Le Canada appelé à s’ouvrir davantage aux étudiants africains
Un délégué africain au Sommet de la Francopho‐ nie demande au Canada de s’ouvrir davantage à l’im‐ migration en provenance de son continent. En Tuni‐ sie, cet enjeu délicat pour‐ suit le gouvernement Tru‐ deau alors qu’il tente de resserrer ses liens avec les pays d’Afrique.
Sur le site d’exposition nommé le Village de la Fran‐ cophonie à Djerba, il y a tou‐ jours de l'activité devant les kiosques du Québec et du Ca‐ nada. Beaucoup de gens s’in‐ forment des procédures d’im‐ migration dans l’espoir d’obte‐ nir leur laissez-passer vers le Canada.
J’ai un fils qui a eu son bac‐ calauréat. Je voulais savoir s’il y a une possibilité pour qu'il puisse terminer ses études au Canada, explique une dame devant le comptoir. Je cherche comment faire et à qui m’adresser, ajoute-t-elle.
Toutefois, le processus n’est pas aussi facile qu’il n’y paraît. Le Canada est sévère‐ ment critiqué pour son refus massif de permis d’études pour les ressortissants afri‐ cains. Immigration Canada leur reproche, la plupart du temps, d’avoir l’intention de rester au Canada à la fin de leur formation.
Avant le Sommet de la Francophonie, cette affaire a même attiré l’attention de la presse internationale. Le jour‐ nal Le Monde titrait le 8 no‐ vembre dernier : Le rêve cana‐ dien, un mirage pour beau‐ coup d’étudiants d’Afrique francophone.
Les procédures peuvent paraître assez difficiles, assez complexes, souligne Maguèye Toure, directeur de la Franco‐ phonie du ministère des Af‐ faires étrangères du Sénégal, au micro de Radio-Canada.
Il demande aux pays riches comme le Canada d’as‐ souplir les procédures d’en‐ trée surtout pour les étu‐ diants, les artistes et les entre‐ preneurs.
Il faut que la circulation des gens puisse se faire dans tous les sens entre les pays du Nord et les pays du Sud, et vice-versa. C’est important qu’on réfléchisse.
Maguèye Toure, directeur de la Francophonie du minis‐ tère des Affaires étrangères du Sénégal
Le représentant sénégalais s’explique mal ces barrières pour entrer au Canada, dans le contexte de pénurie de main-d'oeuvre. Je sais que le Canada a un besoin parce qu’il y a des emplois qui doivent être pourvus, sou‐ ligne-t-il.
Dans un monde en circula‐ tion, M. Toure souligne que les jeunes ont particulière‐ ment besoin de contacts en personne, et pas seulement virtuels, pour mener à bien leurs divers projets.
Ottawa promet des améliorations
Appelée à réagir lors d’une mêlée de presse au Sommet de la Francophonie, la mi‐ nistre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a préféré ren‐ voyer la balle à la secrétaire parlementaire du ministre de l’Immigration, aussi présente.
Dans une réponse vague, Marie-France Lalonde admet qu’il y a encore des défis. On travaille très, très fort pour améliorer les processus et les échanges entre ces deman‐ deurs et nos agents, soulignet-elle.
Interrogé à son tour, le premier ministre Justin Tru‐ deau a dit être déçu des taux de refus des étudiants en pro‐ venance de l'Afrique et que la situation allait être corrigée.
J'ai demandé directement au ministre [de l’Immigration Sean] Fraser de se pencher sur cet enjeu-là, on a besoin de plus en plus d'étudiants et d'immigrants francophones.
Justin Trudeau, premier mi‐ nistre du Canada
Récemment, le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, a promis de revoir le processus de sélection des étudiants étrangers pour que ces der‐ niers soient évalués en fonc‐ tion de critères davantage liés à leur potentiel et à leur va‐ leur.
Dans un document publié en ligne en septembre, Immi‐ gration Canada a reconnu qu’il y avait du racisme dans sa propre organisation et a promis de mener une étude interne sur la question.
Une seule rencontre bi‐ latérale avec un dirigeant africain
Pendant son passage de deux jours, Justin Trudeau n’avait aucune rencontre bila‐ térale officielle prévue dans son programme initial avec des dirigeants de pays afri‐ cain, même s’ils sont nom‐ breux au Sommet de la Fran‐ cophonie.
Finalement, une rencontre s’est ajoutée à l’horaire di‐ manche avec le président du Niger.
Ce sont des retrouvailles entre le Niger et le Canada qui était l’un de nos plus grands partenaires de coopération dans les années 1970, a rap‐ pelé le président nigérien, Mo‐ hamed Bazoum. Il y a eu une petite distanciation, mais nous allons travailler pour faire en sorte que nos liens se resserrent.
Le premier ministre a aussi pris le temps de s'asseoir
pour des tête-à-tête officiels avec les premiers ministres du Québec et de l’Arménie, et avec le président suisse.
Interrogée à ce sujet, Méla‐ nie Joly rejette l’idée que son gouvernement a accordé peu de temps aux pays africains. En dehors des réunions bila‐ térales officielles, la ministre assure qu’elle et le premier mi‐ nistre ont eu de nombreuses conversations avec des pays comme le Bénin, le Gabon et le Sénégal, par exemple. Je fais mon travail, c’est-à-dire établir des liens avec ces pays, a-telle souligné.
Présentement, on sait que la Chine et la Russie essaient d'exercer leur influence ici. C'est important pour le Cana‐ da d’être présent en Tunisie et aussi à travers le continent africain, a-t-elle expliqué.