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Il faut adapter la Loi sur les mesures d’urgence aux nouvelles menaces, dit Mendicino

- Micheline Laflamme

Le gouverneme­nt de Justin Trudeau tire déjà des conclusion­s de son recours à la Loi sur les mesures d’urgence (LMU) avant même d’avoir reçu le rap‐ port du juge Paul Rouleau, chargé d’enquêter sur son invocation, l’hiver dernier. La loi doit être modernisée, selon le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino.

L’occupation du centrevill­e d'Ottawa et les barrages routiers aux frontières orches‐ trés par les sympathisa­nts du convoi de la liberté dé‐ montrent que les outils à la dispositio­n des forces de l’ordre ont besoin d’être ac‐ tualisés.

Il y a une évolution des menaces à la sécurité pu‐ blique au chapitre de l’idéolo‐ gie et de la rhétorique extré‐ mistes, a déclaré M. Mendici‐ no dans une entrevue accor‐ dée aux Coulisses du pouvoir.

Les médias sociaux et les campagnes de sociofinan­ce‐ ment n’existaient pas lors de l’adoption de la LMU, en 1988. Le contexte géopolitiq­ue a bien changé et l’ingérence étrangère ne se manifeste pas nécessaire­ment de la même façon.

Le ministre Mendicino croit que le rapport du juge Rouleau donnera des pistes de discussion aux élus. Le commissair­e Rouleau doit non seulement déterminer si le gouverneme­nt Trudeau avait de bonnes raisons de re‐ courir à la LMU mais aussi évaluer s’il y a lieu d’y appor‐ ter des modificati­ons.

Le ministre de la Sécurité publique affirme qu’Ottawa devait s’en servir compte tenu de l’ampleur du mouvement. C'était vraiment difficile pour les services policiers, non seulement pour restaurer mais aussi pour maintenir la sécurité publique.

M. Mendicino, six autres ministres et le premier mi‐ nistre Trudeau ont témoigné la semaine dernière devant la Commission pour expliquer en quoi la crise qui secouait le pays représenta­it un danger pour l’ordre public.

Chacun a détaillé les rai‐

sons qui l'ont poussé à ap‐ puyer la décision du gouver‐ nement. Pour la ministre des Finances, Chrystia Freeland, la sécurité économique du pays était en péril. Pourtant, l’argu‐ ment financier n’est pas men‐ tionné dans la loi.

Dans le cas de M. Mendici‐ no, c’est l’appel de la commis‐ saire de la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC). Bren‐ da Lucki, le 13 février, soit la veille de l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence, qui a été déterminan­t.

Elle l’avait alors alerté de la présence à Coutts, en Alberta, d’une cellule de manifestan­ts armés jusqu’aux dents et prêts à mourir pour la cause. C'était une situation très grave, très sérieuse. Et ce sont [les informatio­ns qu’elle m'a révélées] pendant cette conversati­on qui ont influen‐ cé mon avis.

Le directeur du Service ca‐ nadien du renseignem­ent de sécurité (SCRS), David Vi‐ gneault, était lui aussi persua‐ dé qu’il fallait recourir à l’état d’urgence, même s’il considé‐ rait que ni le convoi de la li‐ berté ni les barrages routiers ne représenta­ient une me‐ nace à la sécurité nationale.

La présence d'individus idéologiqu­ement motivés, des manifestat­ions imprévi‐ sibles et l’absence de plan pour restaurer l’ordre l’ont amené à dire que les moyens en place n’étaient pas suffi‐ sants.

C’est un ensemble de fac‐ teurs qui ont fait pencher la balance, a déclaré M. Mendici‐ no. Il y avait des lacunes dans les lois, a-t-il indiqué; il fallait empêcher des sympathisa­nts de traverser la frontière pour rejoindre les manifestan­ts, trouver des moyens pour re‐ morquer les camions qui obs‐ truaient les rues et utiliser des outils financiers pour convaincre les protestata­ires de rentrer chez eux. La LMU leur a permis de régler ces problèmes.

Tout le monde a fait pour le mieux dans des circons‐ tances très difficiles. Et en tant que ministre de la Sécuri‐ té publique, mon job est de protéger tous les Canadiens et toutes les Canadienne­s. Et ça, c'est exactement le résul‐ tat de la décision de l’invoca‐ tion de la Loi sur les mesures d'urgence.

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