Radio-Canada Info

23 décembre: Noël pour tous et surtout pour toutes

- Helen Faradji

India Desjardins et Miryam Bouchard signent un film de Noël de chez nous, à voir en salle à compter du 25 novembre.

Les flocons de neige, les sapins qui scintillen­t, les senti‐ ments qui débordent… A prio‐ ri, la recette du film de Noël n’a rien de sorcier. Pourtant, le cinéma québécois s’y est peu frotté.

Pourquoi? On en parle avec la réalisatri­ce Myriam Bouchard (Mon cirque à moi) et la scénariste India Desjar‐ dins, qui ont tricoté ensemble 23 décembre, film choral de Noël où se croisent, dans les allées du château Frontenac, une jeune autrice maladroite (Virginie Fortin), une future maman (Catherine Brunet), une directrice d’hôtel débor‐ dée (Bianca Gervais) et une at‐ tachée de presse (Catherine Souffront) éprise d’un homme marié.

Et si vous répondiez à cette question qui est po‐ sée dans 23 décembre: pourquoi Noël?

Myriam Bouchard: Je ne suis pas un grinch; j’adore Noël! Mon père vendait des sapins, on écoutait Elvis chante Noël en juillet, et j’aime les marchés de Noël! Ce n’est pas tant pour les ca‐ deaux ou la consommati­on, mais j’aime retrouver les gens que j’aime et tout mettre sur pause pour vivre enveloppée d’amour.

India Moi, j’adore les films de Noël, mais je ne m’y retrouvais pas et je trouvais qu’il n’y en avait pas au Québec. C’est donc venu combler un besoin de me voir représenté­e comme femme. Dans le film, plusieurs senti‐ ments à l’égard de Noël se cô‐ toient: il y a des grinchs et des lutins, et moi, j’ai les deux en moi!

Desjardins: Le Québec est un pays d’hiver et la tradition des fêtes y est forte. Comment expliquez-vous cette ab‐ sence ou presque de films de Noël d’ici? M.B.:

Mon explicatio­n est celle d’une réalisatri­ce : c’est difficile de tourner l’hiver.

On est à la merci de la mé‐ téo, c’est très coûteux, tout est doublé en matière de temps, et on travaille dans la noirceur, donc il faut éclairer plus. Noël, au cinéma, ça coûte cher! C’est complexe et ça représente beaucoup de défis techniques, d’autant plus qu’on a voulu qu’un des personnage­s soit une tem‐ pête de neige!

I.D.: On sait qu’au Québec, un projet comme ça, c’est long. J’ai failli abandonner 45 fois, mais c’était presque de‐ venu une cause: « Je veux que ce film-là existe! »

Je sais que pour plusieurs, un film de Noël, c’est qué‐ taine, mais j’assume le côté pop et, surtout, je voulais remplir un besoin: le mien, comme spectatric­e.

Ce que je voyais, c’étaient des films avec des hommes qui vivent l’action ou des filles qui doivent renoncer à ellesmêmes pour aller faire des biscuits pour un veuf dans un village. Je ne m’y retrouvais pas! Je me suis donc lancé le défi de le faire ici, au Québec, pas tourné en Oregon avec de la fausse neige, en m’assurant que les filles n’y seraient pas définies par leurs histoires d’amour.

India, vous avez écrit un essai sur la représenta­tion des amours toxiques dans les fictions (Mister Big ou la glorificat­ion des amours toxiques). En quoi cela a-t-il teinté votre écriture? I.D.:

En fait, Mister Big ex‐ plique tout ce que j’écris de‐ puis le début, mais c’est allé mettre des connaissan­ces sur mes instincts.

J’essaie toujours de chan‐ ger ce qu’on nous montre comme personnage­s féminins et écrire ce livre m’a aidée à trouver des arguments pour qu’on se batte si l’on essayait de nous imposer des points de vue.

Ça m’a aussi aidée à pous‐ ser ma réflexion et à davan‐ tage remettre en question nos biais, avec Myriam qui l’avait lu, ce qui m’avait fait très plaisir.

M.B.: Oui, et j’ajouterai que moi, comme parent, je vois bien qu’il n’existe pas grand-chose à offrir à ma fille comme modèle féminin qui décide de sa destinée, qui est dans l’action et pas dans le re‐ gard de l’autre. On a encore énormément de chemin à faire et on peut en faire un bout avec un film de Noël, parce que ce film, il va finir par jouer chaque année à la télé à Noël, et ma fille va gran‐ dir avec ces personnage­s fé‐ minins forts.

Un film féministe, ce n’est pas obligé d’être pamphlé‐ taire. Ça peut être dans la douceur, le pop et le rire.

Une dernière question: le meilleur film de Noël, c’est…? M.B.:

J’aime La famille Stone, sans limites!

I.D.: Moi, je dis The Holi‐ day, parce que Nancy Meyers est mon idole.

Complément­s:

Mon cirque à moi, de Mi‐ ryam Bouchard: un film avec un coeur gros comme ça amours toxiques à la télé, avec India Desjardins 23 dé‐

Les cembre: un film de Noël pas comme les autres 23 décembre, en salle le 25 novembre.

La bande-annonce (source :YouTube)

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