Les infections au VIH en hausse au Manitoba
Le Manitoba a connu une forte augmentation des taux d'infection au VIH au cours des quatre dernières années, selon le dernier rapport du Programme VIH du Manitoba. Des méde‐ cins spécialistes qui suivent la situation disent que la situation risque d'empirer.
Le Programme VIH du Ma‐ nitoba a dévoilé, jeudi, les conclusions de son rap‐ port 2018-2021 à l’occasion de la Journée mondiale du sida et la semaine de sensibilisation aux questions autochtones.
Le nombre de personnes nouvellement diagnostiquées avec le VIH et vivant dans la province est passé de 111 en 2018 à 169 en 2021, soit une augmentation de 52 %.
Le Dr Ken Kasper, direc‐ teur du programme, déclare que ce sont les meilleures données que nous ayons ja‐ mais réunies. Je pense que ce‐ la nous en dit long sur une population à risque.
Le Dr Kasper et son équipe recueillent encore des don‐ nées pour 2022, mais il s'at‐ tend à ce que ces chiffres aug‐ mentent considérablement.
Lors d'un point de presse mercredi, au Centre de santé communautaire Nine Circles à Winnipeg, le directeur du Pro‐ gramme VIH du Manitoba a estimé que la province connaîtra plus de 200 nou‐ veaux diagnostics de VIH cette année.
L'objectif au Canada en 2023 était d'avoir 500 nou‐ velles personnes diagnosti‐ quées, précise-t-il. Il ajoute ce‐ pendant qu’à ce rythme, le Manitoba aura plus de 200 de ces 500 cas. Et il semble clair qu'ils ne vont pas atteindre leurs objectifs.
Le taux de nouvelles trans‐ missions du VIH en 2020 était de 4 pour 100 000 personnes, selon l'Agence de la santé pu‐ blique du Canada. Le Manito‐ ba se situe trois fois au-des‐ sus de la moyenne nationale, avec un taux de 12,2 pour 100 000 personnes.
Le Dr Kasper estime que ce taux sera encore plus élevé en 2022 et potentiellement quatre à cinq fois plus élevé que dans le reste du pays.
De son côté, la Dre Lauren MacKenzie, directrice associée du Programme VIH du Mani‐ toba, mentionne que les dé‐ terminants sociaux tels que l'itinérance, la toxicomanie et les problèmes de santé men‐ tale sont des facteurs clés dans l'acquisition de la mala‐ die.
Par exemple, près de 50 %
des femmes et 25 % des hommes qui ont contracté le VIH étaient sans-abri. Par ailleurs, près de deux tiers des femmes et plus d'un tier des hommes ont rapporté avoir consommé des drogues, se‐ lon le rapport.
Les Autochtones, eux, sont particulièrement tou‐ chés et les infections dans cette tranche de la population sont encore plus alarmantes : 73,4 % des personnes référées au Programme VIH du Mani‐ toba en 2021 s'identifiaient comme Premières Nations. Elles n'étaient qu'environ 50 % en 2018.
La moitié des nouveaux diagnostics sont des femmes
Le nombre de nouveaux diagnostics de VIH dans la ré‐ gion sanitaire de Prairie Mountain a diminué ces der‐ nières années, mais le Dr Kas‐ per s'attend à ce que ce nombre augmente en 2022.
Par ailleurs, la proportion croissante de femmes qui contractent le VIH est égale‐ ment inquiétante, puisque la moitié des nouveaux diagnos‐ tics au Manitoba sont des femmes. C'est beaucoup plus que la moyenne nationale en 2020, où une femme sur trois représentait le nombre total de nouveaux diagnostics de VIH.
L'âge moyen d'une femme contractant le VIH a égale‐ ment diminué, passant de 39 ans en 2018 à 32 ans en 2021, selon le rapport.
L'âge moyen a légèrement diminué pour les hommes, passant de 38,5 ans à 36,5 ans.
Et pour la première fois, le rapport du programme a exa‐ miné l'orientation sexuelle, avec six personnes sur dix s'identifiant comme hétéro‐ sexuelles, et deux sur dix s'identifiant comme gays, bi‐ sexuels ou hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.
Selon le Dr Kasper, les rap‐ ports hétérosexuels sont l'un des deux principaux facteurs de risque que les patients du programme déclarent euxmêmes, l'utilisation de drogues étant l'autre risque majeur.
Le Programme VIH du Ma‐ nitoba a lancé deux grands appels à l'action : maximiser le traitement en tant que pré‐ vention et soutenir la capacité
des soins primaires.
