La VG critique sévèrement la gestion de l’enseignement à distance au Québec
La vérificatrice générale du Québec, qui surveille la gestion des fonds publics et leur utilisation, a surtout épinglé deux mauvais élèves dans son rapport pu‐ blié mercredi : le ministère de l’Éducation, dont elle re‐ lève de nombreux man‐ quements dans la mise en place de l'enseignement à distance pendant la pandé‐ mie, et Hydro-Québec, pour une fiabilité de ser‐ vice « en baisse ».
La vérificatrice générale,
Guylaine Leclerc, a rendu pu‐ blic mercredi un rapport de plus de 200 pages à l'Assem‐ blée nationale et les manque‐ ments relevés sont légion.
Les recommandations pour améliorer la gestion pu‐ blique visent principalement le ministère de l’Éducation qui, selon ses observations, a failli à plusieurs égards dans la mise en oeuvre de l'enseigne‐ ment à distance quand les écoles ont fermé au prin‐ temps 2020.
La prestation des services éducatifs offerts aux élèves a été perturbée par la pandé‐ mie et a entraîné des retards d’apprentissage, met en corré‐ lation Mme Leclerc, en rappe‐ lant qu'avant mars 2020, près d'un quart de tous les élèves avaient déjà été diagnosti‐ qués handicapés, ou en diffi‐ culté d'adaptation ou d'ap‐ prentissage.
Autre bémol : le ministère de l'Éducation ne dispose pas d'études lui permettant pas d’avoir un portrait complet et actuel des retards d’apprentis‐ sage afin de mettre en place les mesures de rattrapage ap‐ propriées, selon le rapport.
Quant à la décision poli‐ tique de développer un pro‐ gramme de tutorat de 88 mil‐ lions de dollars, elle n’a pas été basée sur une analyse synthèse des retards d’ap‐ prentissage, pointe aussi l'au‐ dit.
La mauvaise gestion finan‐ cière concerne également l'en‐ tretien des bâtiments sco‐ laires, dont le piètre état s'est accentué. D'une part, les sommes allouées ne sont tou‐ jours pas toutes utilisées, éva‐ lue la vérificatrice générale. D'autre part, le ministère ne connaît pas l’inventaire des travaux de maintien des bâti‐ ments qui ont été réalisés pour comparer ce qui a été fait avec ce qui a été prévu.
Bogues logistiques
Dans la liste de toutes dé‐ faillances relevées, le MEQ n’a pas fourni de soutien techno‐
logique suffisant en temps opportun, mais a investi 42 millions de dollars dans des appareils de vidéoconfé‐ rence qui demeurent à ce jour peu utilisés par les CSS.
Selon les données dispo‐ nibles en juillet 2022, seule‐ ment 48 % de ces appareils avaient été installés.
Parmi les exemples cités, Mme Leclerc mentionne qu'en octobre 2021, (plus de 18 mois après le début de la pandémie), 10 CSS lui ont confirmé qu’ils n’avaient tou‐ jours pas le nombre d’ordina‐ teurs suffisant pour offrir l’en‐ seignement en ligne en cas de fermeture de l’ensemble de leurs écoles.
En outre, le ministère a tar‐ dé à émettre des directives claires sur les services éduca‐ tifs devant être offerts aux élèves du primaire et du se‐ condaire. Un mauvais enca‐ drement ministériel a contri‐ bué à une prestation de ser‐ vices très variable d'une école à l'autre, relève Guylaine Le‐ clerc.
Les échecs d'Hydro-Qué‐ bec
Dans son analyse, la vérifi‐ catrice générale a également relevé plusieurs lacunes concernant Hydro-Québec.
En 2021, les pannes dues aux équipements défaillants ont touché environ deux mil‐ lions de clients. La fiabilité du service de distribution d’élec‐ tricité d’Hydro-Québec pré‐ sente une baisse marquée, son plan de réduction des pannes n’a été que partielle‐ ment mis en oeuvre, observe le rapport, signalant que seulement un quart des tra‐ vaux prévus pour 2021 a été réalisé.
De plus, l'équipe de vérifi‐ cateurs a remarqué que la so‐ ciété d'État n'était pas outillée pour faire face au vieillisse‐ ment de ses actifs, alors que les équipements à remplacer continueront à se multiplier dans les prochaines années.
Même si des initiatives sont en cours, Hydro-Québec n'a pas établi de plan structu‐ ré pour y faire face. Dans les faits, le nombre de poteaux électriques à remplacer an‐ nuellement passera d’environ 7000 à 30 000 d’ici 2035, et plus de 30 % des transforma‐ teurs aériens auront dépassé leur durée de vie d’ici 2028.
Hydro-Québec ne détient pas, non plus, de données complètes sur son réseau de distribution. L'âge de certains équipements reste flou, ab‐ sent du système informatique ou erroné, ce qui complique la maintenance préventive.
Dans ses recommanda‐ tions, la vérificatrice générale suggère notamment d'établir des objectifs étayés d’amélio‐ ration de la fiabilité du réseau de distribution et mettre en oeuvre les mesures appro‐ priées pour les atteindre.