Les personnes âgées, inégales devant l’inflation
Des personnes âgées se re‐ trouvent dans une situa‐ tion des plus précaires en raison de la hausse du coût de la vie. Celles qui ne sont pas admissibles aux pen‐ sions de vieillesse sont par‐ ticulièrement affectées, ce qui force certains à faire des choix financiers déchi‐ rants pour joindre les deux bouts.
C’est le cas de Line Chias‐ son, une Trifluvienne de 60 ans. Atteinte d’arthrose facet‐ taire, l’ex-cuisinière ne pra‐ tique plus son métier depuis plusieurs années. Elle dépend aujourd’hui d’une somme mensuelle de 1300 $ que lui verse son assurance invalidi‐ té. Si les prix des biens essen‐ tiels montent en flèche, son entrée d’argent, elle, stagne. Je suis obligée de couper dans certaines choses , confie-telle.
Et par certaines choses , Line entend l’une des dé‐ penses les moins extrava‐ gantes : la nourriture. J’essaie de moins manger. Des affaires que l'on se permettait avant, c'est plus achetable.
Elle est trop jeune pour être admissible aux aides gou‐ vernementales destinées aux aînés, comme le Supplément de revenu garanti et la Pen‐ sion de la Sécurité de la vieillesse. Un grand fossé éco‐ nomique sépare les pres‐ tataires de ces aides de ceux qui n’ont pas encore atteint l’âge de 65 ans, constate Syl‐ vie Tardif, coordinatrice géné‐ rale chez COMSEP, un orga‐ nisme qui vient en aide aux gens en situation de pauvre‐ té. Plusieurs dépendent alors des allocations d’aide sociale.
On aperçoit une grande différence entre les personnes sur l’aide sociale et ceux qui reçoivent la sécurité de vieillesse. La majorité des gens sont tristes d'attraper l’âge de 65 ans, mais les gens à l’aide sociale sont contents, car leur niveau de vie change énormément , soutient-elle.
Les allocations d’aide so‐ ciale devront suivre l’inflation, croit Sylvie Tardif, sans quoi les personnes seules et âgées seront condamnées à la grande misère .
Même chez ceux âgés de 65 ans et plus et admissibles aux aides gouvernementales, plusieurs décident de res‐ treindre leur alimentation pour arriver à la fin du mois. Le conseiller budgétaire du Centre d’intervention budgé‐ taire et social, Bertrand Rain‐ ville, remarque qu’il s’agit de l’un des postes de dépenses les plus flexibles des aînés. Je monte des budgets avec les personnes lorsque je les ren‐ contre. Ce que j’ai comme données, c’est clair qu’ils coupent sur la nourriture. C’est frappant.
On limite nos achats par rapport aux prix, confirme un homme dans la fleur de l’âge, rencontré à la sortie d’un su‐ permarché de Trois-Rivières. La laitue est un bon exemple, c'est quasiment pas abor‐ dable. Fait qu'on se limite à moins bien manger
On n’a pas de fonds de pension, donc on essaie de survivre , renchérit un autre client, rencontré quelques mi‐ nutes plus tard. « On dirait que nos gouvernements ne font rien », peste-t-il, déplo‐ rant notamment la hausse du coût de l’essence.
Bertrand Rainville s’inté‐ resse justement à la condition de ceux qui dépendent du Supplément de revenu garan‐ ti pour vivre, soit comment ils font pour s’organiser avec 1700 ou 1800 $ par mois . Se‐ lon lui, l’appauvrissement
guette la population vieillis‐ sante. Si en plus, il faut que les prix augmentent de façon im‐ portante comme c’est le cas présentement, ça risque d’avoir un impact considé‐ rable chez les personnes âgées , avertit-il.
Avec les informations
d'Hélène Lequitte