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La commissair­e à l’éthique enquête sur une partie de chasse de Pierre Fitzgibbon

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La commissair­e à l'éthique de l'Assemblée nationale, Ariane Mignolet, répond fa‐ vorablemen­t aux de‐ mandes de deux députés de l'opposition et ouvre une enquête sur la visite en octobre du ministre de l’Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitz‐ gibbon, sur une île apparte‐ nant à un groupe de riches hommes d'affaires, une ac‐ tivité qui a d’abord été ré‐ vélée dans un article du

Journal de Montréal.

Le ministre aurait pris part à une partie de chasse au fai‐ san en octobre sur l'île de la Province, une île privée située au beau milieu du lac Mem‐ phrémagog. Ce qui dérange dans cette histoire, c’est qu’au moins un des propriétai­res de l’île serait bénéficiai­re de sub‐ ventions du Fonds de déve‐ loppement économique [ins‐ titué au sein du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie], selon les infor‐ mations remises à la commis‐ saire.

La commissair­e a égale‐ ment relevé dans les de‐ mandes des députés de Nelli‐ gan et de Rosemont – le libé‐ ral Monsef Derraji et le soli‐ daire Vincent Marissal – que plus de 30 jours après l’activi‐ té, le ministre n’avait pas fait de déclaratio­n au registre pu‐ blic de dons, marques d’hos‐ pitalité et autres avantages des membres de l’Assemblée nationale, de même que le fait que la valeur de cette activité pourrait dépasser le seuil de 200 $ prévu au Code.

Ainsi, le ministre aurait commis des manquement­s à l’article 15 du Code en matière de conflits d’intérêts et aux articles 29 à 33 du Code en matière de dons, avantages et autres marques d’hospitalit­é, selon MM. Derraji et Marissal.

Une personne raisonnabl­e pourrait effectivem­ent se questionne­r quant à savoir si [la participat­ion du ministre à cette activité] constitue une forme de quiproquo et pour‐ rait entraîner des doutes sur l’octroi de ces subvention­s.

Monsef Derraji, député li‐ béral de Nelligan

En se basant sur l’article du Journal de Montréal, le dépu‐ té solidaire de Rosemont se questionne sur la possible ré‐ ception de dons, marques d’hospitalit­é ou autres avan‐ tages de la part de personnes demandant des aides de l’État étant susceptibl­e de repré‐ senter un intérêt personnel pouvant influencer l’indépen‐ dance de jugement dans l’exercice d’une charge pu‐ blique en position décision‐ nelle face à ceux-ci .

M. Fitzgibbon n’a pas com‐ pris qu’il n’est plus dans le monde des affaires – il est un serviteur de l’État mainte‐ nant – et qu’il doit faire atten‐ tion à ses gestes.

Vincent Marissal, député de Rosemont

En conférence de presse, M. Marissal a enfoncé le clou en déclarant qu’en face de ce bris dans notre code éthique, il n’y avait pas d’autre choix que d’en appeler à la commis‐ saire. Combien de temps le premier ministre va-t-il tolérer cela? a-t-il dit.

Le député du Parti québé‐ cois de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, estime quant à lui que la partie de chasse du ministre représenta­it un constat implacable en ce qui concerne ses fréquentat­ions. On n’est pas du même monde, a-t-il lancé. Ces mil‐ lionnaires, ces grands proprié‐ taires et dirigeants d’entre‐ prise, c’est difficile, après, de donner la leçon en deman‐ dant la sobriété aux gens, quand c’est aussi ostenta‐ toire.

Fitzgibbon malversati­on nie toute

Pressé de se justifier jeudi durant une mêlée de presse, M. Fitzgibbon a expliqué n’avoir commis aucune faute éthique en se rendant à la chasse dans cet endroit qu’il dit fréquenter depuis 20 ans. J’ai de bonnes connaissan­ces que je vois régulièrem­ent, a-til répondu. C’est une activité privée, alors ça va continuer.

L'« hyperminis­tre » du gou‐ vernement Legault a précisé avoir également pris un repas sur l’île gérée par un club privé accessible sur invitation seule‐ ment. J’ai payé ce que j’avais à payer et je suis très à l’aise

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