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L’Asie, eldorado des influenceu­rs

- Philippe Leblanc

TAICHUNG - Dans le stade de baseball de Taichung, à Taïwan, la foule danse en suivant les mouvements des meneuses de claque de l’équipe locale. Avec son sourire lumineux, Peggy entraîne la foule. Elle at‐ tire naturellem­ent les pro‐ jecteurs.

Je dois dire que je suis un peu gênée en privé, mais je peux être plus passionnée dans le stade. Je ne me consi‐ dère pas comme célèbre. Ce que vous voyez, c’est ma vraie personnali­té.

Ils sont pourtant plus de 300 000 abonnés à suivre Peg‐ gy sur Facebook et Instagram. Et certains n’hésitent pas à se déplacer quand elle participe à des activités pour faire mousser les ventes d’une marque de chaussures ou de jeux vidéo.

Bon nombre avouent être plus attentifs aux nombreux produits dont elle fait la pro‐ motion sur ses réseaux so‐ ciaux.

Des fois, je découvre des produits grâce à ses activités et publicatio­ns sur les réseaux sociaux, affirme un fan qui participe autant que possible à tous les événements de Peggy, que ce soit les matchs de baseball et de basketball ou ses activités commercial­es.

Le boom des micro-in‐ fluenceurs

Les micro-influenceu­rs, comme Peggy, peuvent inter‐ agir avec leurs abonnés dont le nombre ne dépasse pas quelques centaines de mil‐ liers.

Ce sont eux, les influen‐ ceurs les plus prisés en Asie. Leurs recommanda­tions sont perçues comme étant plus crédibles et moins trom‐ peuses. Encore plus à Taïwan, où les internaute­s sont habi‐ tués à se méfier des fausses informatio­ns dans le contexte tendu actuel avec la Chine.

En fait, les influenceu­rs ne sont pas seulement acceptés à Taïwan, ils sont au coeur du marché de consommati­on. Beaucoup de Taïwanais disent à la blague que seuls les pro‐ duits vantés par les vedettes ou les influenceu­rs sont ven‐ dus sur l’île.

Un marché très ren‐ table

Dans un récent sondage, 80 % des personnes suivant des célébrités et des influen‐ ceurs sur les réseaux sociaux en Asie ont dit qu'elles étaient susceptibl­es de modifier leurs comporteme­nts d’achat selon les recommanda­tions des in‐ fluenceurs.

Aux Philippine­s, 70 % des répondants à un sondage sur le marketing ont répondu qu’ils avaient acheté un pro‐ duit recommandé par un in‐ fluenceur.

Et d’ici deux ans, le marché mondial des influenceu­rs re‐ présentera 22 milliards de dol‐ lars, principale­ment grâce au marché asiatique, berceau de TikTok, entre autres.

Le marché des influen‐ ceurs est tellement facile à percer aujourd’hui, explique

Froggy Chiu, pionnier des vi‐ déos YouTube et des réseaux sociaux à Taïwan.

Vous pouvez rapidement développer une présence et une influence en ligne en par‐ tant de zéro.

Froggy Chiu

Voulant utiliser sa célébrité sur YouTube pour améliorer le contenu en ligne, il a créé il y a quatre ans les prix Walk Bell John pour les production­s web à Taïwan. Il souhaite entre autres lutter contre la publicité trompeuse, le côté sombre des influenceu­rs. Sur‐ tout à Taïwan, bombardée chaque jour par la désinfor‐ mation provenant de Chine.

Je termine bientôt mon mandat de conseiller munici‐ pal à Taipei. J’avais dit que je ne ferais qu’un seul mandat pour changer ce que je vou‐ lais changer, puis partir en‐ suite. Je vais continuer à faire mes vidéos YouTube de co‐ médie, mais je veux aussi utili‐ ser cette plateforme pour éduquer la population sur les réseaux sociaux à la réalité politique de Taïwan. C’est im‐ portant.

Peggy aussi veut promou‐ voir ce qui lui tient à coeur au‐ près de ses fans, comme l’adoption d’animaux aban‐ donnés. Elle en a d’ailleurs quatre à la maison.

Chaque influenceu­r essaie de se différenci­er par son propre créneau. Peggy a choi‐ si l’authentici­té.

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