Pourquoi y a-t-il autant d’infections respiratoires virales en ce moment?
Influenza, virus respira‐ toire syncytial (VRS), rhumes; après deux ans d’accalmie, les virus respi‐ ratoires s'ajoutent aux nombreux cas de COVID-19. Six questions pour com‐ prendre pourquoi le Cana‐ da vit son pire début de sai‐ son grippale au pays depuis 2014. 1. Est-ce que notre sys‐ tème immunitaire a été af‐ faibli par les mesures sani‐ taires? Est-ce qu’on peut parler de dette immuni‐ taire?
D’entrée de jeu, Alain La‐ marre dit que ce concept n’existe tout simplement pas en immunologie. Je ne sais pas d’où c’est sorti, dit cet ex‐ pert en immunologie et viro‐ logie à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS).
En fait, il semblerait que le terme provient d’un commen‐ taire publié par des cher‐ cheurs français en mai 2021 dans la revue Infectious Di‐ seases Now. Mais ce texte n’est pas une étude, et les chercheurs y émettent des hypothèses sans tirer de conclusions. Ils notent aussi qu’une recrudescence de cer‐ taines maladies après la levée des mesures sanitaires est probablement davantage due à une diminution du taux de vaccination chez les enfants depuis le début de la pandé‐ mie.
Il n'y a pas de preuves scientifiques pour soutenir cette idée, affirme Alain La‐ marre.
L’idée que le système im‐ munitaire se serait endormi, serait moins efficace à cause de l'utilisation des masques et des mesures sanitaires, c’est faux.
Alain Lamarre, expert en immunologie et virologie à l'INRS
Il ajoute que le corps hu‐ main n’a pas de dette immu‐ nitaire à payer.
Comme l'explique le Dr Do‐ nald Vinh, microbiologiste-in‐ fectiologue au Centre univer‐ sitaire de santé McGill et cher‐ cheur clinicien, même si une personne n’est pas malade, le système immunitaire est tou‐ jours en train de combattre divers pathogènes, que ce soit à travers l’air, l’eau ou la nourriture. Cette exposition régulière permet à notre corps de rester efficace et ca‐ pable de réagir lorsqu'il ren‐ contre un pathogène.
Dans une entrevue, le Dr Vinh explique que lors‐ qu’un humain rencontre un virus après une période d'iso‐ lement, c’est comme si on ré‐ chauffait le moteur de notre système immunitaire. Si on n’a pas parti ce moteur depuis longtemps, le moteur sera froid et on aura peut-être des symptômes plus sévères; mais le virus ne nous tuera pas parce que le moteur part quand même.
Il donne en exemple les as‐ tronautes ou les équipages de sous-marins. Leur système immunitaire n’arrête pas sou‐ dainement de fonctionner après qu'ils ont été isolés pen‐ dant de longues périodes.
De plus, Nathalie Grand‐ vaux, directrice du Labora‐ toire de recherche sur la ré‐ ponse de l'hôte aux infections virales, au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), rappelle que la popu‐ lation n’a pas été confinée dans des bulles aseptisées et qu'elle a continué à être en contact avec de nombreux pathogènes. Les autres virus ont continué à infecter des gens, précise-t-elle.
On n'a jamais porté de masque 24 h sur 24; les bébés à la garderie ne portaient pas de masque; les gens ne por‐ taient pas de masque à la maison. On a arrêté de porter le masque dans les restau‐ rants il y a un bon bout de temps. Nos systèmes immu‐ nitaires ont tous été soumis à beaucoup de stimulations, dit Mme Grandvaux.
Selon M. Lamarre, c'est le relâchement des mesures sa‐ nitaires qui a provoqué le pire début de saison grippale au pays depuis 2014.
Au lieu d’attraper les virus graduellement, tout le monde les attrape en même temps. Ce n’est pas que notre sys‐ tème immunitaire est moins bon.
Alain Lamarre, expert en immunologie et virologie à l'INRS
Enfin, il faut noter que la souche d'influenza qui circule en ce moment est de type A H3N2, qui est généralement plus virulente.
Et comme pour la COVID19, chaque fois qu’il y a une nouvelle souche d'un virus, c’est une nouvelle exposition pour le système immunitaire, dit le Dr Vinh.
