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Discussion­s sur l’agrandisse­ment du parc marin Saguenay–SaintLaure­nt

- Laurence Vachon

Le gouverneme­nt du Qué‐ bec confirme que des dis‐ cussions ont cours avec Ot‐ tawa sur un éventuel pro‐ jet d'agrandisse­ment du parc marin SaguenaySa­int-Laurent. Si ces négo‐ ciations sont concluante­s, les deux gouverneme­nts pourraient en faire l'an‐ nonce dès le mois pro‐ chain. Ils le feraient à la fa‐ veur de la grande confé‐ rence internatio­nale des Nations unies sur la biodi‐ versité à Montréal.

C'est le quotidien Le De‐ voir qui a d'abord évoqué la possibilit­é d'une entente sur le sujet. Dans les milieux spé‐ cialisés comme le Comité de coordinati­on du parc marin, on évoque librement ce scé‐ nario avec l'espoir qu'il se réa‐ lise rapidement.

Le directeur général à la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), Alain Branchaud, analyse que tout est en place pour que les gou‐ vernements annoncent des mesures concrètes de protec‐ tion de la biodiversi­té lors de la COP15.

Le gouverneme­nt fédéral a fait son camp. Il va opter pour l’agrandisse­ment du parc ma‐ rin, qui semble être l’option fa‐ vorite du gouverneme­nt du Québec. On espère que le gouverneme­nt du Québec va saisir l’occasion et profiter de la COP15 pour annoncer conjointem­ent avec le gou‐ vernement fédéral l’agrandis‐ sement du parc marin, estime Alain Branchaud.

Selon lui, la COP15 est l'oc‐ casion pour les gouverne‐ ments canadien et québécois de mettre l'épaule à la roue et d'envoyer un signal clair qu’ils sont engagés dans la protec‐ tion des écosystème­s marins.

Le professeur émérite à l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMERUQAR) et président du comité de coordinati­on du parc ma‐ rin, Émilien Pelletier, estime lui aussi que les négociatio­ns avancent rondement. Selon ses informatio­ns, les discus‐ sions sont très bien entamées entre Québec et Ottawa avec les autorités du parc marin pour présenter les para‐ mètres d’un éventuel agran‐ dissement.

Le cabinet du ministère de l’Environnem­ent, de la Lutte contre les changement­s cli‐ matiques, de la Faune et des Parcs indique que des échanges sont en cours entre les deux gouverneme­nts sur plusieurs projets, dont celui du parc marin du Saguenay– Saint-Laurent.

Le gouverneme­nt fédéral et Parcs Canada n’ont pas ré‐ pondu à nos demandes d'en‐ trevue.

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Un engagement clair de‐ mandé

La SNAP Québec demande depuis plusieurs mois l'agran‐ dissement du parc marin. C’est un modèle qui est éprouvé, qui donne des résul‐ tats concrets pour la protec‐ tion et la conservati­on de la biodiversi­té, avance Alain Branchaud.

Le parc marin du Sague‐ nay—Saint-Laurent, fondé en 1998, est le fruit d'une colla‐ boration entre le fédéral et le provincial, et donc doté d'une structure impliquant les deux entités.

L’option de l’agrandisse‐ ment est ainsi plus facile à réaliser que de créer une se‐ conde zone de protection, qui impliquera­it la création d’une nouvelle loi, selon les deux ex‐ perts consultés. On peut sim‐ plement, par décret, modifier les limites du parc marin ac‐ tuel, après des consultati­ons évidemment, illustre le direc‐ teur général de la SNAP Qué‐ bec.

Techniquem­ent et politi‐ quement, c’est plus simple. Et c’est là que semblent s’aligner les planètes entre le gouver‐ nement provincial et le gou‐ vernement fédéral. On a mu‐ tuellement intérêt politique et socio-économique à agrandir les limites, ajoute Émilien Pel‐ letier.

Cette expansion, si elle se concrétise, pourrait résoudre une grande lacune du parc ac‐ tuel : il ne couvre pas l’entière‐ té de l’aire essentiell­e du bélu‐ ga, qui est pourtant le pre‐ mier objectif de protection du parc marin rappelle le profes‐ seur émérite et président du comité de coordinati­on du parc marin.

On voit très clairement qu’on ne couvre même pas 50 % de l’aire d’occupation, donc on a toujours espéré que l'aire qui n'est pas proté‐ gée le sera éventuelle­ment, explique Émilien Pelletier. D'ailleurs, il dit sentir une sen‐ sibilité importante à Ottawa et une nouvelle écoute à Qué‐ bec face aux enjeux de pro‐ tection du territoire maritime.

Doubler la superficie

Alain Branchaud croit que la zone du parc marin pour‐ rait doubler si l’habitat du bé‐ luga est pris en compte dans les calculs d’expansion. Celuici pourrait s’étendre de BaieSaint-Paul jusqu’à Trois-Pis‐ toles et Les Escoumins, selon Émilien Pelletier.

Actuelleme­nt, le parc ma‐ rin coupe l’estuaire en deux sur la longueur, ce qui n’a au‐ cun sens du point de vue éco‐ logique. Le béluga, il le sait pas qu’il y a une ligne au mi‐ lieu.

Émilien Pelletier, profes‐ seur émérite à l’Institut des sciences de la mer de Rimous‐ ki

Il ajoute que l’expansion apporterai­t une protection majeure pour les mammifères marins, puisque les embarca‐ tions ne pourraient plus les approcher, comme c’est le cas dans le parc marin.

Avec les informatio­ns de Camille Lacroix

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