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Ottawa veut accélérer l’approbatio­n de projets miniers liés aux minéraux critiques

- Christian Noël

Alors que le monde envi‐ ronnementa­l est réuni à Montréal pour la COP15 sur la biodiversi­té, le Canada cherche à réduire la bu‐ reaucratie dans son sec‐ teur minier.

La nouvelle Stratégie sur les minéraux critiques, dont Radio-Canada a obtenu copie, doit être dévoilée vendredi à Vancouver par le ministre des Ressources naturelles, Jona‐ than Wilkinson.

Le gouverneme­nt Trudeau souhaite accélérer le dévelop‐ pement de projets respon‐ sables dans le secteur des mi‐ néraux critiques, peut-on lire dans le document, afin d’atti‐ rer davantage d’investisse­urs dans un marché d’avenir.

Le principal problème qu’on essaie de résoudre, ce sont les délais qui ralentisse­nt les projets miniers, indique une source gouverneme­ntale haut placée.

Il peut s’écouler de 5 à 25 ans entre la découverte d’un gisement et le début de l’opération d’une mine, pour‐ suit-elle.

Ottawa veut réduire ces délais, mais n’a pas encore d’objectifs en tête sur une cible acceptable.

Il faut accélérer tout le pro‐ cessus, si on veut que le Cana‐ da soit concurrent­iel dans un secteur d’avenir, ajoute une source gouverneme­ntale.

Il n’est pas question d’as‐ souplir les règles environne‐ mentales, ajoute cette source, mais plutôt de réduire la bu‐ reaucratie, tout en proté‐ geant l’environnem­ent et en respectant les peuples au‐ tochtones.

Ottawa souhaite notam‐ ment s’entendre avec les pro‐ vinces et les territoire­s afin de mieux harmoniser les études d’impact environnem­ental. Le fédéral veut également simpli‐ fier le processus d’obtention de permis à tous les ordres de gouverneme­nt.

Une annonce qui réjouit Guy Laliberté, chef de la direc‐ tion au Québec de la minière australien­ne Sayona, qui ex‐ ploite une mine de lithium à La Corne, en Abitibi.

Ça nous prend 29 permis différents avant de pouvoir ouvrir notre mine, confie-t-il. Le gouverneme­nt veut aller vers l'innovation, poursuit M. Laliberté. Il veut nous aider à développer les projets le plus rapidement possible.

Des piliers de l’écono‐ mie du 21e siècle

La demande mondiale de minéraux critiques monte en flèche, parce qu’ils sont essen‐ tiels à la fabricatio­n de batte‐ ries pour les voitures élec‐ triques et les appareils élec‐ troniques, de même qu'à la constructi­on de panneaux so‐ laires et d’éoliennes.

Les minéraux critiques, comme le cobalt, le graphite et le lithium, sont des piliers importants de l’économie du 21e siècle.

Or, en ce moment, la Chine contrôle 80 % du raffinage de minéraux critiques et 77 % de la capacité de fabricatio­n de cellules de batteries pour vé‐ hicules électrique­s. Le minerai est surtout extrait en Austra‐ lie et en Amérique du Sud.

Le sol canadien regorge aussi de plusieurs de ces mi‐ néraux. Mais le Canada a pris beaucoup de retard dans l’ex‐ ploration, l’exploitati­on et la transforma­tion.

La Stratégie canadienne sur les minéraux critiques dé‐ taille donc les actions à prendre au Canada, dans le but de devenir un chef de file dans le domaine, et d’offrir une solution de rechange aux investisse­urs européens et américains qui cherchent des sources fiables d’approvisio­n‐ nement.

C’est l’occasion d’une géné‐ ration qu’il ne faut pas rater, précise le ministre des Res‐ sources naturelles, Jonathan Wilkinson, dans le préambule de la Stratégie.

Il y a des endroits comme la Chine et la Russie, pour‐ voyeurs de ces minéraux, qui

sont de moins en moins fiables. Il y a une opportunit­é pour le Canada de fournir les ressources dont nous avons tous besoin dans la transition vers un monde carboneutr­e, disait le premier ministre Tru‐ deau en marge de la COP15 à Montréal mardi.

La Stratégie sur les miné‐ raux critiques d’Ottawa s’ap‐ puie sur des investisse­ments de 4 milliards de dollars. Le Canada espère en tirer des bénéfices économique­s à long terme.

Par exemple, une chaîne d’approvisio­nnement en bat‐ teries au Canada aurait le po‐ tentiel de générer des retom‐ bées directes pouvant aller jusqu’à 24 milliards de dollars, d’ici 2030, et de soutenir la création de 80 000 emplois.

En tenant compte des sec‐ teurs connexes, les retom‐ bées indirectes pourraient at‐ teindre 59 milliards de dollars et toucher 333 000 emplois, peut-on lire dans le docu‐ ment.

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