Steven Guilbeault protégera les monarques près de l’aéroport international P-E. Trudeau
Le ministre fédéral de l'En‐ vironnement Steven Guil‐ beault a déclaré vendredi qu'il disposera bientôt « des leviers nécessaires » pour protéger le Champ des papillons monarques, niché au coeur d'un oasis de 215 hectares au nord de l'aéroport international Pierre-Elliot-Trudeau de Montréal.
En conférence de presse vendredi à l'occasion de la COP15 sur la biodiversité, le ministre a été questionné au sujet de la protection de ces terrains riches en biodiversité.
C'est mon intention de le faire, a-t-il affirmé, après avoir expliqué que des consulta‐ tions, entamées par Ottawa il y a quelques semaines, al‐ laient mener à l'inscription du monarque sur la liste des es‐ pèces en péril du gouverne‐ ment canadien.
Le papillon monarque a ré‐ cemment été inscrit sur la liste rouge des espèces en danger de l'Union internatio‐ nale pour la conservation de la nature (UICN), a de plus précisé Steven Guilbeault.
Donc, j'aurai des leviers supplémentaires pour proté‐ ger le monarque et son habi‐ tat au cours des prochains mois, a affirmé M. Guilbeault.
Cette déclaration du mi‐ nistre fédéral tombe à point nommé. Plus tôt vendredi, des représentants de diverses instances municipales, les dé‐ putés provincial et fédéral Marwah Rizky et Alexandre Boulerice, ainsi que des groupes environnementaux s'étaient réunis pour dénon‐ cer le refus du gouvernement canadien de mettre cet im‐ portant écosystème à l'abri de tout développement.
C'est qu'en réponse à une pétition lancée pour la protec‐ tion de ces terrains, le mi‐ nistre des Transports Omar Alghabra avait répondu qu'Ottawa ne pouvait interve‐ nir en raison d'un bail de loca‐ tion conclu avec Aéroports de Montréal.
Pour Alan DeSousa, maire de l'arrondissement SaintLaurent, il est rare qu'un dos‐ sier fasse l'objet d'une telle unanimité : Tout le milieu mu‐ nicipal est réuni pour récla‐ mer d'une voix que les ter‐ rains qui sont en arrière de l'aéroport [dans les arrondis‐ sements] Saint-Laurent et Dorval soient protégés.
Vingt-cinq municipalités de la grande région métropoli‐ taine ont adopté des résolu‐ tions pressant le fédéral d'agir, a cité M. DeSousa, et le Conseil de bande de Kahna‐ wake va également dans ce sens.
M. DeSousa a de plus affir‐ mé que le locataire du terrain n'a pas géré ça de façon res‐ ponsable, on a vu des coupes de plantes d'asclépiade. Il fai‐ sait ainsi référence aux alléga‐ tions voulant qu'Aéroports de Montréal (ADM) ait tondu et détruit près de 4000 plants d’asclépiades, l'été dernier. Cette plante sert de lieu de re‐ production du monarque, dont les populations dé‐ clinent dans certaines régions. L’institution s'est défendue d'avoir perpétré ces gestes.
Les milieux humides du Technoparc et les terres fédé‐ rales adjacentes s'étendent sur une superficie de 215 hec‐ tares, dont 155 appartiennent au fédéral, 27 appartiennent à la Ville de Montréal et le reste est à des promoteurs.
Ce sont des oasis qui n'existent presque plus, a fait valoir Alejandra Zaga Mendez, députée de Québec solidaire dans Verdun. Lorsqu'on perd un milieu aussi riche en biodi‐ versité, qui est au coeur de la reproduction et de l'habitat du monarque, on est en train de sacrifier notre nature et notre vie.
Mercredi dernier, dans le cadre de l'émission Le 15-18 sur ICI Première, la vice-prési‐ dente du comité exécutif de la Ville de Montréal, Caroline Bourgeois, a déclaré que l'ad‐ ministration montréalaise s'attend à ce que ces zones de grande valeur écologique soient protégées.
Mme Bourgeois a rappelé que Montréal s'est doté d'un plan d'action sur cinq ans pour une meilleure protection des pollinisateurs.
À l'été 2021, le gouverne‐ ment de Justin Trudeau avait annoncé un investissement
de 130 millions de dollars pour créer, de concert avec des partenaires, un réseau de parcs urbains nationaux. Dans son annonce, Ottawa avait rappelé que près de 72 % des Canadiens vivent dans des centres urbains, où l'accès aux bienfaits de la na‐ ture et de la faune peut être li‐ mité.