Par ailleurs, des cher‐ cheurs indiquent que notre système immunitaire répond généralement mieux à la pre‐ mière souche de virus auquel il a été confronté en début de vie. Par exemple, les jeunes qui ont eu leur première grippe lors de l’épidémie de H1N1 en 2009 répondent gé‐ néralement mieux à cette souche.
2. Est-ce qu’il faut vrai‐ ment exposer notre sys‐ tème immunitaire à des vi‐ rus pour qu'il soit plus « fort » ou plus efficace?
Les gens pensent que le système immunitaire, c’est comme un muscle; plus il est utilisé, plus il va être fort, dit le Dr Vinh. Mais ce n’est pas vrai. Notre système immunitaire n'a pas besoin de rencontrer des pathogènes pour devenir compétent.
Lorsque notre système im‐ munitaire rencontre un pa‐ thogène, ce n’est pas qu’il de‐ vient plus fort, c’est qu’il déve‐ loppe une certaine mémoire, ajoute-t-il.
Se faire infecter volontaire‐ ment dans l’espoir de stimuler son système immunitaire n’est pas recommandé par ces experts.
C'est jouer à la roulette russe, dit Alain Lamarre. Être en bonne santé ne garantit pas qu’une personne ne subi‐ ra pas de symptômes sévères ou des complications.
Il y a toujours des gens qui vont bien s’en sortir. Mais une personne peut être en forme et pas dans un groupe à risque et avoir une maladie sévère. C’est toujours une bonne idée de faire attention.
Après tout, personne n’oserait se faire infecter par l’Ebola ou la polio, par exemple, pour entraîner son système immunitaire. Donc pourquoi vouloir le faire avec l’influenza ou la COVID-19?
La vaccination est un moyen beaucoup plus sécuri‐ taire de préparer notre sys‐ tème immunitaire.
Donald Vinh, microbiolo‐ giste-infectiologue au Centre universitaire de santé McGill
Il ajoute que la vaccination contre l'influenza ou la CO‐ VID-19, même auprès de la population non vulnérable,
est une bonne idée, puis‐ qu’elle ajoute une couche de protection à ceux qui ont des systèmes immunitaires plus faibles.
Nathalie Grandvaux rap‐ pelle qu’il faut penser aux bé‐ néfices collectifs de la vaccina‐ tion. Quand on voit ce qui se passe dans nos hôpitaux et quand on voit des gens qui n’ont pas accès aux soins pour d'autres maladies, on ne veut pas que tout le monde soit malade en même temps.
Heureusement, les souches de l’influenza en cir‐ culation cette année sont bel et bien dans le vaccin contre l’influenza.
3. La COVID-19 a-t-elle af‐ faibli notre système immu‐ nitaire?
Si les mesures sanitaires n’ont pas affaibli notre sys‐ tème immunitaire, les trois experts disent qu’il faut toute‐ fois considérer l’hypothèse que les infections de COVID19 causent des séquelles sur le système immunitaire.
Il faut noter que d'autres virus, comme la rougeole, peuvent réduire l'efficacité du système immunitaire.
Il y aurait possiblement, chez certaines personnes in‐ fectées par le SRAS-CoV-2, une espèce de dysfonctionne‐ ment de certaines capacités immunitaires, ainsi que d’autres systèmes biolo‐ giques, comme le système neuronal, dit M. Lamarre.
Par exemple, dit le Dr Vinh, une étude suggère que l'une des armes de notre système immunitaire, les cellules den‐ dritiques plasmacytoïdes, se‐ rait affaiblie par une infection de SRAS-CoV-2. Ces cellules produisent une molécule in‐ flammatoire, l’interféron de type α, qui permet au corps de combattre des infections virales.
Une autre étude montre que les dysfonctionnements immunologiques peuvent persister pendant des mois après des infections légères ou modérées de COVID-19. Une autre étude soutient que les bébés semblent avoir des symptômes plus sévères s'ils sont infectés par le VRS peu de temps après avoir été in‐ fectés par le SRAS-CoV-2.
Toutefois, de nombreuses questions demeurent, dit M. Lamarre. Est-ce que l'impact est le même pour les per‐ sonnes qui ont peu de symp‐ tômes et pour ceux qui ont une maladie grave? Est-ce que cet affaiblissement du sys‐ tème immunitaire est tempo‐ raire?
