Radio-Canada Info

Vers une baisse des taux en 2023?

- Gérald Fillion

En ces jours de première neige, permettez-moi de vous dire qu’il est déjà per‐ mis de penser aux doux rayons de soleil du prin‐ temps et de l’été prochain! « Après la pluie, le beau temps », nous enseigne le dicton. Bien, sachez, ama‐ teurs de prêts hypothé‐ caires, que les économiste­s commencent déjà à parler du beau temps qui va suivre la très rapide hausse du taux directeur depuis mars dernier.

Selon plusieurs écono‐ mistes, la Banque du Canada (BDC) pourrait amorcer une baisse de son taux directeur dès 2023, dans la deuxième moitié de l’année. L’institutio­n approche de son objectif, qui est celui de pousser l’inflation vers le bas. Pour l’instant, le taux d’inflation demeure éle‐ vé à 6,9 % au pays, mais les si‐ gnaux d’apaisement de l'infla‐ tion se multiplien­t.

Il est probable, selon la plupart des prévisionn­istes, que la banque centrale limite ses prochaines hausses à 25 ou 50 points de base pour atteindre 4,25 % à la fin de l’année ou au début de 2023. Le taux directeur pourrait de‐ meurer immobile, ensuite, pendant une bonne partie de l’année alors que l’économie traversera une période de ré‐ cession.

Le taux

d’inflation

va continuer de fléchir, avec le PIB qui va se contracter et le taux de chômage qui va aug‐ menter. Tranquille­ment mais sûrement, tout sera en place pour amorcer alors une baisse du taux directeur, si le scénario attendu se produit.

Ainsi, selon les écono‐ mistes de Desjardins, le taux directeur, qui atteindra 4,25 % en 2023, terminera l’année à 3,75 %, puis glissera en 2024 jusqu’à 2,25 %.

Le bout du tunnel

Dans une note écono‐ mique publiée le 16 no‐ vembre, jour de la dernière lecture sur l’inflation au Cana‐ da, les économiste­s de Desjar‐ dins écrivent que les mesures traditionn­elles et plus dyna‐ miques de l’inflation fonda‐ mentale suggèrent que les pressions sur les prix s’es‐ tompent.

L’atténuatio­n des pertur‐ bations dans la chaîne d’ap‐ provisionn­ement et la baisse des coûts des billets d’avion et d’autres dépenses liées aux voyages semblent avoir contribué à calmer les princi‐ pales pressions inflation‐ nistes, poursuiven­t-ils.

Et donc, à leur avis, les pressions inflationn­istes sur les prix de l’essence et des ali‐

ments pourraient commencer à s’atténuer. Il semble bel et bien y avoir de la lumière au bout de ce long tunnel. Les pressions inflationn­istes sous-jacentes s’atténuent d’après un large éventail d’in‐ dicateurs. Bien que la route vers la stabilité des prix soit encore longue, chaque petit développem­ent positif compte.

De son côté, la Banque TD s’attend aussi à une hausse du taux directeur fin 2022, dé‐ but 2023, avec une montée qui nous amènera à 4,25 %.

Mais, selon la TD, la baisse de taux dans la deuxième moitié de 2023 sera plus forte que ce qu’anticipe Desjardins. Le taux directeur sera à 3,25 % à la fin de l’année pro‐ chaine, de l’avis des écono‐ mistes de la TD, puis à seule‐ ment 1,75 % à la fin de 2024.

Il s’agit là de prévisions, bien sûr. Mais, le ralentisse‐ ment de l’économie sera im‐ portant et va durer un certain temps. Nous ne serons peutêtre en récession que quelques trimestres, mais une forme de stagnation de l’éco‐ nomie pourrait s’installer, ce qui va, tôt ou tard, obliger les banques centrales à agir en regard de l’évolution de l’infla‐ tion.

Selon la TD, le taux d’infla‐ tion sera de retour à 3,1 % au 3e trimestre de 2023, ce qui permettra à ce moment-là à la banque centrale de réduire son taux directeur.

Une souffrance écono‐ mique

À la Banque Nationale aus‐ si, on s’attend à une stabilisa‐ tion du taux directeur à 4,25 %, puis à une baisse en fin d’année 2023 à 3,75 %. Elle ne prévoit toutefois pas un fort recul du taux en 2024, mais anticipe plutôt une baisse à 3 % en fin d’année.

Tant la Banque du Canada et la Réserve fédérale [améri‐ caine] ne s’en cachent pas, écrit la Banque Nationale dans une note économique récente. Il faudra une souf‐ france économique pour ra‐ mener l’inflation à bon port [...]. Pas moins de 58 % des en‐ treprises estiment à plus de 50 % de chances d’une réces‐ sion dans les 12 prochains mois.

Selon les économiste­s de l’institutio­n, les hausses de taux font déjà leur effet. Alors que l’inflation des 12 derniers mois avoisine toujours les 7 %, celle des trois derniers mois en rythme annualisé était de retour dans la four‐ chette cible de la banque cen‐ trale (1 % à 3 %), observent-ils.

