L’art autochtone et les femmes à l’honneur au MBAM
Une signataire du Refus global, une sculptrice sudaméricaine, une artiste d’installation indienne, ainsi que l’héritage de femmes nord-américaines dans l'univers du design se‐ ront célébrées au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) en 2023 et 2024. Une importante exposition sur l’art colombien d’inspi‐ ration autochtone figure également au programme.
Vingt ans après avoir été l’objet d’une rétrospective au MBAM, Françoise Sullivan y tiendra la vedette du 31 oc‐ tobre au 18 février 2024, à l’oc‐ casion d’une exposition pré‐ sentant ses plus récentes toiles. L’artiste multidiscipli‐ naire montréalaise, qui fêtera son 100e anniversaire de nais‐ sance en juin prochain, y ex‐ plore les thèmes du mouve‐ ment et de la lumière.
Françoise Sullivan a mar‐ qué l’histoire de l’art contem‐ porain au Québec en signant le manifeste du Refus global en 1948, un document rédigé par le peintre avant-gardiste Paul-Émile Borduas qui reven‐ diquait une rupture avec les élites artistiques et sociales de la Grande Noirceur.
L’influence du pop art
Dès le 7 octobre, le MBAM dévoilera en première mon‐ diale une exposition itiné‐ rante consacrée à la sculptrice américano-vénézuélienne María Sol Escobar, surnom‐ mée Marisol. L’artiste décédée en 2013, qui évoluait dans le cercle d’Andy Warhol à New York durant les années 1960, est reconnue pour ses figures totémiques en bois se mo‐ quant ironiquement des codes de la féminité.
L’esprit d’Andy Warhol sera à nouveau évoqué grâce à l’exposition Le pop art dans la collection du MBAM, qui sera lancée le 31 août prochain. Composée d’installations, de tableaux, de dessins et d’es‐ tampes, elle mettra notam‐ ment de l’avant plusieurs ar‐ tistes canadiens qui se reven‐ diquent de ce mouvement iconoclaste, dont Pierre Ayot, Edmund Alleyn et Joyce Wie‐ land.
Faire rayonner les voix marginalisées
Le Musée des beaux-arts de Montréal a redoublé d’ef‐ forts cette année afin de don‐ ner une vitrine à des créa‐ trices de divers horizons dont l'oeuvre a été généralement négligée par les grandes insti‐ tutions muséales dans le pas‐ sé.
Mettant à l'honneur des artistes femmes et autoch‐ tones qui abordent certaines des grandes préoccupations
de notre temps, cette pro‐ grammation témoigne de notre volonté d'écrire une his‐ toire de l'art plus juste et mul‐ tidimensionnelle, a souligné par voie de communiqué la conservatrice en chef du MBAM, Mary-Dailey Desma‐ rais.
À ce titre, Parall(elles) : une autre histoire du design présentera du 18 février au 28 mai une vaste sélection d'oeuvres et d'objets fabri‐ quées par des artisanes cana‐ diennes et américaines au cours des 150 dernières an‐ nées.
L'univers au creux des mains : pensées et splen‐ deurs de la Colombie autoch‐ tone conviera également le public à un voyage dans le temps, entre le 3 juin et le 1er octobre. Quelque 400 oeuvres colombiennes conçues au cours des 3500 dernières an‐ nées seront exposées et ac‐ compagnées d’une trame so‐ nore intégrant des ocarinas, un instrument à vent ancien.
Il ne s’agit pas de simples objets, affirme le MBAM, mais de vecteurs de la mémoire et des énergies des savoirs an‐ cestraux qui nous amènent entre autres à réfléchir à l’in‐ terdépendance entre notre planète et tous les êtres qui l’habitent.
Enfin, du 23 mars au 20 août, Nalini Malani bénéficie‐ ra d’une première exposition individuelle canadienne, inti‐ tulée Par-delà les frontières. L’artiste indienne, qui depuis cinq décennies s'attache à faire entendre l'histoire des personnes marginalisées, in‐ vite le public à interpréter ses oeuvres grand format et ses installations comme un cer‐ veau plein d’agitation et d’idées.
Une vidéo créée par Nalini Malani sera par ailleurs proje‐ tée sur la façade du pavillon Michal et Renata Hornstein du MBAM, du 25 février au 20 août. Cette projection per‐ mettra à ceux et celles qui n'en ont pas encore eu l'occa‐ sion de découvrir la nouvelle Toile numérique du musée, qui a été inaugurée en juin dernier.