Nathalie Grandvaux abonde dans le même sens. On ne peut pas encore dire de manière catégorique que c’est la COVID-19 qui affaiblit le sys‐ tème immunitaire.
4. Est-ce qu’une infec‐ tion du SRAS-COV-2 nous protège contre d’autres in‐ fections?
Peut-être, si l'on se fie au concept d’interférence virale –
l’idée qu’une infection virale nous protège contre d'autres infections virales.
Quand on a une infection virale, on développe une pre‐ mière réaction du système immunitaire – l'immunité in‐ née – qui n’est pas vraiment spécifique au virus qui nous a infectés. Ceci devrait, théori‐ quement, nous protéger contre une autre infection qui viendrait de manière vrai‐ ment simultanée, dit Mme
Grandvaux.
Ainsi un rhinovirus pour‐ rait interférer avec l’influenza ou la COVID-19 pourrait inter‐ férer avec l’influenza.
Mais ce concept, qui existe depuis plusieurs décennies, est encore mal compris, dit le Dr Vinh.
On sait que c'est un phé‐ nomène. Lorsqu’on a des sai‐ sons de virus respiratoires, c'est chaque virus à son tour qui cause des problèmes. Le VRS en octobre, puis la grippe; l’entérovirus l’été.
M. Lamarre ajoute qu’on ne peut pas généraliser ce concept.
Il y a trop de variables. Les gens aimeraient avoir des concepts simples, mais ce n’est pas comme ça que ça fonctionne en biologie. Ce n’est jamais noir ou blanc.
Alain Lamarre, expert en immunologie et virologie à l'INRS
Par exemple, le Dr Vinh précise que tout dépend de la réponse immunitaire de la personne. Deux personnes ne répondent pas nécessaire‐ ment à une infection de la même façon.
Les autres virus ont été beaucoup moins présents au cours des deux dernières an‐ nées, possiblement en partie à cause de l’interférence vi‐ rale, mais probablement plus à cause des mesures sani‐ taires, croit Mme Grandvaux. Elle rappelle que les mesures sanitaires, comme porter le masque, sont particulière‐ ment efficaces contre les autres virus respiratoires, qui sont beaucoup moins conta‐ gieux que la COVID-19.
Cette année, est-ce que tous les virus vont se succé‐ der comme avant la pandé‐ mie? En voyant autant de per‐ sonnes infectées par divers vi‐ rus en ce moment, alors que plusieurs d'entre elles ont été récemment infectées par la COVID-19, Mme Grandvaux croit qu’il ne faut pas stricte‐ ment compter sur l’interfé‐ rence virale cet hiver.
5. La saison grippale a commencé plus tôt. Est-ce un signe qu’elle terminera plus tôt?
Si, avant la pandémie, on savait que la saison des virus respiratoires s’étalait généra‐ lement de novembre à mars, il est impossible de dire avec certitude ce qui nous attend pour cet hiver, disent les trois experts.
Une saison hâtive cet hiver ne veut pas dire qu’on aura un hiver moins difficile, pré‐ vient le Dr Vinh.
Il rappelle d’ailleurs qu’il y a eu des vagues d’influenza au printemps dernier et une vague de COVID-19 en été. Depuis la COVID-19, les pics saisonniers des virus respira‐ toires sont décalés. C’est donc difficile de faire des prédic‐ tions.
Le Dr Vinh ajoute qu’il est rare qu’une vague grippale dure six mois. Mais tout dé‐ pendra du taux de vaccina‐ tion contre la grippe et la CO‐ VID-19 et de la présence de nouveaux variants de COVID19.
Si on n'implante aucune mesure sanitaire et si on est faible avec notre taux de vac‐ cination, cette vague pourrait durer plus longtemps qu'on aimerait, et ça pourrait aller jusqu'à mars.
DonaldVinh, microbiolo‐ giste-infectiologue au Centre universitaire de santé McGill
6. Les saisons des virus respiratoires semblent dé‐ balancées depuis le début de la pandémie; est-ce qu’il y aura un retour à un cycle plus habituel?
Probablement, dit le Dr Vinh, mais il faudra sans doute encore plusieurs an‐ nées avant de retrouver une certaine stabilité. La périodici‐ té qu'on voit avec les virus respiratoires, ça prend du temps à s'installer, précise-t-il.
