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La police annonce à des parents la mort de leur fils... qui est bien vivant

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Blessé, traumatisé et insul‐ té, un couple de Dieppe au Nouveau-Brunswick compte lancer une pour‐ suite contre la GRC pour une erreur qui l'a fait som‐ brer dans le pire cauche‐ mar que des parents puissent vivre.

Dans la nuit de lundi à mardi, des membres de la Gendamerie royale du Cana‐ da (GRC) au Nouveau-Bruns‐ wick ont cogné à la porte de Donna et David Price pour leur annoncer une terrible nouvelle.

Le fils adulte de Donna Price venait d’être retrouvé mort, ont dit les policiers. Au‐ cun doute possible : ils avaient formelleme­nt identi‐ fié le défunt.

Mardi matin, des proches et des amis se sont rendus au domicile des Price pour offrir leur soutien au couple dévas‐ té. Les grands-parents, très âgés, ont reçu le terrible coup de fil les informant de la dis‐ parition.

En dépit de la peine et du choc, les parents n’ont eu d’autre choix que de com‐ mencer à préparer les arran‐ gements funéraires.

Puis, des employés du bu‐ reau du coroner ont fait une étonnante découverte lors‐ qu’ils se sont rendus chez le fils, mardi après-midi, pour re‐ cueillir certains articles et do‐ cuments dont le coroner avait besoin.

L'homme apparemmen­t décédé s’y trouvait, en chair et en os et bien vivant.

Persécutio­n des moins nantis, selon l’avocat

L’homme qui a été, à tort, déclaré mort n’est pas nom‐ mé. Sa famille a fait savoir, par son avocat, qu’elle ne désire pas dévoiler son nom, afin de le protéger de l’attention du public.

C'est un cas flagrant de né‐ gligence policière qui cause de la souffrance morale. Pire en‐ core, c'est un cas d'indiffé‐ rence envers ceux qui sont dans une classe économique moins élevée, déclare Me Brian Murphy, l’avocat qui représente Donna et David Price.

Donna et David Price comptent poursuivre la GRC pour négligence. Parallèle‐ ment, ils vont entreprend­re une démarche devant la Com‐ mission civile d'examen et de traitement des plaintes rela‐ tives à la GRC.

Un communiqué du cabi‐ net d’avocats Forté men‐ tionne vendredi que le défunt a été trouvé lundi soir dans une installati­on de la Ville de Moncton. Ce soir-là, un homme a été retrouvé mort dans une toilette publique près de l’hôtel de ville. Plus tôt dans la journée, cet homme avait survécu à une surdose dans les locaux d’un orga‐ nisme venant en aide aux per‐ sonnes sans-abri.

Ces circonstan­ces ont joué un rôle et ajoutent à l’odieux de l’affaire, selon l’avocat de la famille.

S'il s'était agi d'un individu distingué, bien habillé, trouvé au même endroit, on sait tous qu'ils auraient fait plus atten‐ tion.

Me Brian Murphy, avocat de Donna et David Price

À l’évidence, soutient l’avo‐ cat, la GRC ne s'est pas donné la peine de confirmer l'identi‐ té du défunt auprès de ses proches ou d'avoir recours à des méthodes fiables comme les empreintes digitales, ou même un test d'ADN.

Pas d’excuses, mais de la condescend­ance

Au-delà de la grotesque er‐ reur, Donna et David Price sont furieux de la réponse de la GRC lorsque les policiers ont été confrontés à leur er‐ reur.

Quand les Price ont com‐ muniqué avec la police, mardi, après avoir appris que leur fils était bien vivant, le membre de la GRC qui leur a répondu au téléphone se serait d'abord obstiné avec eux, in‐ sistant pour dire que leur fils n'était pas vraiment vivant.

Le corps policier aurait en‐ suite envoyé les Price au bu‐ reau du coroner puisque ce n'était plus son problème, se‐ lon l’avocat de la famille. Per‐ sonne à la GRC ne s’est excusé de quoi que ce soit, soutient le couple de Dieppe.

Les employés du bureau du coroner se sont confondus en excuses et ont été très ser‐ viables, disent les Price. Ils ont expliqué qu'ils doivent agir en fonction des informatio­ns que leur donne la police.

Deux autres membres de la GRC se sont rendus au do‐ micile des Price à Dieppe. À la mère et au beau-père, ils ont expliqué avoir fait une identi‐ fication visuelle du défunt et cru reconnaîtr­e leur fils, dont ils avaient une photo dans leurs dossiers. Ils ont affirmé qu'il s'agissait d'une erreur re‐ grettable, mais compréhen‐ sible.

La famille n’est pas de cet avis.

L'expérience entière a été traumatisa­nte. Le deuil et le choc, le fait d’avoir à informer nos proches, combinés à l'ar‐ rogance et au manque d'em‐ pathie de la GRC, c'est trop pour nous.

Donna Price

L’absence totale de re‐ mords ou d’excuses, leurs pré‐ somptions condescend­antes et arrogantes au sujet de notre fils et de la personne qui est réellement décédée sont tellement insultante­s, s’indigne le beau-père, David Price.

Une pensée pour le dé‐ funt et sa famille

Selon l’avocat qui a pris l’af‐ faire en charge, les membres de la famille ont été traumati‐ sés et certains ont cherché à obtenir de l'aide psycholo‐ gique et médicale cette se‐ maine.

Donna Price a aussi une pensée pour la personne qui est décédée et pour ceux qui l’aimaient. Nous sommes tristes pour les proches de cette personne, mentionne-telle. Mme Price déplore le temps perdu, qui aurait dû être consacré par la police à identifier correcteme­nt le dé‐ funt et à faire les démarches auprès de sa famille.

Malgré les émotions de cette semaine, les Price ont tenu à offrir leurs sincères condoléanc­es aux proches de cette personne.

Une poursuite contre la GRC sera déposée, a indiqué vendredi le cabinet d’avocats qui représente le couple.

La GRC au NouveauBru­nswick estime qu'il serait inappropri­é de commenter puisque cette affaire pourrait bientôt faire l'objet de procé‐ dures judiciaire­s. La GRC du Nouveau-Brunswick est au courant de cette affaire et est en communicat­ion avec les membres de la famille au su‐ jet de cette situation liée à ses procédures internes.

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