Plusieurs mesures d’infla‐ tion montrent que les pres‐ sions sur les prix semblent se modérer. Entre juin et sep‐ tembre, l’IPC (indice des prix à la consommati­on) médian augmentait à un rythme de 3,5 % de ce côté-ci de la fron‐ tière, ce qui se compare avan‐ tageusemen­t aux 8 % obser‐ vés aux États-Unis.

Selon la Banque Nationale, jusqu’ici, les choses évoluent dans la bonne direction pour la Banque du Canada, ce qui suggère que nous appro‐ chons du taux terminal dans ce cycle de resserreme­nt. En effet, le marché du travail montre des signes de modé‐ ration et les pressions infla‐ tionnistes sont moins aiguës et diffuses que plus tôt cette année.

L’effet de la hausse sera triple, anticipe la Banque Na‐ tionale : moins de richesse pour les ménages, perte de pouvoir d’achat et un choc de paiement d’intérêt. Dans les circonstan­ces, la banque cen‐ trale n’aura pas à maintenir son taux directeur à plus de 4 % durant une longue pé‐ riode. L’effet se fera assez vite sentir sur l’inflation, toujours selon la Banque Nationale.

Taux fixe ou taux va‐ riable?

Ce retourneme­nt de situa‐ tion prévu en 2023 et 2024 va rassurer tous les détenteurs de prêts hypothécai­res à taux variable. La hausse des der‐ niers mois en a inquiété plu‐ sieurs, et quantité de mé‐ nages se trouvent dans une situation financière périlleuse.

Une baisse rapide des taux à la fin 2023 et en 2024 pour‐ rait donner raison, une fois de plus, à celles et ceux qui misent toujours sur le taux variable.

Historique­ment, depuis plus d’un demi-siècle et dans environ 90 % des cas, les per‐ sonnes qui choisissen­t systé‐ matiquemen­t le taux variable auront payé moins d’intérêt au bout de 25 ans que celles et ceux qui auront opté pour des taux fixes. L’histoire n’est pas garante de l’avenir, mais on peut penser que la baisse des taux va en soulager plus d’un.

Malgré la hausse rapide des taux en 2022, cette don‐ née historique a peut-être in‐ fluencé les emprunteur­s, les hypothèque­s à taux variable étant demeurées populaires. Selon des données des Pro‐ fessionnel­s hypothécai­res du Canada, citées par le Globe and Mail le 15 novembre, 44 % des nouvelles hypo‐ thèques étaient toujours à taux variable en août 2022.

Plusieurs courtiers hypo‐ thécaires rapportaie­nt au quotidien torontois que les récentes hausses de sep‐ tembre et d'octobre par la Banque du Canada n’ont pas freiné l’intérêt pour le taux va‐ riable.

Loin de moi l’idée de vous suggérer de choisir le taux va‐ riable. Prenez conseil auprès d’experts pour bien évaluer vos besoins et votre situation financière. Cependant, sachez tout de même qu’après la tempête des derniers mois, un temps plus clément semble s’annoncer sur le front des taux d’intérêt. Mais, comme la météo, ça peut changer vite!

C'était vraiment spécial. J'ai marché autour des jardins [de Karine Vachon] et mes chaus‐ sures noires sont devenues grises; la poussière levait dans les airs, témoigne-t-il.

Le conjoint de Karine avait de la poussière au coin des yeux, dans le nez, la mous‐ tache blanche; je ne pensais jamais que c'était aussi pire que ça.

Denis Paquet, président du syndicat de l’Union des producteur­s agricoles

La compagnie Sintra n’a pas répondu à nos questions et a décliné notre demande d’entrevue.

À la suite des avis de nonconform­ité remis à l’entre‐ prise, le ministère a imposé deux amendes de 10 000 $ chacune à la compagnie pour les infraction­s constatées.

Ces sanctions sont loin d’être dissuasive­s aux yeux d’Anne-Sophie Doré, avocate au Centre québécois du droit de l'environnem­ent. Ces en‐ treprises ont beaucoup de moyens; elles peuvent se per‐ mettre de payer des amendes de 10 000 $ par jour d'infrac‐ tion de manière répétée. On peut se demander s'il n’y a pas une autre façon d'établir le montant de la sanction. Estce qu'on pourrait envisager un pourcentag­e des revenus de l'entreprise pour établir le montant de la sanction plutôt qu'un montant fixe?

Invité à répondre à cette question, le ministère de l'En‐ vironnemen­t et de la Lutte contre les changement­s cli‐ matiques s’est borné à dire qu’il suit ce dossier de près et s’assure d’utiliser les recours appropriés à sa dispositio­n afin d’assurer un retour à la conformité.

Ça rapporte plus de conti‐ nuer à extraire [de la pierre] que de payer une amende, donc la compagnie paye et c’est fini, merci bonjour! Il y a un calcul qui est fait : qu'estce qui coûte le moins cher des deux? renchérit James Allen, président de la Fédération de l’UPA Chaudière-Appalaches, qui décrie la faiblesse des amendes.