Nathalie Grandvaux ajoute qu’il faut surveiller l’impact d’un potentiel déconfinement en Chine. Les Chinois, peu vaccinés, risquent de connaître une hausse impor‐ tante d'infections, ce qui pourrait avoir un impact sur la situation à travers le monde.
Enfin, elle souligne qu’il ne faut pas négliger l’impact des changements climatiques sur les saisons grippales, puisque la propagation des virus est aussi influencée par la tempé‐ rature et l’humidité.
Par exemple, l’humidité fa‐ vorise la transmission du vi‐ rus par les voies aériennes en suspendant pour une plus longue période les particules rejetées par un hôte infecté.
Mais, encore une fois, il s'agit d'interactions com‐ plexes dont l'issue peut prendre un tournant inatten‐ du.
D’ailleurs, Nathalie Grand‐ vaux était surprise de voir une saison grippale si hâtive après un été si chaud et si sec à plusieurs endroits. Je me suis dit que peut-être que cette chaleur allait repousser le début de la saison des virus respiratoires, que la rentrée serait moins difficile. Puis ça n’a pas été le cas.
évacué en ambulance de la communauté de Manawan au nord de Joliette.
Le poupon, qui était at‐ teint d’une méningite, est fi‐ nalement décédé au CHU Sainte-Justine à Montréal, après un premier diagnostic remis en question par la fa‐ mille et de longs délais de transport ambulancier.
La coroner Géhane Kamel avait conclu que l’enfant était décédée d’une méningite bac‐ térienne consécutivement à des soins d’urgence reçus trop tardivement. Il a fallu plus de 8 h 30 entre l’appel initial et l’arrivée du bébé de sept mois au CHU Sainte-Justine.
La coroner enchaînait en interpellant le centre MaskoSiwin qui doit s’assurer que l’évaluation clinique du pa‐ tient soit faite en tenant compte du niveau de priorité accordé et que l’on privilégie le bon moyen de transport afin de réduire les délais de transfert, si le transfert de ce dernier est requis vers un éta‐ blissement de santé en raison de l’urgence de la situation.
Un rapport qui sou‐ lignent plusieurs fautes professionnelles
Le rapport de l'enquête administrative du centre de santé Masko-Siwin obtenu par Espaces autochtones s'inscrit donc dans la continui‐ té de celui de la coroner, en s'intéressant en particulier au travail de l'infirmière qui s'est occupée en premier de l'en‐ fant à Manawan, avant son transfert.
Il précise d'emblée qu’il faut faire une différence entre la qualité de l’acte et la qualité de la documentation. L'en‐ quête démontre que l’infir‐ mière a commis plusieurs fautes professionnelles contrevenant à plusieurs ar‐ ticles du Code de déontologie des infirmières et infirmiers.
L'infirmière aurait entre autres rédigé une note de consultation médicale à la suite d'un échange télépho‐ nique qu'elle aurait eu avec un médecin de garde de l'ex‐ térieur. Selon le rapport, cette note a été rédigée après la mort du bébé.
Ceci démontre que l’infir‐ mière n’a pas pris les moyens raisonnables pour assurer la continuité des soins et traite‐ ments.
Rapport de l'enquête des Services de santé Masko-Si‐ win
De plus, même si elle était inquiète de l’état de l’enfant, l’infirmière n’aurait pas appelé le médecin de garde, mais l’aurait plutôt texté pour lui faire part de la situation, sans avoir reçu de réponse de sa part.
Ensuite, l’enfant a été transféré en ambulance, avec les paramédicaux, sans la pré‐ sence de l’infirmière.
Enfin, l'infirmière aurait fait des déclarations menson‐ gères dans le cadre du proces‐ sus d’enquête. Le comité d’en‐ quête parle de manque de transparence et d’honnêteté de la part de l’infirmière.
Récidive
Le rapport révèle aussi que l’infirmière faisait déjà l’objet d’un suivi relativement à des manquements dans l’exercice de ses fonctions.
En février, elle a reçu une lettre disciplinaire pour des in‐ cidents de négligence profes‐ sionnelle dans la gestion des dossiers médicaux.
L’infirmière devait alors suivre une formation en ligne et compléter une autoévalua‐ tion en ligne. Or, le centre de santé dit ne pas avoir eu les preuves qu’elle les a faites.
L’infirmière a récidivé en faisant, une nouvelle fois, preuve de négligence profes‐ sionnelle dans la gestion des dossiers médicaux.
