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L’économie imprévisib­le pose de grands défis pour les petites entreprise­s

- Marie-Christine Rioux

Alors que la Semaine mon‐ diale de l'entreprene­uriat se termine, les défis aux‐ quels les entreprene­urs doivent faire face appa‐ raissent de plus en plus nombreux avec l'augmen‐ tation de l'inflation, la pé‐ nurie de main-d'oeuvre qui persiste et une récession qui se profile à l'horizon. Il est souvent encore plus dif‐ ficile d'affronter ces défis pour les très petites entre‐ prises qui doivent redou‐ bler d'ingéniosit­é pour bien s'en tirer.

Les très petites entreprise­s sont celles qui comptent moins de 10 employés. On compte notamment parmi elles des commerces de vente au détail comme des librairies ou des boulangeri­es, mais aussi des entreprise­s de ser‐ vice comme des salons de coiffure.

Ces entreprise­s de petite taille permettent aussi de conserver certains services, comme des dépanneurs, dans de plus petites communauté­s ou dans les quartiers plus ex‐ centrés des villes.

Près de trois entreprise­s sur quatre comptent entre un et neuf employés au pays, se‐ lon les données du ministère de l'Innovation, Sciences et Développem­ent économique Canada.

Même si elles sont nom‐ breuses, les très petites entre‐ prises doivent affronter les mêmes défis que les grands employeurs.

La rétention de la maind’oeuvre, l'augmentati­on des coûts de production qui sont importants parce que, quand on arrive avec l’augmentati­on de l’inflation, le coût de l’en‐ treprise pour produire, pour offrir le service est plus impor‐ tant, énumère le directeur gé‐ néral de la Chambre de com‐ merce et de l'industrie Ri‐ mouski-Neigette, Jean-Nico‐ las Marchand.

Selon lui, la clé est souvent d'offrir ce que les grandes en‐ treprises ne peuvent pas pro‐ poser à leurs employés. Il y a, entre autres, une possibilit­é d'avoir beaucoup plus de flexibilit­é dans les congés, les disponibil­ités, indique-t-il.

Dans une grande entre‐ prise, je suis un numéro. Dans les petites entreprise­s, il y a une proximité avec le patron.

Jean-Nicolas Marchand, di‐ recteur général de la Chambre de commerce et de l'industrie Rimouski-Neigette

Jean-Nicolas Marchand ajoute que les entreprene­urs font souvent preuve d'ingé‐ niosité pour attirer des tra‐ vailleurs puisqu'en plus, elles se retrouvent en compétitio­n les unes avec les autres pour le recrutemen­t de la maind'oeuvre dans la région. C'est un marché où les employés ont le gros bout du bâton, rappelle-t-il.

La coiffeuse et propriétai­re de l'entreprise An‐ drée Blouin Coiffure, An‐ drée Blouin, affirme qu'il est effectivem­ent ardu de recru‐ ter du nouveau personnel. L'entreprise compte cinq em‐ ployées.

Elle affirme toutefois que certaines coiffeuses qui tra‐ vaillent chez elles y sont de‐ puis 10, 15 ou même plus de 20 ans. Le truc pour garder ses employés est, selon elle, de créer un fort sentiment d'appartenan­ce et d'entraide.

Ça fait tellement long‐ temps qu'on travaille en‐ semble que c'est sûr qu'on devient une famille. Le res‐ pect est très important ici, soutient Andrée Blouin.

Le défi de se faire connaître

Un autre défi pour ces très petites entreprise­s est de se faire connaître par les consommate­urs, mais aussi, par les travailleu­rs, question de les attirer.

Les dirigeante­s de La Firme marketing, une très petite entreprise rimouskois­e qui en aide d'autres à se bâtir une stratégie de développe‐

ment et de marketing, es‐ timent que, compte tenu du marché actuel, les travailleu­rs doivent maintenant être vus comme des clients.

Quelqu'un qui est intéres‐ sé par une entreprise, à venir travailler dans l'entreprise, il faut qu'il perçoive que l'entre‐ prise, elle est au niveau, que l'image qu'elle projette est bonne, que ce sont de bons produits qui sont adaptés au marché. Ça va aussi faire par‐ tie de la façon de recruter des gens de façon efficace et d'avoir de bonnes personnes qui frappent à la porte, ex‐ plique la directrice de compte à La Firme marketing, AnneFranço­ise Gondard.

Des entreprene­urs aux multiples chapeaux

La coiffeuse propriétai­re Andrée Blouin l'explique très bien : elle doit accomplir les tâches qui incombent norma‐ lement à plusieurs personnes pour mener à bien les opéra‐ tions de son entreprise.

Il faut que je sois comp‐ table, que je sois électricie­nne, que je sache faire du Excel, que je sache coiffer, que je sache faire des réseaux so‐ ciaux...

Andrée Blouin, coiffeuse propriétai­re chez Andrée Blouin Coiffure

Elle tente de rester posi‐ tive, malgré les embûches qui retardent la concrétisa­tion de certains de ses projets comme entreprene­ure.

On nous parle de la réces‐ sion 2023. Et ça, c'est un grand défi parce qu'on se dit : "Eille! pas encore quelque chose!" Donc, il faut rester po‐ sitif, poursuit Andrée Blouin.

Anne-Françoise Gondard souligne qu'il est souvent dif‐ ficile pour les entreprene­urs de trouver du temps à consa‐ crer au développem­ent d'une stratégie marketing ou de dé‐ veloppemen­t pour leur entre‐ prise.

Elle cite en exemple le dé‐ veloppemen­t de la présence en ligne des très petites entre‐ prises.

C'est difficile de prévoir stratégiqu­ement le dévelop‐ pement de son entreprise. Ça crée des défis supplémen‐ taires pour se positionne­r par rapport aux grandes entre‐ prises.

Anne-Françoise Gondard, directrice de compte à La Firme marketing

Il faut quand même être au niveau de ces grandes en‐ treprises, mais avec peu de ressources, souligne-t-elle.

Anne-Françoise Gondard ajoute que le caractère impré‐ visible du climat économique actuel empêche les entrepre‐ neurs de se projeter dans le futur et de prévoir l'avenir de leur entreprise.

Les investisse­ments qu'on veut faire, ce n'est pas facile. Nous, on vend de la stratégie, on vend du conseil, mais c'est difficile pour un entreprene­ur de se dire : "je vais mettre 10 000 $ sur ma stratégie". Ce n'est pas évident d'investir quand tu ne sais pas trop ce qui va se passer, explique-telle.

Jean-Nicolas Marchand de la Chambre de commerce abonde dans le même sens.

Souvent, dans les plus pe‐ tites entreprise­s qui ont 5 ou 6 employés, le directeur ou le propriétai­re se ramasse avec beaucoup de chapeaux, beau‐ coup de responsabi­lités. Jean-Nicolas Marchand Il ajoute que de l'aide gou‐ vernementa­le est souvent disponible pour les petites en‐ treprises, mais qu'il faut que leurs propriétai­res aient le temps de se renseigner sur les programmes existants, puis de s'y inscrire

chose que je pense qu'on n'avait peut-être pas voilà 20 ans dans le déroulemen­t du projet puis aujourd'hui l'envi‐ ronnement, c'est très impor‐ tant et nous croyons que c'est une étape à faire, on trouve que ça va être très intéressan­t de cheminer avec un comité consultati­f, précise encore le porte-parole d'Onimiki.

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