Le tramway, grand perdant de l’exercice budgétaire
Le maire de Québec fait adopter son budget et ses plans d'investissement en s'aliénant son principal al‐ lié au projet.
Le projet de tramway s'est retrouvé bien malgré lui au centre d'une joute politique au cours de la dernière se‐ maine.
Après avoir menacé de vo‐ ter contre le plan d'investisse‐ ment du tramway, Québec d'abord s'est finalement rallié au maire. Ce faisant, l'opposi‐ tion officielle a donné l'im‐ pression de ne pas s'être tenu debout après avoir tant dé‐ crié la situation dans les mé‐ dias.
Le chef, Claude Villeneuve, a plutôt jugé qu'il ne fallait pas prendre le dossier du tramway en otage dans les circonstances et le contexte actuel. Son parti est ressorti amoché de l'exercice budgé‐ taire.
Les coûts actualisés à ve‐ nir, les délais probables et le financement fédéral qui tardent n'annoncent rien de bon pour la suite des choses. L'opposition officielle plaide qu'elle a su se montrer soli‐ daire envers le projet d'abord et avant tout. C'est tout ce dont avait besoin le maire Bruno Marchand pour faire adopter le plan d'infrastruc‐ ture du tramway à la majorité.
Le maire de Québec n'a pas voulu se montrer triom‐ phant devant cette petite vic‐ toire. Il a accordé le crédit à tous les élus pour l'adoption des différents programmes budgétaires comme s'il n'avait besoin d'aucun d'entre eux et de tous à la fois. Bien que minoritaire, le maire agit comme s'il était majoritaire à l'hôtel de ville.
Allié
Il y a peut-être un prix à payer pour le maire à vouloir collaborer avec tous les élus. Québec d'abord affirme main‐ tenant qu'il ne donnera plus un appui indéfectible au pro‐ jet de tramway. Le parti pro‐ met d'être critique chaque fois que cela sera nécessaire. Il n'hésitera pas à remettre en doute certaines décisions.
Si le maire de Québec perd son allié naturel, il perd aussi son poids politique pour plai‐ der en faveur du projet adve‐ nant d'autres difficultés. Il de‐ vra être convaincant auprès de la population dont l'appui n'a pas bougé depuis un an. Il devra aussi se montrer convaincant auprès de son principal bailleur de fonds.
Bruno Marchand ne pour‐ ra jamais compter sur Équipe priorités Québec ou encore sur les conseillers indépen‐ dants.
Anomalie
Il demeure curieux de voir un antitram siéger au comité exécutif. Le conseiller indé‐ pendant, Jean-François Gosse‐ lin, a répété lors de l'adoption du budget que rien n'a chan‐ gé pour lui dans le dossier du tramway. Je ne peux pas l'ap‐ puyer surtout avec toute l'in‐ certitude et les explosions de coûts qui entourent ce projet, a-t-il dit pour justifier sa posi‐ tion.
Le maire de Québec a vou‐ lu permettre à son membre associé de voter en son âme et conscience. Reste qu'il aura besoin de tous les appuis pos‐ sibles dans les semaines à ve‐ nir. Bruno Marchand de‐ meure persuadé que tout va se dérouler comme prévu pour le tramway alors que tous les indicateurs semblent dire le contraire.
Et ce n'est pas Jean-Fran‐ çois Gosselin qui se transfor‐ mera en ambassadeur pour le projet le moment venu, bien au contraire.