicament approprié.
C'est physique, c'est facile, ça fera baisser la température plus rapidement, explique-t-il.
Tim Brady rappelle égale‐ ment aux parents qui ont fait des stocks de médicaments de vérifier régulièrement leur date de péremption avant toute utilisation.