Michelle O’Bonsawin, juge autochtone à la Cour suprême du Canada à l’écoute des jeunes
Le 1er septembre dernier, Michelle O'Bonsawin deve‐ nait la première femme autochtone juge de toute l’histoire de la Cour su‐ prême du Canada.
Dans une entrevue accor‐ dée à Radio-Canada, Michelle O'Bonsawin livre avec parci‐ monie sa personnalité pu‐ blique aux Canadiens, forte de l'ancrage de ses racines au‐ tochtones qu'elle entend faire valoir dans ses fonctions.
Comme femme autoch‐ tone, je fais partie de la diver‐ sité canadienne et étant nom‐ mée à la Cour suprême du Ca‐ nada, c’est le temps de prendre ma place, explique-telle.
Ses parents possédaient un chalet situé juste avant l’île Manitoulin, dans la province de l'Ontario, et c’est dans cette région qu’elle a assisté à des pow-wow avec ses en‐ fants.
Ce que j’adore, c'est le tam‐ bour, comme un battement de coeur, le tambour me touche beaucoup, la passion ressort lorsqu’on entend le tambour, dit-elle.
Michelle O'Bonsawin est abénaquise de la communau‐ té d'Odanak et elle appartient au clan de la Tortue. Elle ex‐ plique que lorsque les juges de la Cour suprême du Cana‐ da viennent dans son bureau, elle leur partage le sens des objets traditionnels qu’elle préserve.
Je raconte que ma plume s’appelle "Jacqueline" en mé‐ moire de ma grand-mère et mon aile d’aigle porte le même nom.
La communauté d'Odanak est composée de deux clans : celui de la tortue et celui de l’ours. Pour Réjean OBomsa‐ win, le cousin de Michelle O’Bonsawin, il n’y a pas d’op‐ position entre le catholicisme et les croyances tradition‐ nelles. Il croit à un être supé‐ rieur que les Abénaquis nomment Kchini waskw, qui signifie Grand créateur.
Source : Conseil des Abé‐ naquis d’Odanak
Le drame des écoles ré‐ sidentielles mal connu avant la Commission
En parlant de Murray Sin‐ clair, ex-président de la Com‐ mission de vérité et réconcilia‐ tion du Canada (CVR), Mi‐ chelle O'Bonsawin explique que les Canadiens et les Cana‐ diennes ne connaissaient pas l’impact désastreux des écoles résidentielles sur les per‐ sonnes autochtones avant le travail de cette commission.
Il y a eu un impact intergé‐ nérationnel, un impact social et culturel et un impact sur la langue aussi, définitivement, il y a eu un impact immense et les Canadiens n'étaient pas nécessairement conscients.
Michelle O'Bonsawin, juge à la Cour suprême du Canada
Les 94 recommandations qui ont émergé de cette com‐ mission touchent différents domaines, tels que l'éduca‐ tion et la justice. Il s’avère es‐ sentiel, selon Mme O'Bonsa‐ win, de faire sa part quant à ces deux thématiques. Elle prononce des conférences sur la CVR et sur son mandat et rencontre également des étu‐ diants d’est en ouest du pays.
C’est aussi en partageant mes connaissances avec les autres que j’espère rencontrer ma propre obligation en vertu des recommandations de la CVR, souligne-t-elle.
Les rêves des généra‐ tions qui suivront
C’est dans ce contexte qu’elle parle avec respect des étudiants autochtones et al‐ lochtones du pays. Elle encou‐ rage ces derniers à être à l’écoute de leurs rêves. Elle en‐ courage également ceux qui le souhaitent à étudier le droit.
Lorsqu'on écoute la juge O'Bonsawin, on sent qu'elle porte les étudiants dans son coeur, comme s'ils étaient ses propres enfants. Comme une mère de clan. Elle se fait le de‐ voir de rencontrer les jeunes Canadiens de toutes origines.
Nos adolescents sont vrai‐ ment intelligents. Les gens ne pensent pas toujours qu'ils sont conscients de ce qui se passe autour d’eux, mais ils le sont.
Michelle O'Bonsawin, juge à la Cour suprême du Canada
En parlant des jeunes femmes autochtones qui ont fait la file pour aller à sa ren‐ contre lors d’une conférence annuelle de la Indigenous Bar Association, une organisation située à Montréal, elle est pré‐ sente et à l'écoute.
Quand je rencontre les jeunes femmes, j’aime savoir qui elles sont, connaître leurs origines et cela me donne une perspective des mentalités des jeunes d’un océan à l’autre et j’ai trouvé cela formi‐ dable, glisse Michelle O'Bon‐ sawin.
Cette association repré‐ sente tous les étudiants et avocats autochtones au Ca‐ nada. Elle y a senti un accueil très chaleureux et plusieurs étudiants ont voulu la ren‐ contrer.
La sagesse et la rési‐ lience en héritage
Murray Sinclair, originaire de Selkirk au Manitoba, a été le premier juge autochtone pour ensuite devenir séna‐ teur. Il est de la nation anishi‐ naabe. Michelle O'Bonsawin parle de lui comme d'un men‐ tor. Un homme rempli de sa‐ gesse et, d'autant plus, qui lui inspire confiance.
Elle admire et considère également la sagesse de Ré‐ jean OBomsawin, un de ses cousins d’Odanak et guide spirituel de la communauté.
J'ai passé beaucoup de temps avec lui afin d'ap‐ prendre au sujet de ma propre culture et de nos tradi‐ tions, précise-t-elle.
Elle parle également d’une aînée de Vancouver, qu’elle a rencontrée l'année dernière à une conférence.
C’est quelqu'un qui m’a vraiment touchée, elle est sur‐