Comportements déplacés à l’Assemblée : des élus manitobains loin d’être des modèles
« Le député de Saint-Boni‐ face a décidé de me faire un signe de la main qui in‐ dique que je ne suis pas le premier dans son coeur » , assurait jeudi, le ministre de la Justice du Manitoba, Kelvin Goertzen, lors de la période des questions à l’Assemblée législative.
Un doigt d’honneur de la part de Dougald Lamont qui aurait presque pu passer in‐ aperçu s'il n’avait pas été rat‐ trapé par l’ironie de la situa‐ tion.
Quelques minutes avant cet incident, le député de Che‐ min Dawson, Bob Lagassé avait tenu à partager son combat contre la dépression. Il avait alors appelé ses col‐ lègues à construire un envi‐ ronnement de travail plus sain.
Aux membres de cette chambre, je n’ai qu’un mes‐ sage : soyez gentils les uns avec les autres, soyez inspi‐ rants. Dans cet environne‐ ment politique, nous avons tendance à être blessant au détriment de notre santé mentale.
Bob Lagassé, député et membre du Parti conserva‐ teur du Manitoba
Si le climat qui règne au sein de l’Assemblée législative n’est pas le seul élément qui a participé à ses problèmes de santé mentale, Bob Lagassé affirme qu’il y a contribué.
Des comportements loin d’être isolés
Un jour plus tôt, mercredi, la députée néo-démocrate, Bernadette Smith, déclare mettre en doute sa sécurité à l'Assemblée législative, en par‐ ticulier en tant qu’Autoch‐ tone, après que le député du Parti conservateur, Blaine Pe‐ dersen, a frappé sa chaise. Ce dernier affirme qu’il essayait d'attirer l'attention de la dé‐ putée Bernadette Smith.
Ces comportements ont été remarqués au Palais légis‐ latif du Manitoba au cours des dernières années.
En novembre 2016, la dé‐ putée de Fort Richmond, Sa‐ rah Guillemard, assure avoir été victime de comportement misogyne de la part de membres de l’opposition.
En octobre 2018, le député provincial d'Emerson, Cliff Graydon est exclu du Parti progressiste-conservateur manitobain après avoir tenu des propos inappropriés à l'égard de plusieurs femmes membres du parti.
En avril 2019, la membre du Parti libéral du Manitoba, Cindy Lamoureux assure faire l’objet d'attaques person‐ nelles pendant les débats.
Pour la doctorante en phi‐ losophie morale et politique, Cécile Gagnon, ce sont des comportements qui té‐ moignent d’un problème de société plus large.
Ce qui se passe à l’Assem‐ blée législative est le miroir de ce qui se passe sur les réseaux sociaux, dans nos campus universitaires ou dans les mé‐ dias.
Cécile Gagnon, doctorante en philosophie morale et poli‐ tique
Selon elle, il faut vraiment le voir comme des gens qui reflètent le climat et la culture politique dans laquelle ils sont plongés malgré eux.
La stratège en communi‐ cation politique, Sophie Sé‐ guin-Lamarche, note que les attaques décriées se trans‐ portent parfois hors des murs de l’Assemblée.
Au fédéral, dans la course à la chefferie du Parti conser‐ vateur par exemple, il y a eu beaucoup de situations comme ça, où il a été dénoncé que le climat était toxique pendant cette course , ex‐ plique-t-elle.
En guise de début de solu‐ tion, Sophie Séguin-Lamarche donne l’exemple des séna‐ teurs et députés fédéraux qui ont l’obligation de suivre une formation sur l’éthique.
Il reste cependant difficile d’en mesurer l’efficacité , nuance-t-elle.
Le règlement intérieur de l’Assemblée législative du Ma‐ nitoba mentionne pour sa part l’interdiction de tenir des propos irrespectueux.