Un balado documentaire pour « faire face » à la tuerie de Polytechnique
Plus de 30 ans après le drame de Polytechnique, on retrouve encore des ad‐ mirateurs du tueur dans les coins sombres du web. Dans le balado documen‐ taire Projet Polytechnique : Faire face, Marie-Joanne Boucher et Jean-Marc Dal‐ phond remontent aux sources de cette haine, et se confrontent aux pro‐ blèmes de sociétés qui ont mené à la tuerie du 6 dé‐ cembre 1989.
La question du féminicide de polytechnique, ce n’est pas une affaire avec juste une tête. Nous, on appelle ca une hydre, c'est-à-dire qu’il y a plu‐ sieurs têtes à la question de la polytechnique, explique le co‐ médien Jean-Marc Dalphond.
Contrôle des armes, Inter‐ net, misogynie, violence en‐ vers les femmes, couverture médiatique… les thèmes ex‐ plorés par le duo sont vastes. Pour leur rendre justice, le projet a été divisé en six épi‐ sodes de 20 minutes – en plus d’un épilogue de 10 minutes.
La série, qui s'inscrit dans une démarche de théâtre do‐ cumentaire, sera diffusée à compter du 25 novembre sur OHdio.
À écouter aussi :
La bande-annonce de Pro‐ jet Polytechnique : Faire face
Comprendre avant qu’il ne soit trop tard
Au fil de leur démarche, Marie-Joanne Boucher et JeanMarc Dalphond ont rencontré des amateurs et des ama‐ teurs d’armes, un policier qui est intervenu à Polytech‐ nique, ainsi que l’autrice et documentariste Léa Cler‐ mont-Dion, qui craint que les discours misogynes sur le web ne se matérialisent en ac‐ tions réelles.
Le duo a aussi discuté aus‐ si avec un homme qui a failli commettre le pire avec son ex-conjointe, et a même don‐ né rendez-vous à un masculi‐ niste qui dépeint le tueur de Polytechnique comme un hé‐ ros sur Internet.
Ça ne veut pas dire qu’on excuse [les masculinistes], avertit la comédienne MarieJoanne Boucher. Au contraire, ça veut juste dire qu’on les hu‐ manise, parce qu’ils existent, et qu’ils sont là. Et il y a une souffrance. On ne vous le ca‐ chera pas, il y a une réelle souffrance.
Nous, l’objectif, c’est vrai‐ ment d’aller à la rencontre des gens qu’on ne comprend pas.
D’aller parler à ceux qui ont des opinions différentes. Marie-Joanne Boucher De se fermer les yeux, et de se dire : je ne veux pas re‐ garder la misogynie en ligne, les groupes masculinistes hy‐ per violents comme les "in‐ cels", de dire je ne veux pas voir, ça n’empêchera pas que ça existe, abonde Jean-Marc Dalphond, dont la cousine est l’une des quatorze victimes de la tuerie de Polytechnique.
Et c’est un mot qui est gros, mais c’est une menace qui gronde quand même. Et il faut affronter cette menace-là de manière frontale. Il faut ac‐ cepter de faire face à cette réalité-là.
Un projet en plusieurs volets
Marie-Joanne Boucher et Jean-Marc Dalphond planchent sur Projet Poly‐ technique : Faire face depuis environ quatre ans.
Le balado n'est qu'une partie de leur projet. Il docu‐ mente les démarches de leur projet principal : une pièce de théâtre documentaire, qui est encore en préparation. Les té‐ moignages présentés dans le balado seront au coeur de l’oeuvre.
Le défi, selon le comédien et la comédienne : Trouver la poésie à travers tout ça, la lu‐ mière en dessous de toute cette noirceur qu’on révèle à monsieur et madame tout le monde.
Une application pour télé‐ phone intelligent visant à sti‐ muler la réflexion autour du drame de Polytechnique est aussi en développement.
Le balado Projet Polytech‐ nique : Faire face est réalisé par Myriam Berthelet, et pro‐ duit par Porte Parole en colla‐ boration avec Picbois Produc‐ tions et Radio-Canada OHdio. Il sera disponible sur OHdio à compter du 25 novembre.
Ce texte a été écrit à partir d’une entrevue réalisée par Catherine Richer, chroni‐ queuse culturelle à l’émis‐ sion Le 15-18. Les propos ont pu être édités à des fins de clarté ou de concision.