Pénurie de laitue : des producteurs au Nouveau-Brunswick prêts à relever le défi
C’est presqu'un luxe, au‐ jourd’hui, que de s'offrir une laitue romaine ou ice‐ berg. Le prix d’achat de ces plantes potagères, expor‐ tées principalement des États-Unis, a augmenté de façon importante. Avec un peu d’appui, des produc‐ teurs néo-brunswickois se disent capables d'approvi‐ sionner suffisamment le marché atlantique.
Les provinces de l’Atlan‐ tique et même l’ensemble du pays sont, depuis quelques semaines, confrontées à une pénurie de laitue romaine et iceberg.
La situation se prolonge, sans savoir jusqu’à quand les étalages des épiceries vont être, à nouveau, approvision‐ nés en quantité suffisante.
La rareté de ces laitues est causée par la sécheresse et une maladie qui a ravagé les récoltes en Californie, aux États-Unis.
Dans ce contexte, des pro‐ ducteurs néo-brunswickois voudraient du soutien pour leur permettre d'accroître leur production.
C’est le cas de la compa‐ gnie Enogrow, installée à Cara‐ quet, dans le nord du Nou‐ veau-Brunswick. Elle produit annuellement, en culture hors-sol, 90 000 têtes de lai‐ tue. Et envisage de l'augmen‐ ter considérablement.
On doit dépasser nos plans d’expansion de deux ans. Et, additionnellement, avoir près de 600 000 têtes de laitue par an. Pour nous, c’est un problème heureux.
L’équipement, il est là. Le local, il est là. Il nous reste seulement à avoir des contrôles et faire des proposi‐ tions pour avoir les fonds né‐ cessaires pour aider le Nou‐ veau-Brunswick à atteindre l'autosuffisance alimentaire.
Daniel Ratté, coproprié‐ taire de la compagnie En‐ ogrow
La compagnie Enogrow n’est pas la seule productrice à voir, en cette pénurie, une occasion d'affaires. Local By Atta, une entreprise dispo‐ sant d’une ferme hydropo‐ nique à Moncton n'exclut pas à son tour d’augmenter sa production. Un investisse‐ ment qui, pour elle, reste tout de même difficile à soutenir toute seule.
C'est quand même cher de commencer une ferme comme ça. Les lumières, les contrôles d’environnement, sont très chers. On ne peut pas simplement ajouter un autre champ à notre produc‐ tion. Ça prend quand même des mois de planification pour augmenter la produc‐ tion, confie Julian Howatt, propriétaire de la compagnie Local By Atta.
Une vision atlantique
Les deux compagnies néobrunswickoises vont un peu plus loin. Elles affirment pou‐ voir approvisionner les quatre provinces de l’Atlantique. Leurs produits n'auraient d'ailleurs rien à envier à ceux venus de l'extérieur. Bien au contraire.
Parce que c’est produit à l'intérieur, on ne va pas ajou‐ ter des pesticides, rien comme ça. C’est déjà à la base des produits de meilleure qualité, avance Julian Howan.
Daniel Ratté, coproprié‐ taire de la compagnie En‐ ogrow, renchérit : c'est que la laitue à leur livrée, elle a seule‐ ment 24 heures. [Il n'y a pas] une laitue qui vient de Califor‐ nie [qui] va avoir moins de 7 à 11 jours, ce qui ne laisse pas beaucoup de temps aux gens pour la consommer, soutientil.
La réalisation de cette am‐ bition pourrait prendre en‐ core quelque temps. D’ici là, la pénurie continue de changer les habitudes alimentaires, tant à la maison, que dans les restaurants.
Certains restaurateurs ont diminué la quantité de laitue offerte dans les repas servis aux clients. D'autres ont com‐ plètement retiré la laitue de leur menu.
Nombre de restaurants proposent, en revanche, des substituts tels que l’épinard et des mélanges qui restent en‐ core accessibles.
On a pas le choix que d’être créatif puis d’explorer différentes avenues, dans ces temps-là, au lieu de toujours refiler la facture au client, avoue Dominique Ratté, pro‐ priétaire de la chaîne de res‐ taurants Guacamole à Monc‐ ton.