Rapport de l'enquête
Le cas aurait été soumis à l’Ordre des infirmières et infir‐ miers du Québec et une en‐ quête serait en cours.
De son côté, l’OIIQ ne peut le confirmer ni l’infirmer, affir‐ mant que c’est strictement confidentiel.
Cette information ne de‐ vient publique que lorsque le syndic formule une plainte devant le Conseil de discipline de l’OIIQ. Or, à ce jour, précise l’Ordre, aucune infirmière ré‐ pondant au nom de celle concernée n’a fait l’objet d’une plainte déposée devant le Conseil de discipline et au‐ cune décision n’a été rendue par celui-ci.
Selon plusieurs sources, cet événement a fortement ébranlé le service infirmier de Manawan.
bureaucratiques, décalées de la clinique.
La fuite des psychologues a pour conséquence, selon lui, un manque d'accessibilité ex‐ trêmement grave.
Ça peut prendre six mois et jusqu'à deux ans pour avoir accès à un psychologue dans le réseau public, sou‐ ligne le jeune psychologue. Pendant ce temps-là, la situa‐ tion de ces gens, souvent très vulnérables, peut s'aggraver.
Il déplore aussi de nom‐ breuses ruptures dans le par‐ cours de soins des patients.
Les patients se retrouvent à multiplier les intervenants. Ils en sont à leur troisième psychiatre, leur cinquième travailleuse sociale, leur troi‐ sième psychologue. Au final, c'est vraiment les patients qui écopent.
Dr David Smolak, psycho‐ logue
Jamais un médecin n'ac‐ cepterait ces conditions
David Smolak n’a pas l’in‐ tention de retourner dans le réseau public à moins de changements importants. Ca‐ therine Zygmuntowisz est sur la même longueur d’onde.
Cette dernière effectuerait peut-être un retour si les sa‐ laires étaient similaires à ceux du secteur privé. Ce n’est pas une question d’argent, mais de reconnaissance, notam‐ ment parce que l’exercice de sa profession requiert des études doctorales.
La pédiatre Valérie Labbé l’admet sans détour, jamais un médecin n'accepterait ces conditions, notamment un salaire annuel de 33 000 $ en début de carrière, après six ou sept ans de doctorat.
Médecin résidente en psy‐ chiatrie à l’Université de Montréal, Noémie Lahaye-Ca‐ ty partage son point de vue. Elle a des difficultés à com‐ prendre pourquoi le salaire moyen des psychiatres est trois fois plus élevé que celui des psychologues du public.
D’autant plus incompré‐ hensible, selon elle, que leur niveau de formation est iden‐ tique et que leurs tâches ne sont pas si éloignées.
D'autres professionnels du public réclament des psychologues
Cette psychiatre en deve‐ nir est administratrice de Mé‐ decins québécois pour le ré‐ gime public.
Ce regroupement
de 500 médecins est préoccupé par les problèmes d’attraction et de rétention des psycho‐ logues au public.
En entrevue avec RadioCanada, Noémie Lahaye-Caty maintient que cette perte d’expertise soulève l'inquié‐ tude de nombreux profes‐ sionnels du réseau. Elle-même assure se sentir souvent dé‐ munie quand elle doit traiter, par exemple, des cas de trouble anxieux ou de dépres‐ sion légère.
Elle a la conviction que la présence de psychologues s’avère ici déterminante. Dans le cas contraire, cela réduit la qualité des soins et cela en‐ lève des options très pré‐ cieuses.
Dans bien des cas, dit-elle, on pourrait éviter que l’état de santé des patients ne dé‐ génère. Même si les per‐ sonnes ont les moyens, elles n'ont pas toutes le réflexe de se tourner vers le privé, où une prise en charge en psy‐ chothérapie est d’ailleurs loin d’être assurée.
La Dre Valérie Labbé a ré‐ gulièrement besoin des ser‐ vices de psychologues pour des cas plus graves. Elle sou‐ tient que la médication n’est bien souvent pas suffisante et qu’elle doit être accompagnée d’une psychothérapie.
Mais à l’hôpital, on n’a pas accès à des psychologues, ditelle, découragée. Pourtant, dans son service de pédiatrie, elle estime que désormais près de 70 % des consulta‐ tions ont un lien avec la santé mentale.