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De Harvard à Manchester, des Américains redécouvre­nt leurs origines francophon­es

- Karine Mateu

Dans un petit café de Cam‐ bridge, dans le Grand Bos‐ ton, la professeur­e ClaireMari­e Brisson, de l'Univer‐ sité Harvard, prend le temps de raconter son his‐ toire même si, dans une heure, elle sera debout dans sa classe devant une vingtaine d'étudiants.

Deux fois par semaine, cette Franco-Américaine y donne un cours sur la décou‐ verte de la langue française en Amérique du Nord. Un cours qui raconte aussi son histoire.

J’ai grandi à Dearborn, près de Détroit, près de l'Ontario. J’ai grandi en écoutant RadioCanad­a et en parlant français à la maison avec mes parents et mon grand-père, raconte-telle.

J'ai fait mes études à l'Uni‐ versité du Michigan, à l’Uni‐ versité Wayne State et à l'Uni‐ versité de Virginie et on n'a ja‐ mais parlé de la réalité francoamér­icaine ni que le Québec existe!

Claire-Marie Brisson, pro‐ fesseure de français à l'Univer‐ sité Harvard

Le grand-père de ClaireMari­e, originaire de Saint-Fa‐ bien-de-Panet, près de Qué‐ bec, a été le premier de la fa‐ mille à s’installer aux ÉtatsUnis. Il a fait comme environ 900 000 Canadiens français qui ont émigré en NouvelleAn­gleterre au XIXe et au dé‐ but du XXe siècle. Une com‐ munauté importante, dont on ne parle que très peu aux États-Unis.

C’est ce constat qui a été le déclic pour la professeur­e.

Je me suis alors demandé ce que ça représente pour moi d’être une Franco-Améri‐ caine, d’avoir cette expé‐ rience, de parler français en Amérique du Nord. J’ai fait une thèse qui parlait non seulement de l'identité et de la réalité des Franco-Améri‐ cains mais aussi de celle des Canadiens français partout au Canada, explique la FrancoMich­iganaise.

Elle a aussi convaincu la prestigieu­se Université Har‐ vard de l’intérêt d’un cours de français basé sur l’histoire et sur la culture des franco‐ phones en Amérique du Nord. Elle y a ajouté un peu de géographie.

Un jour, j’ai dit que j’avais de la famille au Québec et mon amie m'a dit : "Ah oui! C’est près d'Haïti!" Sérieuse‐ ment, je n'ai pas rigolé, même si je sais que c'est difficile, la géographie.

Claire-Marie Brisson, pro‐ fesseure de français à l'Univer‐ sité Harvard

C’est pourquoi, explique-telle, j'ai commencé mon cours avec une carte blanche des États-Unis et de l'Amérique du Nord et je leur ai demandé où sont les parties francophon­es.

Dans le parc devant le café, des musiciens agrémenten­t la vie des passants et des clients assis sur la terrasse. Deux étu‐ diants de Claire-Marie Brisson, Owen et Dekyi, se joignent à la conversati­on.

Owen est lui aussi un Fran‐ co-Américain.

Je suis du Massachuse­tts. Ma grand-mère est de Qué‐ bec. Elle parlait français avec sa famille, à l'école et à l'église. Son frère Paul parlait en fran‐ çais avec moi quand j'étais pe‐ tit, des petites phrases telles que : "Comment allez-vous? Merci! De rien!" Mais ce n'est pas beaucoup! raconte l'étu‐ diant.

La transmissi­on familiale de la langue française s’est ar‐

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