Certaines conclusions du rapport du Programme VIH du Manitoba :
Environ 50 % étaient des femmes Près de 50 % des femmes et 25 % des hommes ont connu l'itinérance. Envi‐ ron 65 % des femmes et 35 % des hommes ont déclaré utili‐ ser des drogues injectables. Les rapports hétérosexuels et l'utilisation de drogues injec‐ tables étaient les modes les plus courants d'acquisition du VIH déclarés par les patients. 6 personnes sur 10 se sont déclarées hétérosexuelles et 2 sur 10 se sont déclarées gays, bisexuels ou hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Environ 70 % des personnes qui ont déclaré consommer de la drogue ont déclaré consom‐ mer de la méthamphétamine. 8 personnes sur 10 ont eu au moins une ITSS avant le diag‐ nostic du VIH. Environ 80 % des personnes avaient au moins un autre problème de comorbidité à l'entrée dans le système de soins. 7 per‐ sonnes sur 10 s'identifient comme autochtones. 50 % des femmes et 25 % des hommes ont connu l'itiné‐ rance. Près des deux tiers des femmes et plus d'un tiers des hommes ont déclaré utiliser des drogues injectables. 73,4 % des personnes orien‐ tées vers le Programme mani‐ tobain de lutte contre le VIH en 2021 s'identifient comme Autochtones.
Avec les informations de Nathan Liewicki
ment dans le système d'archi‐ vage de l'hôpital.
En tout temps, les profes‐ sionnels de la santé ou la clientèle ont accès à leur exa‐ men localement. Les mam‐ mographies sont aussi inter‐ prétées par les radiologistes localement et les suivis sont faits aussi par la région. Donc si jamais il y avait une prise en charge particulière, en prin‐ cipe, ça devrait tout être fait par la région , ajoute Kari‐ na Olivier.
L’unité mobile s'occupe seulement des dépistages préventifs, et non pas des diagnostics de cancer du sein.
Deux missions complé‐ mentaires
Selon Cédric Beaudinet de la Fondation du cancer du sein du Québec, qui est parte‐ naire de l’INSPQ dans le pro‐ jet, l'unité mobile permet un dépistage du cancer du sein plus rapide, car il écourte no‐ tamment les listes d’attentes.
Ces unités mobiles, elles viennent pallier ces délais qui augmentent, pour pouvoir rendre accessible assez rapi‐ dement la mammographie aux femmes qui font partie du programme.
Cédric Beaudinet, direc‐ teur investissements et pro‐ motion de la santé, Fondation pour le cancer du sein du Québec
Pour le point de service de Sept-Îles, il y a 11 à 12 se‐ maines d'attente et pour l'hô‐ pital le Royer qui est donc à Baie-Comeau, il y a 15 à 16 se‐ maines d'attente [pour les mammographies de dépis‐ tage], explique-t-il.
Il souligne l’impact positif de tests préventifs dans la lutte contre ce type de cancer.
Beaucoup de cancers du sein sont diagnostiqués par l'intermédiaire du pro‐ gramme de dépistage organi‐ sé.
Cédric Beaudinet, direc‐ teur investissements et pro‐ motion de la santé, Fondation pour le cancer du sein du Québec
Sur la Côte-Nord, parmi la totalité des mammographies de dépistage qui sont réali‐ sées sur une année, il y en a environ 11 % qui sont faites grâce à ces unités mobiles, donc c'est vraiment quelque chose qui est très très impor‐ tant, précise-t-il.
L'autocar offre ainsi un ac‐ cès plus équitable à un test de dépistage du cancer du sein à l'ensemble des femmes du Québec, qu'elles habitent en régions éloignées ou non.
Notre mission, c'est d'of‐ frir le service en région éloi‐ gnée, prioritairement dans certaines régions qui ont été ciblées par le ministère, là où la clientèle n'a pas accès du tout à un service à proximité.
Karina Olivier, cheffe tech‐ nologue au service clinique de dépistage à l’INSPQ
Depuis ses débuts, en 2002, l’unité mobile s’est déplacée à plusieurs reprises dans la région de Fermont et de la Basse-Côte-Nord pour répondre à cet objectif.
C'est la deuxième fois que le véhicule récréatif équipé de matériel de radiologie se dé‐ place à Sept-Îles. Au prin‐ temps, la clinique de mammo‐ graphie mobile CLARA s’est rendue à Baie-Comeau pour les mêmes raisons.
Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord profite d'ailleurs du passage de CLA‐ RA pour donner des rendezvous à des femmes qui vivent en dehors de la ville de SeptÎles.
Tant qu'à avoir la visite de l'unité, on élargit l'offre, puis on va chercher des gens des communautés autour.
Cindy Brisson-Breton, conseillère-cadre aux pro‐ grammes-services, CISSS de la Côte-Nord
On a des femmes du sec‐ teur de la Minganie, de HavreSaint-Pierre, on a des gens de la Romaine, Unamen Shipu, certains villages de la BasseCôte-Nord. Donc, ça nous per‐ met d’offrir un accès au dépis‐ tage pour les gens de ces loca‐ lités-là aussi , ajoute la res‐ ponsable.
La Société canadienne du cancer est claire : plus le can‐ cer du sein est détecté rapide‐ ment, meilleures seront les chances de survie du patient. Selon le MSSS, la mammogra‐ phie est la meilleure méthode pour dépister le cancer du sein, mais aussi le seul exa‐ men de dépistage qui permet de réduire le nombre de dé‐ cès attribuables au cancer du sein.