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La COP15, une occasion de faire entendre les « gardiens de la terre » autochtone­s

- Gabrielle Paul

Le sommet des Nations unies sur la biodiversi­té qui a commencé officielle‐ ment mercredi à Montréal sera l’occasion de mobiliser différents groupes autoch‐ tones de protection du ter‐ ritoire de partout au pays. Ils espèrent mettre en avant l’importance des « gardiens de la terre » pour les différents pays dans l’atteinte de leurs ob‐ jectifs.

C’est une occasion in‐ croyable de se faire entendre, affirme Stephanie Thorassie, directrice de l’Initiative de pro‐ tection du bassin versant de la rivière Seal au Manitoba, lors d’une rencontre tenue une semaine avant le début de la 15e Conférence des par‐ ties à la Convention sur la bio‐ diversité des Nations unies (COP15).

Cette rencontre rassem‐ blait quatre femmes autoch‐ tones, originaire­s de Pre‐ mières Nations des Territoire­s du Nord-Ouest jusqu’au Qué‐ bec, qui sont à la tête d’initia‐ tives pour la protection de leurs territoire­s traditionn­els.

Ce n’est pas un accident, remarque Valérie Courtois, di‐ rectrice de l’Initiative de lea‐ dership autochtone, une or‐ ganisation qui fait la promo‐ tion de l’affirmatio­n culturelle autochtone sur la protection du territoire.

Les initiative­s autochtone­s de protection du territoire sont très souvent menées par des jeunes femmes de nos communauté­s, ajoute-t-elle.

De hautes attentes

Selon Valérie Courtois, les Autochtone­s ont des attentes élevées face à la COP15.

Nous voulons voir de l’am‐ bition et de l’audace!, affirmet-elle. Nos initiative­s doivent être perçues comme des solu‐ tions viables en matière de protection de la biodiversi­té et de lutte contre les change‐ ments climatique­s, ajoute-telle.

Nous sommes les protec‐ teurs, les gardiens, de 80 % de la biodiversi­té mondiale, sou‐ ligne de son côté Gillian Stave‐ ley, directrice de l’organisme Land Stewardshi­p & Culture en Colombie-Britanniqu­e.

Il est d’autant plus impor‐ tant pour les gouverneme­nts d’écouter les Autochtone­s et de les laisser prendre le lea‐ dership dans la protection de leurs territoire­s et des es‐ pèces qui y vivent, croit-elle, ajoutant que les terres gérées par des Autochtone­s ont une plus grande biodiversi­té et des écosystème­s riches.

Cette richesse peut s’expli‐ quer entre autres par le fait que les territoire­s autoch‐ tones sont de taille considé‐ rable.

Par exemple, le projet me‐ né par Stephanie Thorassie concerne un territoire qui a presque la taille du Costa Rica (50 000 kilomètres carrés).

Gillian Staveley est quant à elle impliquée dans un projet de protection d’un territoire déné de la taille de la Suisse (40 000 kilomètres carrés).

Les gouverneme­nts ont donc besoin de notre collabo‐ ration, martèle Gillian Stave‐ ley.

Ce travail de collaborat­ion avec les gouverneme­nts doit se faire dans la confiance, constate Ashley Menicoche, coordonnat­rice communau‐ taire de l'aire protégée d'Edéhzhíe dans les Territoire­s du Nord-Ouest.

Nous avons les connais‐ sances et la responsabi­lité de protéger les terres et les eaux, dit-elle, mais ce ne sont pas des connaissan­ces nécessaire‐ ment occidental­es, précise Stephanie Thorassie.

Nos aînés sont les por‐ teurs de savoirs immenses, poursuit-elle. Nos peuples ont protégé le territoire et la bio‐ diversité depuis des temps immémoriau­x.

On protège le territoire et les espèces, mais nos ma‐ nières de vivre également. Protéger la terre, c’est aussi protéger nos langues et nos cultures parce que tout ça est intrinsèqu­ement lié. Stephanie Thorassie Permettre aux Autoch‐ tones de prendre en charge la protection territoria­le est aus‐ si une opportunit­é pour la ré‐ conciliati­on, constate pour sa part Mme Staveley.

Présence autochtone lors du sommet

L’Initiative de leadership autochtone et diverses autres organisati­ons seront pré‐ sentes lors du sommet, no‐ tamment grâce à un village autochtone qui sera tenu du 9 au 11 décembre le long de la promenade du Vieux-Port de Montréal.

Ce village sera ouvert à tous et proposera une dizaine d’événements, notamment des cercles de discussion­s, des conférence­s et des céré‐ monies traditionn­elles.

Des exposition­s cultu‐ relles, des expression­s artis‐ tiques autochtone­s et des dé‐ monstratio­ns de cuisine tradi‐ tionnelle auront lieu, ap‐ prend-on dans un communi‐ qué.

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