Radio-Canada Info

Des millions de doses de vaccins contre la COVID-19 ont été gaspillées

- Ismaël Houdassine

La vérificatr­ice générale du Canada a déposé mardi à la Chambre des communes ses deux rapports très at‐ tendus sur la gestion de la crise de la COVID-19 en 2021 qui se penchent sur l’accès aux vaccins et les presta‐ tions fédérales versées à la population durant la pan‐ démie.

Le premier rapport de Ka‐ ren Hogan, baptisé Les vac‐ cins contre la COVID-19 re‐ vient sur ce qu’il qualifie du plus important programme de vaccinatio­n de masse de l’histoire du Canada. De dé‐ cembre 2020 à mai 2022, plus de 84 millions de doses ont été administré­es à la popula‐ tion du pays. Du jamais-vu.

Dans des circonstan­ces in‐ édites, la vérificatr­ice indique que l’Agence de la santé pu‐ blique du Canada et Santé Ca‐ nada ont répondu à l’urgence de la pandémie en 2020, no‐ tamment en obtenant un nombre suffisant de doses de vaccins contre la COVID-19, évaluées à un total de 169 mil‐ lions de doses au coût d’envi‐ ron cinq milliards de dollars.

Mme Hogan note toute‐ fois que les efforts des autori‐ tés afin de réduire le gas‐ pillage se sont avérés infruc‐ tueux, ce qu’elle attribue à des retards dans l’élaboratio­n et la mise en oeuvre du sys‐ tème informatiq­ue qui devait appuyer la planificat­ion et la gestion des vaccins. L’Agence de la santé publique du Cana‐ da n’a pas réussi à réduire le gaspillage de vaccins, déploret-elle.

Au 31 mai 2022, près de 32,5 millions de doses, d’une valeur d’environ un milliard de dollars, se trouvaient dans les stocks fédéraux, provinciau­x et territoria­ux, stipule le rap‐ port ajoutant que 50 millions de doses étaient également considérée­s comme excéden‐ taires.

Parmi ces doses excéden‐ taires, 15,3 millions de doses ont fait l’objet d’un don, tan‐ dis que 13,6 millions de doses ont atteint leur date de pé‐ remption avant qu’elles ne puissent être données.

La plupart des doses inuti‐ lisées au Canada atteindron­t leur date de péremption avant la fin de 2022.

Karen Hogan, vérificatr­ice générale du Canada

Selon Mme Hogan, des problèmes d’échange de don‐ nées persistant­s, soulevés dans de précédents rapports, ont également causé du tort à la capacité de l’Agence de la santé publique du Canada de communique­r avec efficacité des données détaillées sur la surveillan­ce de l’innocuité des vaccins à Santé Canada, à l’Or‐ ganisation mondiale de la santé et aux fabricants de vaccins.

La vérificatr­ice appelle à remédier à ces problèmes de longue date, en mettant en oeuvre un cadre pancanadie­n d’échange d’informatio­ns, car l’échange de données sur la santé est au coeur d’une sur‐ veillance efficace pour assurer la sécurité de la population canadienne.

Manque de rigueur

De son côté, le second rap‐ port intitulé Prestation­s spéci‐ fiques liées à la COVID-19 scrute en détail la gestion des prestation­s distribuée­s aux personnes ayant perdu leurs revenus en raison des restric‐ tions sanitaires de santé pu‐ blique.

Bien qu’elle salue l’efficaci‐ té des programmes d’urgence mis en place par l’Agence du revenu du Canada et Emploi et Développem­ent social Ca‐ nada, la vérificatr­ice soulève néanmoins un manque de ri‐ gueur concernant la récupéra‐ tion des sommes versées en trop.

L’Agence du revenu du Ca‐ nada et Emploi et Développe‐ ment social Canada doivent agir dès maintenant pour élargir leurs plans de vérifica‐ tion après paiement afin d’y inclure tous les bénéficiai­res identifiés comme à risque d’être non admissible­s aux prestation­s, peut-on lire.

Des 4,6 milliards de dollars versés à des personnes qui n’étaient pas admissible­s aux prestation­s, le rapport estime que les autorités devraient plutôt examiner de plus près des paiements totalisant au moins 27,4 milliards de dollars versés à des particulie­rs et à des employeurs.

À ce titre, Karen Hogan dé‐ plore des retards de vérifica‐ tion par le Ministère et l’Agence qui pourraient faire perdre des milliards dans les caisses de l’État, puisque la loi prescrit des délais – dans les 36 mois suivant la date du versement – pour vérifier l’ad‐ missibilit­é des bénéficiai­res.

De tels retards signifient que le Ministère et l’Agence devront surmonter des défis considérab­les pour terminer toutes les vérificati­ons dans les délais prescrits par la loi pour la plupart des pro‐ grammes de prestation­s des‐ tinés aux particulie­rs.

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