Une première en Amérique du Nord pour l’industrie du recyclage des batteries
La minière Electra lance bientôt la production dans sa raffinerie de cobalt, des installations qui pourront aussi traiter des résidus électroniques pour en ex‐ traire des minéraux impor‐ tants pour la transition énergétique.
À première vue, la bâtisse grisâtre qui abrite le parc de matériaux pour batteries d’Electra ne se distingue pas des autres bâtisses indus‐ trielles qui se trouvent dans la région de Cobalt, dans le Nord de l’Ontario.
Mais l’on trouve ici une in‐ frastructure qui n’existe nulle part ailleurs sur le continent américain.
Dans quelques mois, la mi‐ nière Electra recyclera sur ce site les batteries trouvées dans les déchets électro‐ niques pour en extraire du co‐ balt, un minerai important pour les véhicules électriques.
Le cobalt, les véhicules électriques, et la Chine
Avec sa résistance à la cha‐ leur, à l’usure et à la corrosion, le cobalt prolonge la durée de vie des batteries lithium-ion qu’on retrouve dans les batte‐ ries pour cellulaires et véhi‐ cules électriques
La Chine domine actuelle‐ ment le marché de raffinage de cobalt en produisant près de 80 % de l’approvisionne‐ ment mondial
Trouver sa place dans la chaîne d’approvisionne‐ ment
Lorsqu’il a commencé à s’intéresser au Nord ontarien, le président-directeur général d’Electra Trent Mell espérait découvrir des gisements de cobalt et développer une mine.
Mais la possibilité de ra‐ cheter les installations d’une raffinerie de Cobalt s’étant placée à l’abri de ses créan‐ ciers en 2017 est venue boule‐ verser ce plan.
Les permis étaient déjà en place, alors que d’habitude ce genre de processus peut prendre des années, se sou‐ vient M. Mell.
Pour éviter le même sort que les anciens propriétaires de la raffinerie, dont la faible production a mené à la faillite, Electra a investi 100 M$ pour moderniser et agrandir les in‐ frastructures existantes.
Ces travaux ont augmenté la capacité de production de l’entreprise par un facteur de cinq.
Récupérer les maté‐ riaux critiques des déchets électroniques
En plus de raffiner le co‐ balt, Electra s’est dotée des in‐ frastructures nécessaires pour recycler les matériaux dans les batteries usées.
Depuis deux ans, Electra étudie différentes façons d’ex‐ traire les matériaux straté‐ giques de ces déchets électro‐ niques, qui arrivent au sein de l'usine sous la forme d'une poudre noire avant d'être transformés.
Le processus est relative‐ ment nouveau et expérimen‐ tal, mais c’est un prolonge‐ ment normal de ce que l'on veut faire en tant que raffi‐ neurs de Cobalt, explique M. Mell.
L’entreprise a construit un laboratoire à l’intérieur même de l’usine, pour étudier les échantillons de poudre noire et obtenir les résultats rapide‐ ment.
Les résultats des derniers mois sont très prometteurs, selon Graham Kinsman, un des technologues du labora‐ toire. Il y a une importante concentration de matériaux recouvrables dans ces batte‐ ries que l’on peut ensuite ex‐ traire et réutiliser.
Récupérer ces matériaux est une façon durable d’aug‐ menter la production de co‐ balt, un minerai qui sera très prisé pour l’électrification des transports dans la prochaine décennie, se réjouit M. Kins‐ man.
Ça me rassure qu’on a maintenant une façon de re‐ cycler ces matériaux, au lieu de les enfouir dans un dépo‐ toir, confie M. Kinsman.
Peu d’entreprises ont les infrastructures requises pour faire ce genre de raffinage, mais la situation pourrait changer alors que de plus de plus de batteries usées font leur entrée dans le marché, croit M. Mell.
Ça va prendre environ huit Electra sur ce continent pour répondre aux besoins pour les véhicules électriques. Ce que l'on fait ici, ça va être ré‐ pété au Québec et ailleurs. C’est vraiment le début d’une toute nouvelle industrie, af‐ firme-t-il.
Se tailler une place dans la communauté
À Cobalt, le regain d’intérêt pour le minerai dont la ville porte le nom fait sourciller les