Un discours d’ouverture entre redites et priorités nouvelles
Laissant tomber la solenni‐ té habituellement associée à ce genre d’exercice, Fran‐ çois Legault ne s’est pas gê‐ né pour s’adresser directe‐ ment à ses ministres du‐ rant son discours d’ouver‐ ture. Après avoir été dis‐ trait de son plan de match originel par la pandémie, le premier ministre mettra le pied sur l’accélérateur du‐ rant ce second mandat. Il veut des résultats – et vite.
Ceux qui suivent de près l’actualité politique n’auront rien remarqué de surprenant ou de franchement nouveau dans le propos du chef ca‐ quiste. Ce dernier a repris, pour l’essentiel, des messages qu’il avait déjà livrés, y allant d’une très longue liste d’objec‐ tifs et de buts à atteindre.
De l’heure et quart qu’a duré son discours, on retient surtout l’urgence nouvelle avec laquelle François Legault a parlé de la situation du fran‐ çais. Concédant à ses adver‐ saires que la loi 96 – adoptée tout juste avant les élec‐ tions – ne suffira pas à stop‐ per le déclin de la langue fran‐ çaise, le premier ministre a laissé savoir qu’il n’en resterait pas là.
De nouvelles mesures se‐ ront bientôt annoncées. Le gouvernement veut plus de chiffres, plus de données pour pouvoir mesurer l’étendue du déclin. Dorénavant, c’est par la défense de la langue que s’incarnera le nationalisme de la CAQ.
Lors de son dépôt, bien des observateurs avaient dé‐ ploré que le projet de loi 96 ne contienne aucune initiative véritablement structurante, capable en elle-même d’inver‐ ser la tendance vers l’anglais.
C'est en immigration, où d'importants changements sont à prévoir, que François Legault semble avoir trouvé la mesure phare qui lui man‐ quait. D’ici quelques années, Québec ne sélectionnera plus que des immigrants écono‐ miques parlant déjà français.
Ce nouvel objectif risque toutefois de faire des vagues au sein même du cabinet ca‐ quiste. Avant même que son chef n’ait parlé, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, plaidait déjà pour des excep‐ tions. On saura bien vite si la nouvelle ministre de l’Immi‐ gration, Christine Fréchette, fera le poids face à son superhomologue.
Pleins gaz sur l’union économie-environnement
Si l’avenir du français est source d’inquiétude, le retard économique du Québec face à l’Ontario demeure la princi‐ pale préoccupation du chef caquiste. Sans surprise, Fran‐ çois Legault foncera pleins gaz sur l’atteinte de son objectif cardinal, la croissance écono‐ mique.
Après avoir été vivement critiqué pour son manque de considération à l’égard de l’en‐ vironnement, François Le‐ gault s’est découvert un vif in‐ térêt pour la lutte contre les changements climatiques. Le fait que la transition énergé‐ tique soit maintenant vue comme source de croissance n’y est sans doute pas étran‐ ger.
Présenté comme une op‐ portunité historique, le virage vert des entreprises sera do‐ rénavant au coeur de la vision économique du gouverne‐ ment. Il en sera de même pour le développement de la filière batterie et pour l’attrac‐ tion d’industries pouvant tirer parti de notre énergie propre tout en faisant croître notre économie.
Des discours à l'impor‐ tance relative
Dans son discours d’ouver‐ ture précédent, François Le‐ gault avait surtout parlé san‐ té. Il aura fallu, cette fois-ci, at‐ tendre la 50e minute de son allocution pour que la ques‐ tion soit abordée pour la peine. Bien avant ses grandes visées économiques, c’est pourtant cet enjeu qui risque d’occuper le plus clair du temps du premier ministre au cours des prochaines se‐ maines.
Ce dernier s’est essentielle‐ ment borné, pour le coup, à répéter les grandes lignes du plan déposé par Christian Du‐ bé le printemps dernier. Il faut dire que plusieurs des objec‐ tifs que le gouvernement s’était alors donnés de‐ meurent toujours hors d’at‐ teinte, comme la mise au pas des agences privées de place‐ ment ou la fin des heures supplémentaires obligatoires pour les infirmières.
Il ne faudrait pas non plus accorder trop d’importance aux discours d’ouverture, qui regorgent souvent de beaux projets qui ne voient jamais le jour. De nombreuses pro‐ messes formulées dans le dis‐ cours d’ouverture livré par François Legault en 2018 au‐ raient littéralement pu se re‐