Radio-Canada Info

Une mère dont le fils est mort milite pour un centre de dégrisemen­t à Halifax

-

Jeannette Rogers pense que s'il y avait un centre de dégrisemen­t à Halifax, son fils ne serait peut-être ja‐ mais mort dans une cellule de prison de la police.

Corey Rogers a été arrêté pour intoxicati­on publique en juin 2016 devant l'hôpital où sa femme avait donné nais‐ sance à leur bébé.

Il avait quelques arresta‐ tions similaires à son dossier et cette fois-là les policiers ont dit que l'homme de 41 ans leur avait craché dessus, alors ils lui ont mis une cagoule sur la tête et l'ont emmené dans une cellule de prison

Il a suffoqué et il est mort moins d'une heure plus tard.

Jeanette Rogers croit qu’un centre de dégrisemen­t aurait pu sauver son fils.

Je pense qu'il aurait pu ob‐ tenir l'aide dont il avait be‐ soin, dit-elle. Et il aurait survé‐ cu.

Le conseil régional d'Hali‐ fax votera mardi sur un projet pilote de trois ans visant à ins‐ taller un centre de rétablisse‐ ment à court terme doté prin‐ cipalement de pairs aidants.

S’il est accepté, la munici‐ palité s'associerai­t à la pro‐ vince pour créer un centre de dégrisemen­t et de répit. La motion vient après deux ans de recherche et de consulta‐ tion par le Bureau de la sécuri‐ té publique d'Halifax.

Il recommande la création d'un établissem­ent pouvant accueillir au moins 10 per‐ sonnes. Halifax et la province se partagerai­ent des coûts d'environ 278 000 $ cette an‐ née et de 980 000 $ chacune des deux prochaines années.

La dotation en personnel comprendra­it des travailleu­rs de soutien par les pairs et du soutien culturelle­ment appro‐ prié et inclusif, mais il n'y a au‐ cune mention de profession‐ nels de la santé dans la mo‐ tion.

L'objectif serait de connec‐ ter les patients aux services appropriés, de réduire la pres‐ sion sur les premiers interve‐ nants et les salles d'urgence des hôpitaux et d'arrêter de criminalis­er la dépendance.

Un bon service, au bon en‐ droit, par les bonnes per‐ sonnes, au bon moment, af‐ firme la Dre Leah Genge, mé‐ decin de famille spécialisé­e en toxicomani­e.

Elle travaille avec le pro‐ gramme Mobile Outreach Street Health à Halifax et elle dit avoir vu les effets négatifs de la criminalis­ation de la dé‐ pendance. Elle dit que la ré‐ ponse actuelle de la NouvelleÉc­osse à la toxicomani­e n'est pas assez bonne.

Je pense que nous avons beaucoup de travail à faire dans la province, dit-elle. Nous avons beaucoup de tra‐ vail à faire dans tous les as‐ pects des soins aux toxico‐ manes.

Le directeur général de la santé mentale et des dépen‐ dances de la province est d'ac‐ cord.

Nous avons un long che‐ min à parcourir, je pense, pour arriver à un endroit où nous avons tout ce que les fournisseu­rs de médecine de la toxicomani­e aimeraient voir, admet le Dr Sam Hick‐ cox. Mais nous sommes ve‐ nus de loin.

Le Dr Hickcox rappelle les progrès significat­ifs au cours des 10 dernières années.

Il y a maintenant plus de médecins qui travaillen­t dans le domaine de la toxicomani­e, il est plus facile d'accéder à des médicament­s comme la méthadone et il y a de nou‐ velles initiative­s comme le projet de logement de réduc‐ tion des méfaits Overlook et les centres de récupérati­on de la toxicomani­e et de la santé mentale, dit-il.

Il ajoute qu’un centre de dégrisemen­t est un bon exemple de réduction des méfaits qui a réussi ailleurs et qui pourrait fonctionne­r à Ha‐ lifax.

D'abord et avant tout, le personnel doit faire preuve d'empathie et de compassion, dit-il. Une fois la confiance établie,il croit que l'établisse‐ ment peut être utilisé comme point d'entrée pour d'autres types de soins et de soutien.

Arrestatio­ns en d'ivresse état

Des centaines de per‐ sonnes sont incarcérée­s chaque année pour intoxica‐ tion publique à Halifax, selon la police régionale d'Halifax.

Il y a eu plus de 1700 ad‐ missions en 2018 et près de 1600 en 2019. Ce nombre est tombé à 528 en 2020.

La police régionale d'Hali‐ fax a refusé une demande d'entrevue, mais dans un communiqué, un porte-pa‐ role écrit que le ministère sou‐ tenait la réduction des mé‐ faits et travailler­ait avec les in‐ tervenants communauta­ires pour développer de telles ini‐ tiatives.

Les officiers et les gardiens de cellule qui ont arrêté Corey Rogers et l'ont mis dans une cellule n'ont pas suivi la poli‐ tique.

Ils l’ont laissé allongé sur le sol avec une cagoule sur la tête et ne l'ont pas surveillé pendant plusieurs heures jus‐ qu'à ce qu'ils le trouvent mort.

La police place des ca‐ goules sur la tête des prison‐ niers pour éviter qu'ils ne soient mordus ou crachés dessus. Leur utilisatio­n a été critiquée en particulie­r si les détenus vomissaien­t à l'inté‐ rieur de la cagoule, créant un risque d'étouffemen­t.

Il doit y avoir une meilleure solution qu'une salle de béton vide, croit Jean‐ nette Rogers.

Avec les informatio­ns de Josh Hoffman de CBC News

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada