Fin annoncée pour la seconde intercalaire, un cauchemar informatique
Les entreprises de l’indus‐ trie technologique ont de quoi se réjouir : la seconde intercalaire, une correc‐ tion temporelle, appartien‐ dra bientôt au passé. C’est ce à quoi se sont entendus presque à l’unanimité les États membres du Bureau des poids et mesures, qui se réunissaient à Versailles vendredi.
Tous les 21 mois environ, depuis 1972, l’horloge du temps universel coordonné (UTC) a besoin d’un correctif qui tient compte du ralentis‐ sement progressif de la rota‐ tion de la Terre. Cette correc‐ tion temporelle d’une se‐ conde, appelée seconde inter‐ calaire, est irrégulière – comme la vitesse de rotation de la Terre – et donc difficile à prévoir.
Résultat : elle a causé de‐ puis son introduction de nombreux maux de tête aux développeurs et dévelop‐ peuses dont les systèmes né‐ cessitent une chronométrie précise.
C’est notamment le cas du forum Reddit qui, en 2012, a été affecté par une panne d’une quarantaine de mi‐ nutes. Ses serveurs ont été perturbés en raison d’une nouvelle seconde intercalaire.
Le service DNS de Cloud‐ flare a jeté le blâme sur cette correction temporelle lors d’une panne survenue en 2017 à minuit au Nouvel An.
Les déboires causés par la seconde intercalaire ont même poussé Meta, la mai‐ son mère de Facebook et Ins‐ tagram, à publier un billet de blogue cette année plaidant en faveur de sa suppression. L’entreprise utilise une tech‐ nique d’étalement pour éviter les pannes à chaque ajuste‐ ment.
Chaque seconde interca‐ laire est une source majeure de douleur pour les per‐ sonnes qui gèrent les infra‐ structures matérielles.
Extrait d’un billet de blogue de Meta
Il faut croire que cette pu‐ blication s’est rendue aux oreilles des scientifiques et pays membres du Bureau in‐ ternational des poids et me‐ sures qui ont voté en faveur de la résolution D, qui vise à mettre un point final à cette pratique d’ici 2035.
La résolution D doit toute‐ fois être approuvée par l’Union internationale des té‐ lécommunications, organisa‐ tion responsable de la trans‐ mission du temps universel avant de pouvoir être officiel‐ lement adoptée. La question fera l’objet d’un vote en 2023 par ses membres.
Si la mesure reçoit ce der‐ nier feu vert, elle entrera en vigueur au moins jusqu’en 2135. Pourquoi cette année? On veut laisser le temps aux métrologues et astronomes de mettre au point un sys‐ tème mieux adapté pour syn‐ chroniser les échelles de temps atomique et astrono‐ mique.