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Heather Morrison appuie l’idée de jours rémunérés en cas de maladie

- Laurent Rigaux

La médecin hygiéniste en chef de l'Île-du-PrinceÉdou­ard maintient l'objec‐ tif de supprimer à la fin de novembre la quarantain­e obligatoir­e pour les per‐ sonnes positives à la COVID19. Son but est de changer le message de santé pu‐ blique, pour aller vers une responsabi­lisation indivi‐ duelle, celle de se vacciner, mais aussi de rester à la maison quand on est ma‐ lade.

Ce changement de pied a mis de l'avant un autre enjeu, discuté actuelleme­nt à l'As‐ semblée législativ­e : celui des jours de maladie rémunérés.

L'opposition officielle a dé‐ posé un projet de loi qui obli‐ gerait les employeurs à offrir 10 jours de congés de maladie rémunérés à tous les tra‐ vailleurs de la province. À l’heure actuelle, la loi n’impose qu’un jour de congé de mala‐ die rémunéré par année, et ce, seulement pour les tra‐ vailleurs qui n’ont pas changé d’employeur pendant au moins cinq ans.

La question fait débat. D'un côté, des travailleu­rs ex‐ pliquent qu’il est difficile de rester à la maison quand on est malade parce que s’ils ne travaillen­t pas ils ne gagnent pas d’argent. De l'autre, les employeurs s'inquiètent. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te de‐ mande même aux députés in‐ sulaires de voter contre le projet de loi.

En entrevue à Radio-Cana‐ da, Heather Morrison, estime quant à elle que les em‐ ployeurs devraient revoir leur politique en matière de mala‐ die afin d'être favorable à l'ex‐ clusion des employés du lieu de travail quand ils sont ma‐ lades.

Alors on appuie les jours de congé.

Heather Morrison, médcin hygiéniste en chef de l'Île-duPrince-Édouard

C'est quelque chose dont on parlait toujours, mais je sais que c'est maintenant de plus en plus important pour la santé et la sécurité [des em‐ ployés], ajoute-elle, en préci‐ sant avoir consience des diffi‐ cultés que cela poserait aux employeurs.

La grippe : plus tôt, plus fort

Heather Morrison insiste sur le fait qu'il est important que les insulaires restent chez eux, quel que soit le virus : grippe, COVID-19 ou autres, parce que c'est vraiment les mêmes symptômes.

À l'île, la saison grippale commence cette année beau‐ coup plus tôt qu'habituelle‐ ment, à l'image du reste du pays. Dans la province, 25 cas ont été détectés au 12 no‐ vembre, dont 17 dans la se‐ maine du 6 au 12.

L'âge moyen des cas est de 10 ans, signe que les enfants sont particuliè­rement tou‐ chés. D'ailleurs, sur huit hospi‐ talisation­s cette saison, la moitié concerne des per‐ sonnes de 10 ans et moins.

Cette activité grippale plus précoce et plus virulente n'étonne pas Heather Morri‐ son. On a vu la même sorte de chose en Australie et l'hé‐ misphère sud.

Des statistiqu­es modi‐ fiées

Afin de suivre la situation, la province publie chaque se‐ maine des statistiqu­es sur le virus de l'influenza. Les statis‐ tiques concernant la COVID19, elles, ont été modifiées cette semaine. Finies les don‐ nées par groupes d'âge ou celles détaillant le statut vacci‐ nal des personnes malades ou hospitalis­ées. À la place, la santé publique calque les sta‐ tistiques de la COVID-19 sur celles de la grippe, avec des courbes et tableaux similaires, qui permettent de comparer les deux épidémies.

On a commencé à faire ça pour montrer qu'on fait une transition avec la COVID-19, que ça commence à être en‐ démique, justifie Heather Morrison.

C'est pour cette raison qu'on a mis comme la grippe, j'espère que ça va aider à re‐ garder les deux en même temps.

Heather Morrison, méde‐ cin hygiéniste en chef de l'Îledu-Prince-Édouard

Je ne pense pas que c'est le message qu'on veut dire, que la COVID-19 n'est pas grave, se défend Heather Morrison. Le message est que la COVID19 est ici dans la communau‐ té, mais c'est aussi la grippe et d'autres virus, poursuit-elle.

La COVID-19 a cependant fait 75 morts en moins d'un an, alors que la grippe tue moins de 10 insulaires chaque année en moyenne.

L'importance du Paxlo‐ vid

La médecin hygiéniste en chef rappelle que ce qui est si‐ milaire entre les deux mala‐ dies, ce sont les vaccins.

Il y a des vaccins pour tout le monde, de 6 mois jusqu'à 100 ans.

Heather Morrison, méde‐

cin hygiéniste en chef de l'Îledu-Prince-Édouard

Il y a toutefois une diffé‐ rence de taille : l'existence d'un traitement pour les per‐ sonnes les plus à risque face au coronaviru­s, le Paxlovid. Il réduit le risque d'être à l'hôpi‐ tal et aide à se rétablir plus ra‐ pidement, détaille Heather Morrison.

C'est pourquoi il est impor‐ tant, selon elle, que les per‐ sonnes les plus à risque fassent un test de dépistage en cas de doute, afin de pou‐ voir bénéficier du médica‐ ment.

Les autres virus n'ont pas un traitement comme ça, rap‐ pelle Heather Morrison.

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