M. Allen demande mainte‐ nant l’appui du Fonds de dé‐ fense profession­nelle de l’UPA pour porter la cause de Karine Vachon devant les tribunaux.

Ce fonds finance certains recours juridiques au nom de producteur­s. Dans le passé, il a surtout permis de défendre des causes collective­s comme celles des méga-porcheries qui affrontaie­nt des municipa‐ lités ou des producteur­s de bleuets ou de sirop d’érable qui se plaignaien­t de ne pas toucher le juste prix pour leurs produits.

Dans ce cas-ci, une injonc‐ tion pourrait théoriquem­ent être demandée en vertu de la Loi sur la qualité de l’environ‐ nement. En effet, même si Ka‐ rine Vachon est la seule agri‐ cultrice à se plaindre de la poussière, il s’agit, selon l’UPA Chaudière-Appalaches, d’un enjeu de cohabitati­on entre des activités agricoles et in‐ dustrielle­s.

Karine Vachon, elle, est épuisée par trois ans de lutte. Elle s’en remet au Fonds de défense profession­nelle de l’UPA. Je n’ai plus d'autres solu‐ tions. Les mécanismes en place ne me protègent pas, le ministère qui devrait s'occu‐ per de l'environnem­ent ne me protège pas, la CPTAQ qui de‐ vrait protéger le territoire agricole ne me protège pas. Ce n'est pas normal qu’une petite productric­e agricole re‐ mette son projet en cause parce qu’un industriel a des droits acquis, souffle-t-elle, des trémolos dans la voix.

Le Fonds de défense pro‐ fessionnel­le de l’UPA devrait rendre sa décision d’ici quelques jours.

Imaginez si on avait atten‐ du que la commissair­e [de la GRC Brenda Lucki] dise : "Je suis dépassée par les événe‐ ments, je n'ai plus la capacité de les gérer". On n'aurait pas été dans une situation de me‐ nace à la sécurité, mais bien dans une situation où la me‐ nace se serait matérialis­ée, a ajouté son adjointe, Nathalie Drouin.

Mme Charette a par ailleurs corroboré le témoi‐ gnage de Jody Thomas, conseillèr­e à la sécurité natio‐ nale du premier ministre Jus‐ tin Trudeau, offert jeudi de‐ vant la commission Rouleau selon lequel la commissair­e Lucki n'avait pas mis de l'avant le plan de la GRC lors de la réunion du 13 février du Groupe d'interventi­on en cas d'incident.

Le Cabinet n'avait pas de détails concernant le plan des forces policières, a-t-elle té‐ moigné, alors que l'on sait maintenant que Brenda Lucki était elle-même d'avis que la GRC n'avait pas épuisé tous les outils à sa dispositio­n.

Un cumul d'événements qui devient menaçant

Les deux greffières ont été longuement questionné­es au sujet de la position du Service canadien du renseignem­ent de sécurité (SCRS), qui ne per‐ cevait pas le « convoi de la li‐ berté » comme une menace à la sécurité nationale, alors que cette notion est néces‐ saire à l'invocation des me‐ sures d'urgence.

Mme Charette et Mme Drouin ont adopté la même position que d'autres hauts fonctionna­ires qui ont témoigné devant la Commis‐ sion dans les derniers jours, soit que le gouverneme­nt est en droit d'avoir une définition plus large du concept de me‐ nace à la sécurité nationale que celle de l'article 2 de la Loi sur le SCRS.

Ce n’est pas parce que le SCRS n'identifie pas un groupe ou un individu spéci‐ fique comme une menace à la sécurité nationale que le convoi de manière générale ne l'est pas.

Nathalie Drouin, sous-gref‐ fière du Conseil privé et secré‐ taire associée du Cabinet

Selon Mme Drouin, c'est le cumul des événements, pen‐ dant la crise du convoi de la li‐ berté, qui, à leurs yeux, per‐ mettait d'établir qu'il y avait menace à la sécurité nationale du Canada, et ce, même si au‐ cune menace spécifique n'a été identifiée par le SCRS.

On n'invoque pas la Loi sur les mesures d’urgence chaque fois que le SCRS dé‐ clenche son article 2, ce sont deux processus distincts, a renchéri Janice Charette, afin d'expliquer leur démarche.

Le débat sur la nécessité ou non d’invoquer la Loi sur les mesures d’urgence fait rage depuis cinq semaines. Et les pièces du casse-tête se mettent en place au fur et à mesure que défilent les té‐ moins.

La semaine prochaine, le patron du SCRS David Vi‐ gneault est attendu à la barre des témoins, de même que le premier ministre Justin Tru‐ deau et sept de ses ministres. La cheffe de cabinet, le chef de cabinet adjoint et le direc‐ teur des politiques du pre‐ mier ministre ont été ajoutés à la liste des témoins pour cette dernière semaine.

Les audiences publiques doivent se conclure vendredi prochain, après six semaines. Le juge Paul Rouleau doit re‐ mettre son rapport final au gouverneme­nt fédéral d’ici le 6 février 2023. Le document devra aussi être déposé au Parlement deux semaines plus tard, au maximum.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada