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Procès d’Harold LeBel : « Dans la peur, n’y a-t-il qu’une seule bonne manière de réagir? »

- Laurence Gallant

Les plaidoirie­s se sont conclues mercredi aprèsmidi avec l’argumentat­ion de la poursuite, au sep‐ tième jour du procès de l’ex-député de Rimouski Harold LeBel. Maître Ma‐ non Gaudreault a ainsi rap‐ pelé au jury qu’il n’y avait pas de « réaction prédéter‐ minée, pareille pour tout le monde », lorsque quel‐ qu’un est victime d’agres‐ sion sexuelle.

Pourquoi la plaignante est allée dormir chez Harold Le‐ Bel, alors que ses frais d’hé‐ bergement pouvaient être payés par son employeur? Ils sont entre amis, ils veulent sauver des frais. [...] Pourquoi n’est-elle pas allée chercher son amie, en sortant de la salle de bain? [...] Elle ignorait la configurat­ion du condo, et ne savait pas où était son amie. [...] Elle croyait que c’était terminé. Elle se trom‐ pait, mais elle croyait que c’était terminé, a énuméré Me Manon Gaudreault, qui repré‐ sente le Directeur des pour‐ suites criminelle­s et pénales (DPCP) dans l’affaire.

L’avocate a ainsi mis les ju‐ rés en garde contre les idées préconçues, les préjugés, qui les mèneraient peut-être à se dire qu’une personne agres‐ sée aurait dû se comporter de telle ou telle manière.

Me Gaudreault a demandé au jury de se mettre à la place de la présumée victime. Elle est chez son ami, elle sait qu’il est plus fort qu’elle, son com‐ portement [celui de l’accusé] a changé du tout au tout. [...] Elle a peur et elle est sous le choc.

Est-ce qu’on se dit tout le temps que, dans la peur, on a fait les meilleurs choix? Ou est-ce qu’après, dans le calme, on se dit : "J’aurais dû faire autre chose"?

Me Manon Gaudreault, avocate de la poursuite

Elle a demandé aux membres du jury s’ils compre‐ naient la situation de la présu‐ mée victime, si ses réactions avaient du sens dans le contexte, avec les explicatio­ns qu’elle leur a données. Vous at-elle paru sincère et hon‐ nête? S’est-elle contredite? At-elle tenté de vous cacher la vérité?

Revenant sur l’ensemble du témoignage de la plai‐ gnante, l’avocate a rappelé au jury combien elle se sentait vulnérable et pétrifiée. Elle a évoqué la longue liste de mo‐ tivations expliquant que la présumée victime a d’abord choisi de garder le silence, de faire comme si cet événe‐ ment-là ne s’était jamais pro‐ duit.

Si elle parle, au final, qui sera pénalisé?

Me Manon Gaudreault, avocate de la poursuite

Quant au texto qui aurait été envoyé par la plaignante à son amie lorsqu'elle était dans la salle de bain, Me Gau‐ dreault a souligné que la pré‐ sumée victime avait expliqué pourquoi elle n'était pas par‐ venue à le retrouver. Ses échanges de textos avec [l'autre témoin] étaient beau‐ coup plus nombreux qu'avec l'accusé : ils ne faisaient plus partie de la mémoire de son téléphone.

Elle ne monte pas un dos‐ sier contre lui, elle ne ramasse pas de preuves, elle essaie d’oublier. [...] Ça n’explique pas le fait de ne pas retrouver le texto?

Me Manon Gaudreault, avocate de la poursuite

« Vous n'êtes pas obligés de croire l'accusé »

Me Gaudreault a par la suite demandé au jury si l’ac‐ cusé, lui, avait tenté de cacher des faits qui lui [étaient] défa‐ vorables. Elle a alors rappelé qu’à la fin du contre-interro‐ gatoire d’Harold LeBel, lors‐ qu’il a parlé de sa réponse par courriel à la plaignante, il a omis de mentionner ses ex‐ cuses et ses regrets écrits.

Son témoignage a-t-il paru crédible, compatible avec ses propres regrets, ses propres excuses?, a demandé la pour‐ suite.

Vous, est-ce que vous vous excusez de choses que vous n’avez pas faites? Est-ce que vous cherchez le pardon auprès de ceux qui vous font des reproches injustifié­s?

Me Manon Gaudreault, avocate de la poursuite

Ce ne sont pas que les psy‐ chopathes qui commettent des agressions sexuelles, a-telle dit, se référant au terme employé par l’avocat de la Dé‐ fense, lors de sa plaidoirie, mercredi avant-midi.

Mentionnan­t que l’accusé avait écrit à la présumée vic‐ time, après la nuit des faits al‐

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