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Paul St-Pierre Plamondon « en mode solution » pour extirper le PQ du banc de touche

- Maud Cucchi

À deux jours de la rentrée parlementa­ire, le suspense reste entier sur la décision des trois députés péquistes de prêter serment – ou non – au roi Charles III, pas‐ sage incontourn­able pour siéger à l'Assemblée natio‐ nale.

Pour pouvoir participer aux travaux parlementa­ires, et notamment siéger au Salon bleu, tous les députés doivent prononcer deux serments. Or, les trois députés du Parti qué‐ bécois n'ont prêté serment qu’au peuple québécois et pas à Charles III. Donc, en principe il ne peuvent pas pour l'instant siéger.

Si le chef du Parti québé‐ cois (PQ) n'a pas voulu s'expri‐ mer sur le sujet dimanche, il songe néanmoins à enrichir ses équipes de « co-porte-pa‐ roles extra-parlementa­ires » pour appuyer les élus. Ils se‐ ront entre 10 et 15, ne seront pas rémunérés, mais pour‐ ront assister aux réunions du caucus et représente­r l'oppo‐ sition péquiste dans certains événements, à l'occasion. Leur mandat précis et les mo‐ dalités de leur rôle demeurent à définir. Sauf erreur, ce type de fonctionne­ment constitue un précédent.

On a toute la légitimité pour représente­r les citoyens dès mardi prochain, a assuré de son côté le député pé‐ quiste, Joël Arseneau. On va s'assumer, a-t-il ajouté.

Une annonce officielle as‐ sez imminente devrait être ef‐ fectuée par le parti, a promis son chef en marge d'une conférence interne du parti, dimanche, en indiquant seule‐ ment que toutes les options sont sur la table.

L'un des trois députés pé‐ quistes pourrait par exemple « se sacrifier » et prêter com‐ plètement serment afin de pouvoir participer aux tra‐ vaux et poser des questions en chambre en attendant que le gouverneme­nt Legault dé‐ pose un projet de loi pour mettre fin à l'obligation de prêter serment à la monar‐ chie britanniqu­e.

Reste à voir si le gouverne‐ ment agira avant les fêtes, sa‐ chant que le délai sera très court, vu que les députés ne siégeront que pendant huit jours d'ici Noël. C'est un peu de la comédie dans les deux prochaines semaines. Huit jours dont les voeux de Noël, dont l'élection de la prési‐ dence, dont le discours du premier ministre, a confié le député péquiste Pascal Béru‐ bé en mêlée de presse.

Pas la reconnaiss­ance parlementa­ire souhaitée

Autre pierre d'achoppe‐ ment qui l'isole davantage, le PQ n'a pas réussi à obtenir la reconnaiss­ance parlementa­ire souhaitée dans l'opposition officielle.

Concernant les droits de parole, l'opposition péquiste voulait obtenir la garantie de pouvoir poser une des neuf questions par jour provenant des rangs de l'opposition. On lui offrait de pouvoir poser 5 questions par cycle de 100 questions. La chose a été ré‐ glée pour 7 par cycle, soit deux par semaine dans les faits.

Le PQ tenait aussi à avoir un siège au Bureau de l'As‐ semblée nationale, le BAN, chargé de gérer notamment les différends entre parlemen‐ taires et de prendre les déci‐ sions relatives au fonctionne‐ ment de l'assemblée. On lui a refusé, lui offrant en échange un statut d'`observateu­r', sans droit de parole.

Sans cacher son amer‐ tume face à cette décision pé‐ nalisante, Paul St-Pierre Pla‐ mondon a reproché aux par‐ tis adversaire­s un manque de solidarité et un manque de sens du devoir démocratiq­ue dans le fait de ne pas recon‐ naître le PQ, de ne pas lui lais‐ ser une place pour poser une question, une fois par jour.

Pour un parti d'opposi‐ tion, la reconnaiss­ance offi‐ cielle constitue en effet un en‐ jeu fondamenta­l. Elle a un im‐ pact direct sur le financemen­t accordé au groupe parlemen‐ taire et sur le temps de parole disponible pour qu'il puisse se faire entendre en Chambre, notamment à la période de questions.

C’est très difficile de com‐ prendre comment un parti d’opposition, qui a obtenu près de 15 %, [...] n’a pas le droit de prendre la parole, ni de poser des questions sur l’actualité.

Paul St-Pierre Plamondon, chef péquiste

Dans le contexte, le Parti québécois, qui n'a fait élire que trois députés en re‐ cueillant 14,6 % du vote popu‐ laire, devra se tourner vers d'autres sources de finance‐ ment pour compenser un budget très, très faible, et chercher d'autres moyens de se faire entendre à l'Assem‐ blée nationale.

Être innovant

Les solutions évoquées di‐ manche par M. St-Pierre Pla‐ mondon incluent le lance‐ ment d'une campagne de so‐ ciofinance­ment visant à em‐ baucher un à deux employés supplément­aires en récoltant 120 000 $ d'ici deux mois.

À nous de travailler en étant innovants, a fait valoir M. St-Pierre Plamondon.

Quant à l'espace accordé aux partis à la période de questions, un espace de choix pour le débat critique en poli‐ tique, le chef péquiste a évo‐ qué la possibilit­é de trans‐ mettre ses questions...aux journalist­es.

Les partis se sont enten‐ dus pour tout s’accaparer en‐ semble, [...] c’est assez grave et décevant. Ce qui s’est pas‐ sé, ce n'est pas bon pour l’image de la démocratie et de la politique,

Paul St-Pierre Plamondon, chef du PQ

Québec solidaire a aug‐ menté son budget de presque 1 million de dollars, alors qu'ils n'ont qu'un dépu‐ té de plus. Ils ont obtenu toutes leurs demandes. Les li‐ béraux vont opérer pas moins de 4,5 millions de bud‐ get, alors qu'ils ont moins de votes que le Parti québécois, a constaté le chef péquiste en entrevue à la Presse cana‐ dienne. Il rappelle que pen‐ dant ce temps, lui, il devra se contenter d'un budget annuel de 570 000 $ pour diriger la troisième opposition.

Même déception au PCQ

De son côté, le chef du Par‐ ti conservate­ur (PCQ) a indi‐ qué qu'il enverrait dès mardi, à l'ouverture des travaux par‐ lementaire­s, une lettre à la présidence de l'Assemblée na‐ tionale pour réitérer ses de‐ mandes. Éric Duhaime veut aussi pouvoir tenir des points de presse à l'intérieur de l'As‐ semblée nationale, y avoir un bureau pour y recevoir des groupes d'intérêt, et pouvoir participer aux discussion­s à huis clos entre les partis re‐ connus. Les demandes finan‐ cières ne figurent plus au me‐ nu.

Dimanche, M. Duhaime a appelé ses collègues politi‐ ciens à s'élever au-dessus de la partisanne­rie politique, comme l'ont déjà fait certains anciens politicien­s comme Françoise David (ex-cheffe de QS) ou Jean-Pierre Charbon‐ neau (ex-député du PQ).

Avec les informatio­ns de Véronique Prince, de Magalie Masson et de La Presse cana‐ dienne

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