Radio-Canada Info

Près de 20 % des médecins de famille à Toronto planifient s’arrêter d’ici 5 ans

- Trop de stress

« Je suis très inquiète », ra‐ conte la Dre Tara Kiran, au‐ teure principale d’une nou‐ velle étude qui indique que Toronto pourrait perdre des dizaines d’omniprati‐ ciens au cours des pro‐ chaines années.

Plus de 1000 médecins de famille de Toronto ont été sondés en janvier 2021 pour l’étude menée par l’Hôpital St. Michael’s et le regroupeme­nt Unity Health Toronto.

Un total de 439 praticiens ont répondu au question‐ naire sur leur avenir. Parmi ceux-ci :

17,5 % (77 docteurs) ont affirmé qu’ils comptaient ces‐ ser de pratiquer d’ici 5 ans Parmi ces répondants, près de 4 % ont indiqué qu’ils pla‐ nifiaient abandonner la pro‐ fession au cours des pro‐ chains 12 mois.

Nombre de ces médecins de famille voulaient prendre leur retraite, mais d'autres comptaient se tourner vers des secteurs médicaux privés possibleme­nt moins stres‐ sants.

Pour la Dre Kiran, il s’agit d'une « sonnette d'alarme », compte tenu du fait que de nombreux Torontois et Onta‐ riens peinent déjà à se trou‐ ver un médecin de famille.

À l’heure actuelle, 1,8 mil‐ lion d’Ontariens n’ont pas de médecin de famille. Pour moi, [l’étude] montre que nous de‐ vons vraiment nous attaquer à ce problème.

Dre Tara Kiran, auteure principale de l'étude

Selon la Dre Kiran, le mo‐ dèle actuel du cabinet privé présente un poids important sur les épaules des jeunes docteurs en matière de res‐ ponsabilit­és financière­s et bu‐ reaucratiq­ues, ainsi que le stress qui y est lié.

C’est comme diriger sa propre PME. Ce n’est pas facile de partir en vacances ou de prendre un congé parental.

Dre Tara Kiran, médecin de famille à l'Hôpital St. Michael's

Si votre revenu baisse, ce qui a été le cas pour bien des docteurs au début de la pan‐ démie, vous devez porter ce fardeau seul, ajoute-t-elle.

La Dre Kiran raconte que certains médecins de famille se tournent vers la médecine sportive ou les soins palliatifs, des secteurs qui peuvent être moins stressants, dit-elle. Ce n’est pas seulement la rému‐ nération qui importe, ajoutet-elle.

La présidente de l’Associa‐ tion médicale de l’Ontario, la Dre Rose Zacharias, constate elle aussi que les médecins de famille passent trop de temps à remplir de la paperasse. Pour elle, c’est une source d’épuisement profession­nel.

Pour pallier la pénurie de médecins de famille, l’Associa‐ tion médicale de l’Ontario re‐ commande entre autres d’au‐ toriser plus de docteurs for‐ més à l’étranger à pratiquer dans la province.

Le gouverneme­nt Ford af‐ firme que le recrutemen­t de plus de docteurs, d'infir‐ mières et de préposés aux bé‐ néficiaire­s est une priorité pour la province, qui offre des incitatifs financiers pour les médecins, notamment.

Selon les progressis­tesconserv­ateurs, le nombre de médecins de famille dans la province a augmenté de 1800 depuis qu’ils ont pris le pou‐ voir en 2018.

D'après des renseigne‐ ments fournis par Trevor Dunn de CBC

rio, mais les hôpitaux qui sont impliqués ont tous les mêmes défis [que Red Lake]

Il faut que t'aies assez de personnel, d’infirmiers et d’in‐ firmières, pour être capable de partager.

Sue LeBeau, PDG de l'hôpi‐ tal Margaret Cochenour de Red Lake

Quant à la disponibil­ité de travailleu­rs formés en soins obstétriqu­es, Anna Miller rap‐ pelle dans un courriel qu’ils re‐ quièrent une formation spé‐ cialisée et le service qui l’offre était fermé durant la pandé‐ mie.

L'hôpital est parvenu à embaucher un médecin à temps plein pour appuyer ses équipes, mais le recrutemen­t d’infirmière­s demeure un défi.

Pistes de solution

Les hôpitaux du NordOuest se rencontren­t tou‐ jours de façon hebdomadai­re afin de déterminer la meilleure façon de répartir les ressources pour que toutes les communauté­s aient accès aux mêmes services.

Cependant, Mme LeBeau est de l’avis qu’il n’y a pas une seule solution.

À court terme, nous avons modifié notre modèle infir‐ mier pour inclure des tra‐ vailleurs de soins personnels pour être capables de ré‐ pondre à certaines attentes qui sont urgentes, dit-elle.

Elle précise que l’hôpital ne peut pas attendre l’accrédita‐ tion des infirmiers ou infir‐ mières formées à l’internatio‐ nal ou la formation d’infir‐ mières à l’EMNO pour offrir des soins.

Cela dit, si on recrute un ou deux infirmière­s, ça peut faire une grosse différence dans un petit hôpital [comme le nôtre].

Sue LeBeau, PDG de l'hôpi‐ tal Margaret Cochenour de Red Lake

Entre-temps, Anna Miller suggère aux femmes tou‐ chées par le manque de ser‐ vices à Red Lake de recourir au Programme de subven‐ tions accordées aux résidents du Nord de l’Ontario pour frais de transport à des fins médicales, dont la révision a été réclamée cet été.

D’après Mme LeBeau, s’il y a une améliorati­on et une ré‐ ouverture complète du dé‐ partement d’obstétriqu­e, ça va se faire de façon graduelle et à long terme.

Avec les informatio­ns de Frédéric Projean

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