26 semaines d’assurance-emploi de maladie : trop peu trop tard
Le gouvernement fédéral a annoncé vendredi que la durée des prestations de maladie de l'assurance-em‐ ploi passerait bientôt de 15 à 26 semaines. Pour la coor‐ donnatrice du Mouvement Action chômage Pabok, Na‐ dia Mongeon et la députée de Manicouagan, Marilène Gill, il s’agit d’une bonne nouvelle, mais c'est nette‐ ment insuffisant.
La mesure, qui va entrer en vigueur le 18 décembre, ne touche que les nouvelles de‐ mandes.
C’est une avancée, admet Nadia Mongeon, mais ce qu'on voulait, c’était que ce soit monté à 50 semaines. C'est un minimum.
Quand tu as un cancer, c’est rare que ça se règle en 26 semaines. Ça prend un an.
Nadia Mongeon, coordon‐ natrice du Mouvement Action chômage Pabok
C'est difficile pour les mé‐ decins de dire à une personne qu'elle sera guérie dans 26 se‐ maines, ajoute-t-elle. Ils ne le savent jamais eux-mêmes.
Nadia Mongeon estime que cette annonce est bien modeste puisque ce qui était attendu, c'était une réforme en profondeur du régime d’as‐ surance emploi.
En effet, les libéraux avaient promis lors de la der‐ nière campagne électorale, de moderniser le régime d'assu‐ rance-emploi.
C'est au compte-gouttes, estime-t-elle. Nous, on veut une réforme complète de l'as‐ surance-emploi, mais on veut que ça soit fait d’une façon in‐ telligente, qui va favoriser l'ac‐ cessibilité, qui va aider les gens, vraiment les aider en leur donnant un meilleur à de meilleures prestations.
Mme Mongeon explique que la pénurie de maind'oeuvre a des effets pervers pour les travailleurs saison‐ niers.
Le taux de chômage était tellement bas cette année qu’il y a des gens qui n’auront plus de prestations à partir du mois de décembre, puisque c'est le taux de chômage qui définit le nombre de se‐ maines, précise-t-elle.
Nadia Mongeon souligne également qu’il n’est pas avantageux pour une per‐ sonne dont les prestations cessent prématurément, d’al‐ ler travailler dans un com‐ merce, par exemple.
Quand tu quittes ton em‐ ploi d’hiver pour aller re‐ prendre ton emploi saison‐ nier, c’est considéré comme un départ volontaire et ça laisse comme une tache dans ton dossier, déplore-t-elle.
J'ai plein de personnes en ce moment qui ont des pro‐ blèmes parce qu'ils sont allés travailler l'hiver, passé, pour‐ suit-elle. Ils ont fini leur saison de travail cet automne et quand ils ont fait des de‐ mandes d'assurance-emploi, ça a pris une éternité.
C’est mal vu de quitter un emploi à l'année pour aller faire un travail saisonnier.
Nadia Mongeon, coordon‐ natrice du Mouvement Action chômage Pabok
Ceux qui décident si tu as droit ou non à l'assuranceemploi, ils sont dans des bu‐ reaux à l'extérieur du Québec, dit-elle. Souvent, ils ne connaissent pas la situation de l’emploi saisonnier dans l'Est-du-Québec.
Cette difficulté d’accès a des impacts sur l’économie, gaspésienne, bas-lauren‐ tienne et nord-côtière, constate Nadia Mongeon. Si tout le monde s'en va tra‐ vailler à l'année, les em‐ ployeurs saisonniers, ils vont faire quoi? On va être servi par qui dans les restaurants? Qui va faire les chambres d'hôtel? Qui va faire le tri dans les usines de poissons et de fruits de mer?
Elle préconise que l'assu‐
rance-emploi tienne compte des particularités de l’écono‐ mie de l’Est-du-Québec dans la réforme promise.
Une réforme attendue depuis 20 ans
La député bloquiste de Manicouagan, Marilène Gill, abonde dans le même sens.
Avec le Bloc québécois, elle a présenté un projet de loi baptisé Émilie Sansfaçon, cette jeune femme qui récla‐ mait une prolongation des prestations de maladie et qui est finalement décédée.
Marilène Gill revient sou‐ vent à la charge pour récla‐ mer une réforme en profon‐ deur.
On a vraiment besoin d'un coup de barre qui va faire en sorte que le régime puisse vraiment répondre aux be‐ soins des gens. Donc là on a une demi-mesure, si on veut, commente-t-elle.
Ça fait une vingtaine d'an‐ nées qu'on attend une ré‐ forme, rappelle-t-elle. On en a besoin rapidement, particuliè‐ rement dans les régions éloi‐ gnées comme l’Est-du-Qué‐ bec. Les entreprises, les orga‐ nismes, les communautés, les élus bref, tout le monde est prêt.
La députée invite les per‐ sonnes concernées à parler aux organismes et à leurs élus pour faire bouger les choses.
Tout récemment, une al‐ liance de syndicats et d’orga‐ nismes communautaires, dont plusieurs de l’Est-duQuébec, appuyée par le Bloc québécois et le NPD, exhor‐ taient le gouvernement Tru‐ deau à réformer au plus vite l’assurance-emploi au pays.
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