Loi sur les langues officielles… étirer l’élastique jusqu’au bout
Lundi, les Néo-Brunswi‐ ckois sauront enfin à quoi aura mené la révision de la Loi sur les langues offi‐ cielles. Le premier ministre Blaine Higgs, qui avait pro‐ mis un projet de loi sur les langues officielles à l’au‐ tomne, aura attendu jus‐ qu’à la dernière minute pour livrer la marchandise.
À quoi doit-on s’attendre dans cette Loi sur les langues officielles révisée? À peu de choses, vraiment. Cela fait des mois, voire des années, que le premier ministre – de façon souvent peu subtile – dit aux gens de revoir leurs attentes à la baisse.
La stratégie a été particu‐ lièrement visible cet automne. Pendant des semaines, le gouvernement a donné l’im‐ pression qu’il était prêt à reve‐ nir sur des acquis chèrement gagnés par les francophones.
Voici, en rafale, quelques exemples :
Blaine Higgs a remis en question la pertinence d’avoir un bureau du Commissaire aux langues officielles, un bu‐ reau « négatif », à son avis;
le gouvernement a envisa‐ gé de privatiser et fusionner les services d’autobus sco‐ laires en un grand réseau bi‐ lingue – et même de faire voyager les élèves dans les autobus publics des grandes villes;
le premier ministre a nom‐ mé Kris Austin – son nouveau ministre issu d’un parti poli‐ tique peu sympathique à la cause francophone – au comi‐ té de députés chargés de révi‐ ser la loi;
le ministre de la Santé Bruce Fitch s'interroge ouver‐ tement sur la nécessité d’avoir deux conseils d’admi‐ nistration distincts pour gérer les réseaux de la santé.
C’est dans ce climat de mé‐ fiance que le ministre acadien le plus influent dans ce gou‐ vernement, Daniel Allain, a
senti le besoin d’écrire une lettre à son chef pour établir –
clairement – ses limites sur les questions linguistiques.
Le geste est inédit : les communications entre un mi‐ nistre et son chef sont rare‐ ment aussi formelles. Il est clair que par ce geste, le mi‐ nistre Allain voulait aussi (et d’abord?) rassurer la popula‐ tion francophone sur les va‐ leurs qui l’animent.
C’est donc lundi qu’on sau‐ ra quelle empreinte Blaine Higgs laissera sur la Loi sur les langues officielles. Beaucoup de gens retiennent leur souffle pour voir quelle sera la nouvelle mouture de la loi.
D’une façon ou d’une autre, le premier ministre a réussi à maintenir les attentes à leur plus bas niveau. Tout ce qui ne constituera pas un re‐ cul pourra être célébré comme une victoire. C’est pro‐ bablement là où Blaine Higgs aura le mieux réussi son jeu.