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22 novembre 1982 : Anne Hébert, lauréate du prix Femina pour Les fous de Bassan

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Il y a 40 ans, Anne Hébert devenait la deuxième au‐ teure canadienne à rece‐ voir le prestigieu­x prix lit‐ téraire français Femina. Nos archives nous rap‐ pellent l’événement et dé‐ crivent une oeuvre aux ac‐ cents à la fois sombres, ly‐ riques et polyphoniq­ues. Un cadeau inespéré

Le 22 novembre 1982, dès le premier tour, le prestigieu­x prix Femina est décerné à Anne Hébert pour le roman Les fous de Bassan.

La correspond­ante à Paris, Madeleine Poulin, le souligne dans un compte rendu diffusé au Téléjourna­l ce jour-là.

Anne Hébert avait de jus‐ tesse échappé le prix Gon‐ court la semaine précédente.

C’est la deuxième fois qu’une écrivaine canadienne remporte le prix Femina.

En 1947, Gabrielle Roy avait été la première lauréate étrangère à recevoir cette dis‐ tinction pour son roman Bon‐ heur d’occasion.

Anne Hébert ne voit pas le prix Femina comme un prix de consolatio­n.

Au contraire, dit-elle, c’est un cadeau inespéré.

Fruit d’une longue période de réflexion et de rêveries du bord du fleuve Saint-Laurent, l’auteure a écrit Les fous de Bassan en un an.

L’obtention du prix Femina va contribuer à mousser les ventes du livre.

C’est une bénédictio­n pour une artiste qui, à Paris depuis des années, vit seulement de sa plume.

Une oeuvre complexe

Le roman Les fous de Bas‐ san est une oeuvre complexe et dense.

Il raconte les circonstan­ces qui ont mené à la double dis‐ parition des cousines Olivia et Nora Atkins du village de Grif‐ fin Creek en Gaspésie le 31 août 1936.

Les voix des habitants de Griffin Creek se superposen­t et cette polyphonie permet lentement de révéler le dé‐ roulement de l’intrigue.

Les personnage­s ex‐ priment des vies pleines de drames, de violences et de re‐ grets.

Le journalist­e Paul Toutant réalise cet entretien avec Anne Hébert le 8 dé‐ cembre 1982.

Dans cette interview, le journalist­e et l’auteure dis‐ cutent des éléments qui construise­nt le roman.

Anne Hébert relève no‐ tamment le rôle joué par l’en‐ vironnemen­t maritime — l’eau et le vent omniprésen­t et

envoûtant — de même que la fatalité qui habite les femmes, et aussi les hommes, qui ap‐ paraissent dans son livre.

Paul Toutant s’entretient par ailleurs avec Anne Hébert de processus d’écriture.

Elle avoue avoir éprouvé une certaine difficulté à bâtir le roman.

C’est l’utilisatio­n du mono‐ logue intérieur par les person‐ nages qui, finalement, ra‐ conte Anne Hébert, lui a per‐ mis de faire progresser et d’expliquer le drame qui s’est déroulé dans le village gaspé‐ sien.

Un film qui met en images les mots d’Anne Hé‐ bert

C’est le réalisateu­r Yves Si‐ moneau qui adaptera le ro‐ man d’Anne Hébert au ciné‐ ma.

Le 15 décembre 1986, la journalist­e Isabelle Albert pré‐ sente, à l’émission Le Point, un reportage qui inclut plu‐ sieurs extraits d’entrevues d’Anne Hébert et de Yves Si‐ moneau qui y discutent du film Les fous de Bassan.

Pierre Nadeau anime Le Point ce jour-là.

Yves Simoneau avoue qu’il a d’abord été perplexe quant à réaliser Les fous de Bassan.

C’était comme affronter une grosse vague de poésie, assure-t-il.

Puis, il a trouvé une façon de transposer à l’écran ce ro‐ man réputé inadaptabl­e au ci‐ néma.

Il a terminé le scénario en 10 jours.

Le lieu de tournage où l’on a situé Griffin Creek a consti‐ tué un défi particulie­r.

L’île de Bonaventur­e, à l’ex‐ trémité de la péninsule gaspé‐ sienne, n’était jamais entrée dans le 20e siècle.

Il a fallu tout y amener l’équipement, notamment une génératric­e, pour alimen‐ ter en électricit­é l’équipe tech‐ nique.

Des transports adaptés ont dû être créés pour dépla‐ cer les comédiens.

Yves Simoneau dans un extrait raconte en riant une anecdote.

Le jeu d’acteur de Lothaire Bluteau en simple d’esprit semblait tellement authen‐ tique que des Français lui ont demandé s’il avait été difficile de travailler avec un déficient mental.

Pas de problème aurait ré‐ torqué le réalisateu­r. Il a fait le conservato­ire!

Anne Hébert, pour sa part, est ravie du résultat de la transposit­ion de son roman sur la pellicule.

Au début, elle craignait qu’on ne réduise au petit écran son livre à une simple intrigue policière.

Mais, interrogée par Isa‐ belle Albert, Anne Hébert avoue avoir apprécié le jeu et la présence des comédiens de même que la direction d’ac‐ teurs.

On peut d’ailleurs voir dans le reportage d’Isabelle Albert quelques courts ex‐ traits du film Les fous de Bas‐ san.

Celles-ci confirment la beauté des images et l’intensi‐ té du jeu des acteurs.

En complément :

La vie et l'oeuvre d'Anne Hébert racontées par M.-A.La‐ montagne Il y a 20 ans dispa‐ raissait Anne Hébert Le destin exceptionn­el de Gabrielle Roy Legs et rayonnemen­t de Péla‐ gie-la-Charrette d’Antonine Maillet

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