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Fred Pellerin nous fait voyager au coeur de la forêt

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Alors que la COP15, une rencontre internatio­nale pour parler de biodiversi­té, se tient à Montréal à partir du 7 décembre, Fred Pelle‐ rin a contribué à la protec‐ tion de la nature. Le conteur a acheté une terre de 60 hectares dans son vil‐ lage, Saint-Élie-de-Caxton. Il en a tiré une série docu‐ mentaire, Il était une forêt, dont il a parlé lors de son

passage à Tout le monde en parle.

Les quatre épisodes du documentai­re seront présen‐ tés sur ICI Tou.tv Extra à partir du 16 décembre et sur ICI Télé à compter du 14 janvier.

Si Fred Pellerin évite de parler de sa forêt, c’est qu’il ne pense pas qu’elle lui appar‐ tient. Je me suis invité chez elle. Ce n’est pas elle qui est chez nous, dit-il au début du premier épisode.

J’habite cette forêt depuis 2 ans et je me rends compte qu’il y a beaucoup de choses qu’on ne sait pas. On pense seulement à des arbres, mais en commençant à côtoyer des gens qui les connaissen­t, on se rend compte que c’est très riche.

Fred Pellerin

Il a aussi constaté qu’il existe une lenteur dans la fo‐ rêt et que c’est thérapeuti­que. On arrive dans un univers où il y a un incroyable équilibre, a-t-il répondu à une question de Guy A. Lepage.

Vivre avec la forêt

Fred Pellerin n’a pas acheté cette forêt pour l’exploiter et l’aborde avec humilité. Il y a fait quelques sentiers et uti‐ lise les arbres coupés pour faire du bois de chauffage.

D’ailleurs, il avoue qu’il y a trouvé une manière de bou‐ ger et de faire du sport.

Jusqu’à l’âge de 40 ans, je vivais dans des romans, dans des contes, puis dans des tounes. À la rencontre d’une forêt, je me suis découvert un corps, une scie mécanique, des bras.

Fred Pellerin

Évidemment, le conteur voit également une certaine poésie dans l’utilisatio­n de la scie mécanique par le bûche‐ ron qui s’occupe de l’entretien. C’est Julien Lampron. Il tra‐ vaille avec ses chevaux. Il n’a pas de tracteur, pas de cou‐ peuse, il fait tout ainsi. Quand il coupe les arbres, il y a une chorégraph­ie avec ses che‐ vaux. [...] C’est magnifique, on peut regarder ça des heures.

Apprendre à connaître la forêt

Dans cette série, le conteur partage sa découverte de la forêt, sa diversité et le fait que c’est aussi un garde-manger. Toutefois, il avoue qu’il serait bien incapable d’y survivre. Je me trouve au bas de la pyra‐ mide de la chaîne alimentair­e. Il y a l’écureuil et je suis en dessous. Je tiendrais 25 mi‐ nutes sans gourde d’eau, a-t-il affirmé en riant.

Mais Fred Pellerin vit dans la forêt et il l’observe. Je la vois changer, je vois les feuilles qui virent de bord, explique-t-il. Il a même installé une caméra et nourrit un chevreuil en hi‐ ver.

Le co-animateur de cette dernière émission de 2022, Boucar Diouf, a souligné que la nature aime la diversité. C’est ce qui en fait sa force.

On dit que la nature a vou‐ lu qu’on soit aussi différent les uns des autres que ne peuvent l’être les arbres d’une forêt. Si dans une forêt vous croisez 2 fois le même arbre, dites-vous que vous êtes per‐ du.

Boucar Diouf

D’ailleurs, Boucar Diouf pense que Fred Pellerin a es‐ sayé de sortir sa génétique de coureur des bois avec cette série. Les Québécois sont bien dans la forêt. Les franco‐ phones sont de rares indivi‐ dus qui ont des noms de fa‐ mille accotés avec toutes les parties d’un arbre : il y a les Racine, les Dutronc, les La‐ branche, les Bellefeuil­le, les Lafleur, et les [arbres] frui‐ tiers. Toutes les étapes y sont.

L’érablière au centre du dernier épisode

Il y a un lac, qui est au centre du premier épisode de la série, et une érablière dans la forêt. La saison des sucres est le thème du quatrième épisode. On y voit même une famille moldave nouvelle‐ ment arrivée au pays qui est initiée à la fabricatio­n du sirop d’érable.

On voulait faire découvrir la richesse qu’est le sucre de l’érable et qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde. On s’est dit qu’on pouvait être exotique dans les yeux de l’autre et s’enrichir d’un regard neuf sur [cette tradition], ex‐ plique Fred Pellerin.

Boucar Diouf raconte qu’il a aussi vécu la visite d’une érablière lors de son arrivée au Québec dans les années 90, mais il avait eu une expli‐ cation un peu différente de la tradition des sucres. J’avais écrit à mes parents qu’au printemps, les Québécois sont tellement écoeurés de l’hiver qu’ils essayent de bouf‐ fer les derniers bancs de neige en les mélangeant à du sirop d’érable.

Ils mangent des bines et se chauffent au gaz pour ne pas péter au frette.

Boucar Diouf

Le français, aussi une passion du conteur

Fred Pellerin est égale‐ ment devenu membre de l’ordre du Canada en juin der‐ nier. Le fier nationalis­te qu’il est n’y trouvait pas un pro‐ blème. J’accepte ça comme une reconnaiss­ance de mon travail. [...] Je l’ai reçu avec grande fierté.

Le conteur a aussi parlé de sa volonté de faire rayonner le français en proposant quelques pistes de solution pour la protéger.

Des spécialist­es pour en apprendre plus

Dans les quatre épisodes de la série, Fred Pellerin consulte des spécialist­es pour parler de la forêt, de ce qu’elle offre, de sa survie et de ce qu’elle représente : le biolo‐ giste Pierre Magnan, l’ethno‐ logue Isabelle Picard, le tech‐ nicien forestier Gilles Séguin, les artistes visuelles Ariane Plante et Annie Boulanger, les propriétai­res de Gourmet Sauvage Ariane Paré-Le Gal et Gérald Le Gal, le chef de l’au‐ berge Saint-Mathieu du Lac, Samy Benabed et l’historien René Beaudoin.

Écoutez l'entrevue de Fred Pellerin à Tout le monde en parle

La série Il était une forêt sera présentée sur ICI Tou.tv Extra à partir du 16 décembre et sur ICI Télé à compter du 14 janvier.

Tout le monde en parle, dimanche 20 h sur ICI Télé, de retour le 8 janvier 2023.

Complément­s :

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