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Stratégie fédérale sur les minéraux critiques : les minières du Nord soulagées

- Chris St-Pierre

Plusieurs minières du Nord de l’Ontario poussent un soupir de soulagemen­t en réaction au dévoilemen­t de la nouvelle stratégie fé‐ dérale sur les minéraux cri‐ tiques.

Alors que le ministre des Ressources naturelles, Jona‐ than Wilkinson, en faisait l’an‐ nonce en Colombie-Britan‐ nique, un groupe de députés s’est rendu dans le Grand Sud‐ bury pour parler de son im‐ pact sur le Nord de l’Ontario.

La stratégie a pour princi‐ pal objectif d’accélérer le déve‐ loppement de projets respon‐ sables dans le secteur en dé‐ veloppemen­t des minéraux critiques.

De voir l’alignement des in‐ térêts au niveau fédéral et la reconnaiss­ance de l’impor‐ tance de notre industrie, c’est agréable, affirme le vice-pré‐ sident des opérations de la minière Glencore dans le Grand Sudbury, Peter Xavier.

Je crois que le gouverne‐ ment est sur la bonne voie en matière de sa stratégie sur les minéraux critiques, ajoute Don Bubar, le PDG d’Avalon Advanced Materials, qui pos‐ sède un gisement de lithium à Kenora, dans le Nord-Ouest de la province.

Hugues Jacquemin, le PDG de Northern Graphite, une entreprise d’exploratio­n mi‐ nière avec deux projets éta‐ blis en Ontario, accueille favo‐ rablement la stratégie.

Nous espérons qu’elle amènera du meilleur finance‐ ment pour nos projets cana‐ diens, qui sont essentiels à la création d’une chaîne d’appro‐ visionneme­nt canadienne de graphite pour l’industrie des batteries à ion, dit-il.

Comme annoncé dans le plus récent budget fédéral, 3,8 milliards de dollars en fi‐ nancement seront dispo‐ nibles dans le cadre de la stra‐ tégie.

Demeurer en tête

Six minéraux critiques et les projets associés à ceux-ci, dont le nickel et le cuivre, qui sont prédominan­ts dans le Nord de l’Ontario, seront par‐ ticulièrem­ent ciblés par la nouvelle stratégie en raison de leur grande demande sur le marché internatio­nal, no‐ tamment dans l’industrie au‐ tomobile.

On n’a pas assez de miné‐ raux qui sortent de la terre présenteme­nt pour répondre à la demande, estime le dépu‐ té fédéral de Nickel Belt, Marc Serré. Si la demande aug‐ mente encore plus, puis que l’offre de minéraux critiques n’est pas là, les prix vont aug‐ menter.

Pour assurer le lancement dans un délai raisonnabl­e de nouvelles mines, Ottawa sou‐ haite miser sur la participa‐ tion hâtive des communauté­s autochtone­s aux projets, un processus amélioré d’obten‐ tion d’un permis, les leçons apprises d’autres pays et l’har‐ monisation des études d’im‐ pact environnem­ental des gouverneme­nts fédéral et provincial.

Si nous ne faisons pas ça, le Canada se retrouvera avec une mauvaise réputation en tant que pays qui ne peut rien accomplir.

Don Bubar, PDG d’Avalon Advanced Materials

[Les gouverneme­nts] ont besoin d’assouplir certains rè‐ glements qui allongent le pro‐ cessus visant à obtenir le feu vert pour entamer le dévelop‐ pement d’une nouvelle mine, explique M. Bubar.

Ces commentair­es font échos aux propos du direc‐ teur du Centre for Smart Mi‐ ning du collège Cambrian, Ste‐ phen Gravel.

Il y a une limite au mon‐ tant de temps durant lequel nous serons deuxièmes au monde [dans l’industrie]. Des stratégies comme celle-ci nous permettent de demeu‐ rer en tête.

Des retombées possibles dans le Nord

La Stratégie canadienne sur les minéraux critiques dé‐ taille les actions à prendre dans le but de devenir un chef de file dans le domaine et d’offrir une solution de re‐ change aux investisse­urs in‐ ternationa­ux qui cherchent des sources fiables d’approvi‐ sionnement.

Elle s’appuie sur des inves‐ tissements de quatre milliards de dollars. Le Canada espère en tirer des bénéfices écono‐ miques à long terme, tout comme le Grand Sudbury.

La Ville compte sur une éventuelle diversific­ation des activités pour maximiser les retombées.

C’est bien beau d’avoir ce qu’on fait depuis longtemps, mais l’exploratio­n, l’extraction et le raffinage, c’est de la va‐ leur ajoutée, constate le maire Paul Lefebvre. Je crois qu’on a beaucoup de potentiel.

Par exemple, une chaîne d’approvisio­nnement en bat‐ teries au Canada aurait le po‐ tentiel de générer des retom‐ bées directes pouvant aller jusqu’à 24 milliards de dollars d’ici 2030, et de soutenir la création de 80 000 emplois.

En tenant compte des sec‐ teurs connexes, les retom‐ bées indirectes de la stratégie pourraient atteindre 59 mil‐ liards de dollars et toucher 333 000 emplois.

Pour éviter de manquer le bateau, M. Lefebvre dit vou‐ loir attaquer les défis en ma‐ tière d’infrastruc­ture, notam‐ ment en lien avec le traite‐ ment de minéraux critiques.

Il faut s’assurer que les municipali­tés, les entreprise­s privées et les institutio­ns se mettent ensemble pour accé‐ der aux fonds d’innovation et d’infrastruc­ture, indique Marc Serré.

Le Nord de l’Ontario est bien placé pour développer ça. On a déjà les mines et on a déjà le produit. On a besoin de passer à la prochaine étape.

Avec les informatio­ns d’Aya Dufour

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